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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier

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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier

Message  Babanek 28/02/17, 01:41 am

Soshi-sama, vous trouverez dans ces lignes le récit complet de mes missions en tant que Yoriki Impérial. Bien que cette pratique soit pour certains considérée comme une trahison, nous savons tous deux qu’en enrichissant le savoir et l’information du clan du Scorpion, elle sert la seule et unique fin de la protection de l’Empire et de son Fils du Ciel.
La nomination par Doji Satsume-sama, au rang de Yoriki Impérial m’a empli de joie et de fierté. C’est avec le plus grand soin et la plus grande circonspection que je m’acquitterai de cette tâche sacrée, faisant honneur à mon nom, mon clan et mes ancêtres devant le Champion et l’Empereur.

Après un bref voyage sans autre intérêt que le dépaysement, je fis mon entrée à Sunda Mizu Mura, dit le « Village de l’Eau Pure ».Troisième plus grande ville de l’Empire, le Village est en réalité un grand port cosmopolite et animé au climat chaud et chargé d’iode. Bien que proche du Mur des Bâtisseurs et faisant partie des terres Hida du clan du Crabe, on ressentait clairement l’influence des Grues et l’âme commerçante inhérente à tout port. J’appris que le Village de l’Eau pure devait son nom à la présence à proximité de sources d’eau au goût exquis, permettant de produire le meilleur saké de l’Empire.
Je me présentai à la Maison de la Magistrature, imposante bâtisse dont le premier étage était de pierre, afin de rencontrer Doji Yamato-sama, le Magistrat d’Emeraude du Village de l’Eau Pure. Un vieux serviteur me fit patienter dans une grande salle d’attente, occupée par une dizaine d’autres samuraïs, également recrutés par le Champion d’Emeraude. Puis il nous appela par nos noms et prénoms, nous fit conduire à nos chambres, limitées à l’essentiel, avant de nous rassembler par groupes.
Avec moi, trois bushis assez étonnants :
- Kitsuki Ijatsu, kimono au rabais vert à col jaune, mon Kitsuki sur le cœur, mon du Lion à droite. Peu corpulent, cheveux courts, l’air chiffonné et peu soigneux.
- Mirumoto Ayeka, belle armure verte et dorée, mon du Dragon dans le dos, mon Mirumoto d’un dragon tenant un daisho sur le cœur, mon Togashi d’un dragon tenant des fleurs à droite. Belle jeune femme aux cheveux longs, à l’air sûre d’elle. Porte au côté un katana de qualité supérieure, au pommeau travaillé portant des mons dragons en jade.
- Kuni Kyoshi, armure d’ashigaru et kimono bleus et rouges de facture moyenne, mon du Crabe sur le cœur. Un pendentif Kuni sur le torse, un étrange No Dachi à lame noire minérale dans le dos et un sugegasa sur la tête. Plutôt taciturne et pas très bavard.

On nous conduisit bientôt chez Doji Yamato-sama, un jeune diplomate aux soyeux cheveux de neige et au visage moulé par Benten elle-même tellement il était beau. J'ai entendu dire qu'il était le fils d'un Daimyo haut-placé des Grues. Il avait été posté ici à la suite du départ précipité du précédent Magistrat local vers les terres du Scorpion avec la moitié des Yorikis impériaux. Le manque d'effectifs qui s'en était suivi expliquerait nos récentes mutations au Village de l'Eau Pure.
Deux pas derrière lui se tenait un samuraï d'une trentaine d'année, vêtu d'une armure lourde et portant sur le cœur un mon Daïdoji, accompagné à droite du mon de la Grue. Présenté comme Daïdoji Jiro, Yojimbo du Magistrat, son air impassible n'était trahi que par son regard vif qui ne semblait rien manquer.
Doji Yamato-sama nous confia qu'il y a 6 mois de cela, un Yoriki impérial du nom de Tsurushi Akame avait été envoyé par son prédécesseur sur l'Île du Levant, sur les terres de la Mante. Il enquêtait alors sur la disparition d'un marchand du nom de Chozu, affilié aux Yazukis. Un rapport indiquait qu'il était arrivé à bon port, mais on n'avait plus jamais eu aucune nouvelle de lui. Le Magistrat nous donna pour mission de nous rendre sur l'Île du Levant et d'y découvrir ce qu'était devenu le Yoriki.
A nos questions, il répondit que Tsurushi Akame-san avait une réputation d'efficacité en tant que Yoriki. Il nous indiqua également que la Fête du Calamar se déroulerait d'ici 4 jours sur l'île et que depuis 3 ans, il semblerait que le saké y coulait à flots et gratuitement. Bien qu'il semblait en savoir plus sur Tsurushi Akame-san, il conclut que le Faucon des mers nous attendrait à la première heure au matin et qu'il nous faudrait nous débrouiller avec les autorités locales si nous avions besoin de renforts.

Après nos ablutions de la journée, je vis Ijatsu-san s'éclipser en direction du port et le rattrapai bientôt, accompagné d'Ayeka et de Kyoshi. Il nous fallait savourer notre première soirée en tant que Yorikis ensemble et en profiter pour faire connaissance. Une fois installés dans un établissement respectable et fréquenté d'autres samuraïs, une bouteille de saké fût commandée et rapidement mise à mal par les "kampaï" de Ijatsu, visiblement grand amateur. Kyoshi l'accompagna volontiers, Ayeka et moi savourant avec plus de retenue.
Bientôt deux bushis du clan du Crabe nous proposèrent de s'installer à notre table et de faire quelques parties de dés. Nous acceptâmes avec déférence et j'y gagnai même quelques zenis. Hida Polo-san et Hida Robi-san nous confièrent être les deux survivants d'une unité qui avait fait campagne dans l'Outremonde et sur le Mur. Ils nous décrivirent leurs combats contre des Kakemonos, des Ogres et des Onis, dont certains volaient, toujours très nombreux, mais pas assez pour les protecteurs Crabes de l'Empire. Bientôt, Ijatsu fût vaincu par le saké alors que les deux Crabes félicitaient leur compatriote Chasseur de sorcières pour sa descente. Kyoshi et moi prîmes sur nous de ramener le Kitsuki à la Maison de la Magistrature.
L'alcool semblait faire sombrer ce dernier dans le ressentiment, alors qu'il dépeignait un certain Akodo comme un incapable entre deux rôts bruyants. A ma demande, il m'expliqua, de manière très cultivée, forte de références littéraires perspicaces malgré son état, qu'il avait étudié et décrit à la Cour les campagnes d'Akodo Tadaji, tacticien et commandant émérite du Clan du Lion. Pourtant, il aurait gâché la vie de nombreux soldats lors de manœuvres inutiles et mal appréciées, ce que la Cour n'avait pas voulu entendre. Son déplaisir était tel qu'elle aurait contraint Ijatsu-san à se faire seppuku, si la famille Ikoma, célèbre pour ses historiens, ne l'avait pas défendu. Il conclut qu'à son bannissement, les enquêteurs Kitsuki du Dragon lui avaient donné asile.
Nous pûmes le laisser aux bons soins des serviteurs une fois arrivés et je dormi d'un sommeil ravi dans l'attente du voyage de demain : j'allai naviguer sur la mer pour la première fois !

Un Crabe Yazuki d'une trentaine d'années, à la peau halée du nom de Solo-san nous accueillit sur le Faucon des Mers, une jonque qui avait connu de meilleurs jours mais qui semblait en avoir dans le ventre. Son parlé était à la limite du convenable, frôlant une familiarité inadaptée à nos rangs, sans pour autant l’atteindre. Pour ma part, il en fallait bien plus de la part d’un autre samuraï pour que je m’offusque, ce qui semblait également le cas de mes camarades. A notre surprise, son acolyte et mousse était un Nezumi, un homme-rat venant de la zone à présent recouverte par l'Outremonde et réputé immunisé à la souillure. Il portait un kimono sans manches aux couleurs du Crabe et un sugegasa, se nommait Chiko et ne communiquait qu'en nezumi. Je repérai en parcourant le navire une caisse factice pivotant sur le plancher, qu'un cadenas fixait au pont. Le soin avec lequel elle était dissimulée et sa position indiquaient que notre homme se livrait à la contrebande, une pratique qui semblait être tolérée à proximité de l'Outremonde, où tous les moyens étaient bons pour s'approvisionner.
Alors qu'il louvoyait en quittant le port, j'achetai à Solo-san une carte de l'île du Levant, ainsi que deux invitations bien contrefaites pour la geisha Sakura, qui se produisait depuis quelques temps au village des calamars où aurait lieu le festival. Puis nous prîmes le large, traversant la baie des poissons morts et le mal de mer eut raison de mes intestins, que je déversai par-dessus bord. Ijatsu-san, au contraire, sortit une bouteille de saké de son kimono et entreprit de la siroter, prétextant que c’était son remède personnel contre la nausée. Je me dis alors que ce devait même être le remède à tous ses maux.
Je ne pus qu'entrevoir les terres dévastées de l'Outremonde alors que nous prenions plein sud, avant de finalement naviguer plein est, sur une mer que je trouvai bien trop agitée. La fin de mon calvaire vint en fin d'après-midi, quand Solo-san nous déposa sur un ponton de la Baie des Calamars avant de repartir immédiatement.

Bien qu’à 3 jours du festival, la luxuriante Ile du Levant était déjà bondée de visiteurs, reconnaissables parmi les autochtones à leur teint plus pâle et à leurs kimonos ne présentant par le vert clair de la Mante. Une montagne aux pentes vives occupait le centre de l’île. La carte achetée à Solo-san nous apprit qu’à 1h de marche vers le nord se trouvait la forteresse du Daimyo de l’Ile : Moshi Ideka-sama du Mille-pattes et à 1h vers le sud-ouest le Village des Pêcheurs. Deux phares bordaient la baie et guidaient les bateaux vers le village. 1h de plus vers l’ouest et nous arriverions au Village du Riz. En remontant vers le nord semblaient se trouver des ruines. Le tour complet prenait environ 6h à pieds.
Le Village et la Baie des calamars semblaient avoir été aménagés durant les dernières années, ajoutant aux 50 vieux bâtiments sur la plage quelques 450 nouveaux logements de bois et de bambou. A présent s’étalait sur le littoral et sur toute la baie, un enchevêtrement de rues et de quais habités recouvrant presque l’intégralité de la surface au-dessus de l’eau. La population, quant à elle, devait avoisiner les 5000 âmes et de nombreuses tentes et cabanes éphémères étaient déjà présentes le long de la route qui faisait le tour de l’Ile.

Nous prîmes la route du nord pour une marche d’une heure, afin de nous présenter au Daimyo et de lui demander l’hospitalité. Une fois dépassée la zone où les tentes des festivaliers bordaient la route, nous parvînmes à un pont de corde et de bois qui reliait à l’Ile principale l’île du Daimyo. Derrière une grande palissade aux portes fermées, on voyait dépasser une grande bâtisse de 4 étages. L’absence de gardes nous surprit et nous dûmes frapper sur le butoir pour qu’après 5 longues minutes, on vienne nous ouvrir. Un vieil homme ridé, se présentant comme Ikai, majordome du Daimyo, nous accueillit dans un salon d’attente, avant d’aller quérir son seigneur. Etrangement, l’imposante bâtisse semblait vide, pas un serviteur ni un garde ne la parcourait. Le rez-de-chaussée, bien que propre, montrait les signes d’un lent délabrement : peinture et laque écaillées, tentures délabrées, panneaux de papier de riz troués… et l’absence de décorations ne faisait que ressortir ces défauts. Ikai revint avec un air triste nous expliquer que son seigneur était très fatigué et ne pouvait nous recevoir personnellement. Il dût également s’excuser de ne pas pouvoir nous loger, aucune chambre ne pouvant selon lui recevoir des hôtes de notre statut.
Sentant que nous aboutissions à la fin de l’entrevue et qu’il se refusait à nous en dire plus, je sollicitai discrètement les Kamis de l’air pour qu’ils le poussent à se confier, attirant son regard et le croisant volontairement pour lancer mon sort. Je lui demandais alors nonchalamment de soulager sa conscience des problèmes qui semblaient l’accabler. Il se redressa soudain, l’air plus volontaire et nous invita à nous installer confortablement pour qu’il nous serve le thé. S’affairant à faire chauffer de l’eau et à préparer son thé, il s’ouvrit à nous : « Le malheur de mon Seigneur Moshi Ideka-sama date du suicide de sa fille bien-aimée, il y a 3 ans. Elle était tout ce qui lui restait de sa chère épouse, morte en couche. Son saut du haut de la falaise a définitivement brisé quelque chose en lui. Depuis, il n’a plus le cœur à rien, sauf à son jardin exotique, où il passe le plus clair de son temps, quand il n’arpente pas les souterrains. Il a congédié ses gardes, ses samuraïs et ses gens au fur et à mesure, ne gardant à son service que ma femme Ishofu et moi-même. A notre étonnement, il a investi dans la Fête du calamar, qui a lieu tous les ans et s’est mis à dépenser une fortune pour que le saké importé du continent coule à flot. Le plus dérangeant, c’est que les festivaliers et leurs débordements semblent lui causer plus de tort et de malheur que de bien, le poussant à toujours plus d’isolement, surtout à la période du festival. Néanmoins, des sacs de mons continuent d’affluer à nos portes, amenés par les villageois qui semblent s’être organisés pour jouer le rôle des percepteurs. Cette contradiction ne lui ressemble pas, ni le fait qu’il n’ait pu surmonter le chagrin hérité de la mort de sa fille. C’est comme si il avait perdu toute sa personnalité, lui qui était tellement fort de caractère. »
Son thé servi, il s’assit dans un fauteuil à nos côtés, semblant un peu perdu, mais le visage plus clair, comme soulagé d’un poids.
Conscients du moment de grâce que nous venions de vivre et ne pouvant visiblement plus rien obtenir ainsi, nous prîmes congé de lui après lui avoir demandé une bonne adresse où loger au Village des Calamars. Il nous indiqua l’auberge de la « Pêche généreuse », tenue par une certaine Mama Ikari.

De retour au Village une heure plus tard, nous prîmes une chambre pour quatre dans cet établissement fort joliment décoré, encouragés par la propriétaire des lieux, aussi généreuse en paroles et en forme que la pêche évoquée dans le nom de l’auberge. Sur le chemin menant aux bains dévolus aux samuraïs, je fis l’acquisition d’un kimono vert mante à col blanc et d’un masque à l’effigie d’un poulpe. Nous prîmes notre bain avec d’autres samuraï locaux et je dois avouer que la nudité d’Ayeka, bien qu’elle soit une sœur d’armes, avait de quoi dérouter même le plus difficile des samuraïs. Sa nudité laissait apparaître un magnifique tatouage complexe et d’une qualité remarquable, symbolisant un Dragon descendant de son épaule droite et s’enroulant autour de son bras pour terminer la gueule ouverte et agressive sur sa main. Une pensée me vint pour Bakono-chan, qui avait été elle-même une femme sublime, pour être aussitôt ternie par une ombre de mort. Ce moment de faiblesse passé, le bain me permit de me relaxer après cette journée passée à me vider l’estomac et à marcher. Mon ventre me signifia être enfin prêt à se remplir et je quittais aussitôt les bains, annonçant à mes amis que j’irai me promener seul ce soir en profitant de l’air frais pour me remettre de la traversée.
Habillant ma tenue aux couleurs locales, j’achetai rapidement quelques brochettes de poulpe au premier stand venu, avant de me diriger d’un pas décidé vers le nord. Il se passait dans le palais du Daimyo des choses louches et en bon Scorpion, je me devais d’enquêter de manière plus poussée, quitte à contourner les convenances. Le fait de ne pas avertir mes camarades préserverait leur honneur et si mon intuition était bonne, je trouverais de quoi les faire revenir pour aller au fond des choses.
Sur la route, je remarquai une grande bâtisse surplombant la Baie des calamars, très animée et illuminée. Visiblement, la richesse qui manquait à la décoration de la demeure du Daimyo se retrouvait chez d’autres propriétaires.

J’arrivais à la forteresse du Daimyo alors que la nuit était bien établie, sans une autre âme à la ronde. Traversant rapidement le pont, je fis jouer mes talents de serrurier pour crocheter la porte d’enceinte. Silencieux comme une ombre, je pénétrai dans le palais éclairé par quelques lanternes éparses. Passant devant l’alcôve dévolue aux ancêtres, je remarquai qu’aucune offrande n’était présente, attestant que le seigneur des lieux ne devait pas les honorer. Le reste du rez-de-chaussée était vide. Sentant un courant d’air au niveau du sol, je trouvai enfin ce que je cherchai : la porte menant aux souterrains. Je fabriquai une torche avant d’invoquer une flamme sur cette dernière et de descendre un long escalier maçonné. Arrivé en bas, je marchai durant 10 minutes dans un tunnel qui revenait vers l’île principale, avant de déboucher dans une galerie naturelle, d’où partaient plusieurs boyaux… Je choisis celui de droite et avançai avec précaution.
Après quelques minutes, une forme tentaculaire spectrale sortit soudain de l’obscurité du tunnel que j’arpentais, se dirigeant vers moi et me pétrifiant de stupeur. Le tentacule voulut me toucher mais un flash lumineux émis par l’amulette de Fukurokujin que je portais sur le torse le stoppa net avant de le désagréger. Recouvrant mes esprits, je profitai de l’aubaine pour rebrousser chemin au pas de course, décidant de ne pas pousser ma chance. Cette créature n’avait rien de naturel et je gageai que Kyoshi-san saurait confirmer s’il s’agissait d’un Oni ou non. En tout cas, ça n’avait rien à voir avec l’Ombre rampante. Quoi qu’il en soit, j’avais trouvé une bonne raison de le faire descendre ici et d’enquêter plus avant. Restait à lui expliquer cela d’une manière convaincante, sans révéler ma visite nocturne. Et dire que le Daimyo passait du temps seul dans ces souterrains…

De retour au palais du Daimyo, je décidai de monter voir dans les étages si d’autres éléments pouvaient m’éclairer. Il était environ minuit, je pouvais me permettre un peu plus d’enquête.
Au premier étage, visiblement entretenu et éclairé par quelques lanternes, je repérai la respiration régulière d’Ikai et de sa femme. Les autres pièces étaient vides.
Le second étage était également vide, à l’exception d’une pièce utilisée comme pièce d’étuve.
Le troisième étage était éclairé par un jeu de lumières tamisées, derrière une porte. J’avais trouvé les appartements du Daimyo.
J’entrouvris la première porte, donnant sur une salle de réception propre et richement meublé, distribuant trois pièces. De la lumière provenait de derrière la cloison de droite. J’empoignai le parchemin du Sommeil du Vent, avant d’entrouvrir le panneau en feuille de riz le plus silencieusement possible. Le Daimyo, vieux et courbé, me montrait son dos et semblait méditer devant un autel, probablement celui de sa fille. Je lançais immédiatement mon sort et le vis s’affaisser un peu plus, sa respiration se faisant plus profonde. J’examinai rapidement sa chambre sans m’approcher de lui, avant de passer à son bureau, vide de tout document. Dans la bibliothèque cependant, je trouvai un coffret qui à ma surprise contenait trois grosses pépites minérales noires, ressemblant fortement au matériau composant le No Dachi de Kyoshi-san. Je tenais mon second levier.
Le quatrième étage était poussiéreux et semblait totalement vide, aussi ne m’y aventurais-je pas.

Je fus de retour à l’auberge de la Pêche généreuse à 2 heures du matin et me couchai sans plus attendre.
Au réveil, j’appris que mes compagnons avaient passé la soirée sur la baie, dans le restaurant réputé de maître Subotai. Les restaurants étaient directement perchés au-dessus de la baie, afin de pouvoir y pêcher en direct les calamars qui venaient s’y reproduire en cette saison. Ijatsu-san, fidèle à ses traditions, aurait fait honneur au saké du festival. Le maître des lieux étant plutôt bavard, ils apprirent que le fameux saké était payé par le Daimyo, qui percevait les taxes que relevaient diligemment pour lui les collecteurs d’un certain Yazuki Jaba « -sama ». Il aurait embauché la plupart des gens et samuraïs qui avaient été remerciés par Mochi Ideka-sama il y a 3 ans. Yazuki Jaba assurait depuis lors officieusement le rôle de protecteur de l’île et cela semblait convenir à tout le monde. Son influence, déjà conséquente depuis de nombreuses années, s’était vu grandir radicalement ces trois dernières années. Etonnement, il habitait la riche résidence surplombant la baie que j’avais aperçue hier soir. A l’accord général, une visite chez Yazuki Jaba « -sama » s’imposait.
De plus, Subotai se souvenait de Tsurushi Akame-san, bien qu’il ait fallu lui tirer les vers du nez et qu’il ait dit l’avoir vu il y a un an, alors qu’il avait été envoyé ici il y a 6 mois.
Je demandais alors à Kyoshi-san, sur un ton anodin, de quelle matière était fait son No Dachi et s’il possédait des propriétés particulières. Il me répondit que l’obsidienne, ou Sang de Père Lune, était un matériau mystique, dont le contact rendait fou. Celle composant sa lame était enchantée et sans danger.
La nuit m’ayant porté conseil, je me lançai alors : je confiai à mes camarades qu’après ma prière aux fortunes, lors de ma méditation d’hier soir, j’avais eu une vision très convaincante, concernant le palais du Daimyo. J’y avais vu une importante quantité de minerai d’obsidienne dans un coffre placé dans une pièce du palais. J’y avais également vu un long couloir souterrain, habité d’une créature spectrale et tentaculaire, que je décrivis le plus précisément possible au Crabe. Il répondit que cela ressemblait fort au pouvoir de tentacules d’ombres de certains Oni, qui leur permettent de prendre le contrôle de ceux qu’ils parviennent à corrompre, confirmant mon pressentiment et abondant en mon sens : il fallait y aller, pour la sécurité de l’Empire.
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre deux

Message  Babanek 28/02/17, 01:42 am

Descendus nous restaurer, Mama Ikari nous présenta à 2 autres Yorikis impériaux fraîchement débarqués et envoyés par Doji Yamato-sama pour nous assister. Ils nous donnèrent une description plus précise de Tsurushi Akame-san : 40 ans environ, grand et robuste, cheveux grisonnants, petite barbe noire et une réputation de bon vivant. Isawa Taiko était un shugenja du Phénix, habillé d’un riche kimono long jaune et orange à motifs de flammes. Shiba Dozan, duelliste du Phénix, était le célèbre Champion de Topaze de son Genpukku. Nous fîmes connaissance durant nos ablutions matinales, puis leur fîmes un résumé de l'avancée de l'enquête, avant de nous diriger vers le palais de Yazuki Jaba.

Vue de près, sa demeure était plus que cossue, à l'image de ce devrait être celle de Moshi-sama. En voyant nos insignes de Yorikis, l'un des deux samurais de garde nous invita à le suivre, nous faisant emprunter maints tours et détours, pendant que son compagnon prenait probablement un chemin plus expéditif pour prévenir son maître. Nous fûmes enfin introduits dans une salle de réception comprenant une trentaine de personnes, parmi lesquelles une quinzaine de samurais, une dizaine d'heimins armés et quelques courtisans. Yazuki Jaba, plutôt empâté mais richement vêtu, trônait superbement sur un tas de coussins, nous observant d'une manière presque obscène. Brisant la glace, nous lui demandâmes s'il connaissait le Yoriki Tsurushi Akame et un marchand dénommé Chozu. Il répondit qu'il n'avait qu'entendu parler du premier, mais que Chozu était un fournisseur de Maître Subotai et que ce dernier serait ravi d'apprendre qu'une enquête avait lieu sur cette disparition. Il semblait en cacher bien plus qu'il n'en disait, mais nous nous arrêterions ici pour cette fois.

Quittant cette étrange assemblée, nous nous rendîmes plus au nord, au château du Daimyo. Après nous avoir fait patienter dans la même pièce que la veille, Ikai nous conduisit cette fois au 4e étage, dans les appartements de Moshi Ideka-sama. Il nous confia avoir reçu Akame-san, qui lui avait posé des questions sur les disparitions ainsi que sur les affaires courantes de ses terres et sur le sort de sa fille. Moshi-sama lui avait alors répondu que le village à une heure vers l'ouest était maudit et que sa fille Imeiko s'y était jetée du haut de la falaise il y a 3 ans. Le Yoriki l'avait également interrogé sur le vieux temple de la montagne, à l'ouest de l'île : il était dédié à Suitengu, un kami de l'eau.
Nous en vîmes aux souterrains de son château, auxquels nous voulions accéder. Il fondit alors en larmes et avoua enfin que sa fille n'était pas morte, mais détenue prisonnière par le Oni qui l'avait capturée il y a 3 ans. Il se leva et produisit de son étude un coffret, d'où il sortit les 3 blocs d'obsidienne que j'avais « vu en rêve ». D'après lui, elles étaient dans sa famille depuis plus d'un siècle et provenait d’un filon présent sous le volcan éteint. Le Oni lui avait ordonné, en échange de la vie de sa fille, de taire l'exploitation du filon d'obsidienne ainsi que l'enlèvement des habitants du village maudit, qui servaient de main d'œuvre dans la mine. L'Oni profitait du festival pour remplacer les esclaves à la durée de vie écourtée par le travail dans la mine par des voyageurs dont on ne noterait pas la disparition. Grâce à ses tentacules, il pouvait prendre le contrôle de ses proies et les rendre dociles et obéissantes à volonté. Moshi-sama avoua enfin qu'il avait empoisonné Akame-san par peur qu'il ne découvre la vérité. Il ajouta qu'il avait pratiqué un rituel pour lier sa fille au kami du feu habitant le volcan de l'île, afin de se venger si sa fille venait à mourir. Le volcan entrerait alors en éruption, condamnant toute l'île.

Après lui avoir assuré que nous libérerions sa fille, nous nous rendîmes au village maudit, où rien ne subsistaient que des ruines, avant de nous rendre au vieux temple. Là, le moine Onzu nous confia avoir rencontré Akame-san, auquel il aurait expliqué que les habitants du village maudit avaient disparus du jour au lendemain. Taïko-san entra alors en communion avec les esprits alentours, pour découvrir que le kami du feu habitant le volcan était prisonnier sous l'autel de Suitengu. Les deux membres du clan du Phénix eurent tôt fait de déplacer l'autel avec déférence, libérant le kami et mettant à jour un passage menant dans les entrailles de l'île. Taïko-san fit alors un pacte avec le kami, obtenant son aide contre la promesse de reconstruire le temple du Feu après avoir déplacé celui de Suitengu, de faire boucher les entrées de mer sous son temple et de mettre en place un festival du feu 1 à 3 fois par an.

Equipés de torches, nous pénétrâmes dans les souterrains. Rompu au combat contre les Onis, Kiyoshi-san fournit à Dozan-san et à Ijatsu-san un sachet de pâte de jade, dont ils enduisirent leurs armes, afin d'espérer pouvoir blesser le démon. Guidés par un petit kami de feu prenant la forme d'un feu follet, nous pûmes rapidement parvenir à la geôle de Moshi Imeiko-sama, la fille du Daimyo. Torturée par la peur et la malnutrition, elle gisait en boule dans le coin d'une cage. Ijatsu-san trouva rapidement la clé de sa prison et ouvrit sa cellule en chantant doucement une ode dédiée à la grâce d'Amaterasu. Le stratagème fonctionna, la jeune fille émergeant de ses cauchemars pour nous voir enfin, avant de s'avancer pour sortir. Mais elle se figea soudain, son regard fixé sur le tentacule noir et immatériel venant d'apparaître derrière nous. Plusieurs d'entre nous furent pétrifiés par la vision de cette créature monstrueuse qui se dessinait, arborant en plus de ses appendices de longs doigts griffus ainsi qu'un katana et une armure d'obsidienne. Kyoshi-san cracha en prononçant le nom d'Oni no Fuburu, avant de se lancer sur le démon. Le combat fût âpre, la créature nous attaquant de ses sorts impies comme de son arme maudite ou de ses griffes, prélevant un lourd tribut de blessures. Nous répondîmes par le courage et la bravoure, sapant son énergie petit à petit, la pâte de jade suffisant à peine pour entamer son cuir ou son armure. Kyoshi-san encaissa un nombre impressionnant de dommages, qui aurait couché n'importe lequel d'entre nous depuis longtemps. Notre salut vint de Taïko-san, qui déchaîna sur l'Oni les flammes du Phénix, permettant à Ayeka-san de trouver la faille pour finalement achever le démon de son wakizashi enchanté de jade.
Les captifs, que leur maître avait appelés à l'aide, accouraient lorsqu'il trépassa, recouvrant soudainement leurs esprits et éclatant en sanglots une fois la tension retombée. Ils étaient au nombre d'une cinquantaine, dont une vingtaine gravement touchés par la souillure. Nous décidâmes d'en sauver le plus possible, prévoyant de les envoyer se faire soigner sur les terres du Crabe.

Lorsque nous fûmes de retour au château du Daimyo avec Moshi Imeiko-sama, son père refusa de lui parler, écrasé par la honte et nous demanda la permission de pratiquer le Seppuku afin de laver son honneur. Nous lui concédâmes ce droit et Ayeka-san se proposa pour l'assister, le décapitant tel un guerrier une fois que celui-ci se fut ouvert le ventre de son tanto. Nous remîmes alors à Moshi Imeiko-sama la lettre que lui avait laissée son père, où il relatait ce qui s'était passé depuis son enlèvement.
Après quelques jours passés à tenir notre promesse au kami du feu du volcan, nous reprîmes la mer, accompagnés d'Imeiko-sama, afin de la présenter à Doji Yamato-sama et de plaider pour qu'elle succède à son père en tant que Daimyo du Mille-pattes sur l'île du Levant. Quelques jours plus tard, nous apprîmes que ce souhait lui avait été accordé et qu'elle se marierait bientôt avec un membre du clan du Crabe.
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre trois

Message  Babanek 28/02/17, 01:47 am

Deux mois passèrent, durant lesquels nous furent confiées des missions plus traditionnelles, du relevé de l'impôt à la vérification de documents en passant par des rapports sur divers intervenants. une chose au moins était claire : au Village de l'Eau pure, bien que la loi soit la même que partout dans l'Empire, on évitait de regarder de trop près ce qui pouvait bénéficier, de près ou de loin, à la mission première du clan du Crabe, à savoir protéger nos terres de l'Outremonde. Les rapports sur la contrebande, les produits exotiques et la prostitution semblaient mystérieusement disparaître pour aller caler des armoires ou allumer des braséros. Comme on dit chez les Scorpions : "la fin justifie les moyens".
Doji Yamato-sama nous convoqua un beau jour, ayant reçu pour nous une invitation au mariage unissant dans 10 jours Moshi Imeiko-Sama à Kuni Fujirai-san du clan du Crabe. Se joindrait à nous un autre Yoriki du Village des Eaux Pures : Hida Tadoshi-san, qui avait servi sur et de l'autre côté du Mur des Bâtisseurs avec Kuni Fujirai-san.

Je préparai pour Imeiko-sama une calligraphie d'une prière Scorpion à 3 niveaux de lecture, que je traçai sur la face intérieure du masque de poulpe que j'avais acheté à l'occasion de notre dernière visite. Puisse-t-il masquer ses peurs, protéger son âme et lui fournir toujours une longueur d'avance contre ses opposants. J'appris par la suite que mes compagnons avaient mis tout autant de cœur à leurs présents.
Ijatsu-san fit fabriquer un arbre généalogique sur du bois précieux, afin qu'Imeiko-sama n'oublie jamais ses origines et construise sereinement son futur.
Kyoshi-san fit faire un éventail de qualité, serti d'un éclat d'onyx, présentant une fois déplié l'île du Levant.
Ayeka-san fit calligraphier sur un parchemin la prière à Amaterasu qui sortit Imeiko-sama de sa prison d'infortune.
Dozan-san apporterait un petit braséro, évoquant la défaite de l'Oni comme le pacte avec le kami du volcan ou encore la lignée du Phénix.
Le capitaine Yazuki Solo n'étant pas disponible malgré notre demande, c'est un esquif piloté par 4 heimins qui nous amena sur l'Ile du Levant. Je parvins cette fois à tenir mon estomac, n'ayant rien mangé le matin du départ pour plus de sureté. Dozan-san, lui, n'eût pas cette chance et je l'accompagnai de prières compatissantes.

L'ile du Levant semblait bien vide et calme, maintenant que le festival du calamar était terminé. Les pontons en travers de la baie avaient disparus, de même que les tentes des festivaliers. J'appris que le temple dédié au kami Suitengu avait été déplacé en ville et m'y rendis immédiatement afin de le prier et de lui vanter la nouvelle position de son temple, aux abords de la baie et fréquemment visité par les villageois des calamars. Hida Tadoshi-san m'accompagna, visiblement fervent en matière de kamis aquatiques comme tout Crabe qui se respecte. Une fois notre troupe retrouvée en terrasse, où Ijatsu-san vérifiait la qualité du saké local, nous allâmes prendre un bain, désirant être frais pour nous rendre au palais du Daimyo. J’en profitai pour faire un peu plus connaissance avec Dozan-san et le rassurer sur les manières des Scorpions. Les préjugés ont la peau dure et il est facile de nous cataloguer comme des voleurs ou des assassins. Aussi me fis-je fort de rectifier cette vision biaisée que bien des gens ont de notre clan. Satisfait et apaisé, Dozan-kun me fit en échange le récit de sa jeunesse et me proposa même de me servir de champion si je devais un jour avoir à défendre mon honneur.
Mama Ikari, ravie de nous retrouver, nous apprit que le saké serait désormais payant au festival du calamar, pour le plus grand malheur d'Ijatsu-san. Elle ne prévoyait cependant pas une perte significative de clientèle, prenant les choses avec philosophie et impatiente du renouveau. Elle nous apprit que Yazuki Jaba "sama" n'était pas ravi de l'état des choses, mais qu'il poursuivait ses affaires malgré le départ de presque tous ses ronins vers le palais Moshi, afin de prêter à nouveau allégeance au Mille-pattes. Le village maudit du nord aurait été réhabilité et rebaptisé les Forges de la Lune.

Nous parvînmes en fin d'après-midi au palais du Daimyo, dont les espaces extérieurs semblaient un peu plus entretenus qu'avant. Deux samuraïs vêtus de jaune et de vert nous accueillirent et nous annoncèrent que nous étions attendus. Le vieil Ikai nous salua chaudement avec force de courbettes, visiblement joyeux quoique très fatigué. L'intérieur de la demeure était à présent plus meublé mais demeurait austère. Ikai nous mena enfin à la grande salle déjà fort peuplée.Imeiko-sama, bien plus en forme qu'il y a deux mois, portait haut les couleurs de sa famille et se révélait ravissante. Elle nous accueillit avec une chaleur que nous lui rendîmes. Kuni Fujirai-san était le plus élégant et le plus distingué des Crabe qu'il m'ait été donné de voir et son visage s'éclaira franchement en saluant Tadoshi-san. Son naturel faillit le reprendre alors qu'il partait dans une anecdote mettant en scène les deux samurais de l'autre côté du mur, mais comme le dit le proverbe consacré chez les Crabes "Ce qui se passe en Outreterre reste en Outreterre". Les fiancés nous présentèrent les autres invités présents.
Moshi Wakiza-sama était la fille du Champion du clan du Mille-pattes, shugenja de talent et visiblement proche de Moshi Imeiko -sama.
Moshi Sumai-san était le Karo (intendant) de Moshi Imeiko-sama.
Isawa Kitsukawa-san, shugenja du Phénix en âge de devenir moine, était accompagné de son yojimbo Shiba Reikun-san.
Hida Moto-san, imposant bushi en armure lourde armé d'un tetsubo était le yojimbo de Kuni Fujirai-san.
Kuni Ryuki-san, une shugenja dérangeante au regard fou et au visage peint était l'assistante du futur seigneur.
Kaiu Miryeko-sama était un maître forgeron réputé du clan du Crabe, connue dans tout Rokugan pour ses œuvres en jade, en obsidienne et en cristal.

Une dizaine de samuraïs du Mille-pattes était également de la partie, dont certains visages vus chez Yazuki Jaba. Quelques heimins notables de l'île, dont Kiku et Rei, les chefs du Village du Riz, mais aussi Mama Ikari ou encore maître Subotai complétaient l'assemblée.
Alors que la table était dressée, arriva Dietsu-sama, représentant le Champion du clan de la Mante et encadré de ses deux yojimbos jumeaux, Turo et Kobai.
Ils furent rapidement suivis par Kaiu Yochimi-san, protecteur de Kaiu Miryeko-sama.
Ijatsu-san apprit d’Imeiko-sama que c'était Yazuki Solo-san qui l'avait mise en relation avec son fiancé, lors de son retour vers l'Ile du Levant. D'un air inquiet, elle surveillait d'ailleurs la porte. Le Crabe qui avait participé aux préparatifs était attendu par la Daimyo.

Je me renseignai un peu sur le travail des minerais mystiques que forgeait Kaiu Miryeko-sama et elle m'apprit que si l'obsidienne avait sur les Onis et les Ombres un pouvoir conséquent, le jade lui était supérieur et le cristal les surpassait encore. Mais il était plus que rare et très difficile à travailler.
Je vis avec amusement que Kyoshi-san avait trouvé en la présence de sa compatriote Kuni Ryuki-san la seule personne qui osait lui parler. Il le lui rendait bien d'ailleurs.
Nous allions passer à table quand arriva Yazuki Jaba, suivi de 2 ronins. Le premier était une montagne de muscle nommé Grido et le second, plus mystérieux, arborait un masque cachant son visage. Un frisson d'excitation parcourut notre Champion de Topaze, qui nous confia être sûr, à sa démarche, que cet homme masqué était un duelliste Kakita.

Nous fîmes bonne chère de succulents fruits de mer et poissons, accompagnés par un orchestre. Tadoshi-san fit des avances franches à Moshi Wakiza-san, qui semblait y répondre avec amusement, malgré la présence entre eux d'un Dozan-san un peu embêté d'être pris entre deux feux.
Arriva le moment tant attendu du discours de Imeiko-sama, qui après nous avoir tous remerciés de notre présence, donna la parole à Dietsu-sama, qui se leva, soudainement sombre :
« Je ne saurais dire si cette union doit être bénie ou s’il s’agit d’une malédiction… Le clan de la Mante est inquiet… si notre alliance avec le Clan du Mille Pattes satisfait pleinement notre seigneur Yoshitsune, il se doit avant tout de protéger son peuple.
La captivité que vous avez subie pendant trois longues années dût être une épreuve terrible. Que vous sembliez en être sortie sans succomber à la perversion de la souillure de l’Outremonde prouve combien votre lignée est forte et honorable. Bien entendu, les représentants du trône d’Emeraude eux même, ici présents, ont pensé pouvoir confirmer votre aptitude à gouverner l’île du Levant…
Toutefois, cette responsabilité, y compris devant l’Empereur, revient au Champion de notre clan qui m’a confié le soin de le représenter… Shinsei l’a dit : De mauvais débuts ont de mauvaises fins et Seul l’homme avisé voit l’obstacle tel qu’il est réellement et non pas tel qu’il semble être.
Le contact prolongé que vous avez eu avec les larmes de seigneur lune comme avec cette créature corrompue laisse planer les germes d’un malheur futur… là où la caution d’un clan qui serait prêt à se condamner lui-même pour mieux connaître son ennemi ne peut être une garantie suffisante.
Lorsque votre père a lavé l’honneur de votre famille et de vos ancêtres, il a purifié le passé mais n’a apporté aucune garantie pour l’avenir.
Je crains que votre pureté ne soit plus à la hauteur de celle de votre lignée et nous refusons de prendre le risque de souiller celle de notre alliance avec le Mille Pattes. »

Hida Tombo-san fût le plus prompt à se lever, prêt à en découdre pour mettre fin aux insultes du courtisan. Les autres restèrent impassibles, seule Imeiko-sama pouvant répondre à l’affront.
« Dietsu-san (il était évident qu’un représentant du champion de la Mante devait avoir droit à du Sama), Shinsei nous enseigne également que : Le fait de suivre une lumière trompeuse ne peut qu’entraîner plus profondément dans les ténèbres. Vos paroles ne sont pas dignes de votre Champion et vous devrez les assumer seul. Ce sont là des accusations qui mettent en cause le clan du Crabe, les Magistrats de l’Empereur, mais aussi et surtout, mon honneur. Si Amaterasu ne m’avait pas protégée de la souillure et de la corruption de l’Outremonde ainsi que de la folie d’Onnotangu, il aurait été de mon devoir de mettre immédiatement fin à ma vie. Insinuer que je puisse être sous l’effet d’une quelconque corruption, plus que la mise en cause de la compétence ou de la probité de ceux qui pourraient témoigner en ma faveur, revient à jeter sur moi et sur ma lignée un déshonneur que je ne saurais tolérer. Je me vois donc contrainte d’en appeler à un duel à mort pour que cet affront soit lavé et mon honneur restauré. »

Dietsu-sama resta calme et serein. « Qu’il en soit ainsi. Qui sera votre Champion ? »
Imeiko-sama se tourna vers l’assemblée. Moshi Sumai-san montra qu’il était prêt à être choisi, Hida Tomo-san resta debout, mourant d’envie de régler l'affaire… Dozan-san fût prompt à se lever, suivi par Kaiu Yochimi-san, Tadoshi-san puis Ayeka-san. « Nul autre que le Champion de Topaze ne saurait mieux protéger mon honneur devant les Kamis et les Fortunes."
Dietsu-sama se tourna vers le rônin masqué et lui fit signe de découvrir son visage. « Mon champion sera le rônin Dairya, entré depuis peu à mon service. » Je sentis Dozan-san grincer des dents... sans doute un redoutable adversaire. A l'opposée, je vis dans un éclair le visage de Yazuki Jaba emprunt d'une joie sadique, avant qu'il se recompose une façade d'impassibilité.

Imeiko-sama : « Ce duel sera à mort. Celui d’entre nous dont le champion sera tué se fera Seppuku. Si votre Champion l’emporte, ma lignée sur les îles du Levant s’éteindra, l’alliance entre le Clan du Mille Pattes et le Clan de la Mante perdurera et n’en sera en aucun cas entachée. Il vous reviendra alors le devoir de choisir un nouveau seigneur pour gouverner l’île du Levant et protéger mon peuple. Si mon champion l’emporte, la duplicité de vos accusations sera prouvée, je serai confirmée dans mes prérogatives de Daimyo de l’île du Levant, le Champion du Clan de la Mante sera informé de votre déchéance et de votre décès et il nommera un autre émissaire pour bénir mon mariage et valider les accords scellés avec le clan du Crabe.
Toutefois, ce duel ne saurait avoir lieu sans l’autorisation de votre seigneur. Je vais donc de ce pas lui faire parvenir un message par voie magique, afin qu’il puisse donner son autorisation sans tarder et que nous puissions rapidement oublier cette mascarade. En attendant, je vous demande de ne pas quitter cette île afin de faire face à vos responsabilités. » La Daimyo de l’île du Levant prit congé sans plus attendre, suivie de Moshi Wakiza-sama.

Dietsu-sama et Jaba se retirèrent aussitôt ensemble, le Crabe ayant proposé au diplomate de la Mante de loger chez lui, ce dernier n'étant « probablement plus le bienvenu ici ». Ils furent suivis après quelques minutes de  par Tadoshi-san qui voulait les surveiller.  Le froid jeté sur la cérémonie était proche du zéro absolu et il nous fallut quelques minutes pour digérer la nouvelle et nous activer.
Dozan-kun nous confirma que Dairya était un redoutable bretteur, faisant partie du haut sa liste d'hommes à battre, mais qu'il n'espérait pas avoir à l'affronter avant des années.
Je questionnais les kamis de l'air pour savoir si des échanges avaient eu lieu entre Dietsu-sama, Jaba et Dairya. Leur réponse négative laissait penser que les événements récents, s'ils avaient été planifiés, l'avaient été en d'autres temps et lieux. Le fait que le rônin Dairya se soit présenté avec Jaba mais soit en réalité employé par Dietsu-sama donnait le change, concernant une duel qui ne pouvait qu'être invoqué par la jeune Daimyo dos au mur. Dire qu'il allait falloir prouver un complot de Jaba contre son seigneur avec si peu d'éléments concrets...

Lorsque Moshi Wakiza-sama revint des niveaux supérieurs, nous nous rapprochâmes d’elle.
Elle venait d’envoyer par voie magique une requête à Yoshitsune-sama, qui nous envoyait son fils Yoritomo pour juger l’affaire. Il serait présent demain en fin de journée. Elle gardait ses réserves quant à cette nouvelle, le fils du Daimyo de la Mante pouvant faire basculer la situation d’un côté comme de l’autre de la manière la plus expéditive qui soit. Son père ayant atteint l’âge de la retraite et son Genpukku passé, il serait très rapidement promu Champion de la Mante et ne manquerait pas d’utiliser cette occasion pour asseoir son autorité. Les Moshi gouvernaient l’Ile du Levant depuis 3 générations, ce qui permettait de garder un lien entre le Mille-pattes autrement cantonné à une petite vallée du continent et la Mante à qui appartenaient les terres et qui avait des visées expansionnistes. Couper ce lien irait donc à l’encontre de la politique de la Mante. Toutefois, faire avorter un mariage rapprochant les clans du Mille-pattes et du Crabe n’était pas dénué de sens si l’on considérait que Crabe et Mante étaient loin de s’entendre au-delà des apparences.
A nos questions, elle répondit qu’elle avait appris la venue de Dietsu-sama hier après-midi et qu’il résidait chez Jaba depuis son arrivée. Si le Crabe opulent avait les moyens de se payer les services de Dairya, ce n’était probablement pas le cas du porte-parole de la Mante.
Elle finit par nous conseiller de trouver Yazuki Solo-san, qui aurait des choses à dire sur Jaba, ayant travaillé avec lui longtemps avant qu’un contentieux les sépare. Qui plus est, le capitaine Solo avait aidé Imeiko-sama alors que Jaba le lui avait refusé.
Mama Ikari, dévastée par la nouvelle, nous indiqua que Yazuki Solo-san mouillait au port du Village des Pêcheurs, afin de garder une distance respectable avec le palais de Jaba. Elle nous expliqua que Jaba était auparavant surnommé « le Forestier » car travaillant à l’exploitation de la forêt couvrant les pentes du volcan. Il avait déménagé il y a 3 ans, s’installant à la baie des calamars et se mettant à importer le saké qu’il vendait au seigneur Moshi Ideka-sama à prix d’or.

La soirée étant avancée, nous décidâmes de nous reposer et de partir tôt le lendemain vers le Village des Pêcheurs pour retrouver Yazuki Solo-san. Au petit déjeuner, Ijatsu-san nous dit avoir parlé un peu plus avec Kuni Fujirai-san. Il s'avérait que le clan du Crabe visait la mine d'obsidienne, vitale dans sa guerre contre l'Outremonde. Son clan l'achèterait s'il ne pouvait l'exploiter, quitte à trouver des moyens plus brutaux en dernier recours... Il lui avait également confié qu'étant plus riche, Jaba était donc mieux placé que Yazuki Solo-san au sein du clan, qui l'appuierait d'avantage que notre gentil vaurien de capitaine. Enfin, il avait confirmé que le pacte liant Imeiko-sama au kami du volcan était dissous.

Nous atteignîmes le Village des Pêcheurs en milieu de matinée. En vue du bord de mer, nous pûmes apercevoir le Faucon des Mers au bout de la jetée. Laissant derrière nous les quelques bateaux non partis en pêche, nous remarquâmes la tête d'un nezumi dépassant difficilement d'entre deux caisses posées sur le pont. Chiko reposait au milieu d'un bain de sang séché, le ventre visiblement percé par une pique et le corps couvert de contusions et d'entailles. Kyoshi-san lui administra les premiers soins, que je complétai par "La voie de la paix intérieure", prière aux kamis de l'eau pour accélérer sa guérison.
Ijatsu-san jeta un rapide regard sur le pont avant de nous annoncer qu'il s'agissait uniquement du sang du nezumi, qui avait dû se trainer après avoir repris connaissance pour boire, avant de sombrer à nouveau. Les vêtements prévus par Yazuki Solo-san pour les noces furent retrouvés,  toujours emballés et neufs.
Nous voulions en savoir plus mais aucun d'entre nous ne parlait le nezumi. Profitant du regain de vigueur de Chiko, je lui demandai s'il comprenait notre langue et pouvait couiner une fois pour oui, deux fois pour non. Nous pûmes ainsi apprendre que 6 assaillants qui lui étaient inconnus avaient capturé son compagnon et l'avaient laissé pour mort. Pas d'homme borgne ni portant de vêtements Yazukis parmi eux. Chiko entreprit, clopin-clopant, de nous mener à l'Orochi, la taverne du village. Il nous invita à entrer, préférant nous attendre dehors, caché.

Un gamin d'une quinzaine d'années nous accueillit dans une auberge qui était en réalité un bateau échoué assez loin de la plage mais qui avait une vue imprenable sur le port. Au nom de Zanko, il appela son père en lui annonçant que des magistrats voulaient le voir. Un vieil homme finissant de s'habiller déboula, sa jambe de bois résonnant sur l'escalier et corrigeant son fils "Des Yorikis impériaux, pas des magistrats !!! Messeigneurs pardonnez-le..."
Il ne savait pas où pouvait être notre homme, mais le petit Ando, son fils, intervint alors : "Euh moi je sais, j'ai tout vu... Je rentrais de la pêche à la nuit tombée, il y a 2 jours, quand les forestiers l'ont capturé. Un des ashigarus (paysans armés) surveillait le port depuis quelques jours et il a couru chercher du monde en voyant le Faucon des mers  se mettre à quai. Puis je les ai vus se diriger vers la jetée. J'ai entendu des cris, mais j'ai pas bien vu... j'étais caché. Il y avait cinq ashigarus et Mentokei, un des forestiers qui travaillait pour Jaba quand il habitait dans les bois. C'était son garde du corps je crois. Combien ils sont là-bas? Une dizaine je crois. Ils nous embauchent de temps en temps pour mettre des marchandises  sur l'Ile du Phare. Euh... oui je peux vous guider à leur cabane, mais ils vont pas être contents, je crois... oui, oui, on y va." Nous demandâmes au vieux Zanko d'héberger Chiko et de le cacher jusqu'à notre retour.

Il nous conduisit, à l'orée de la forêt où il nous indiqua un chemin, qu'il fallait suivre une haure durant, jusqu'à une clairière dans les bois. Arrêtant là le garçon, Ijatsu-san le remercia avant de lui confier son insigne de Yoriki. Il lui ordonna de se rendre au palais du Daimyo et de dire à Imeiko-sama où nous étions et ce que nous faisions. Poussant plus avant, nous empruntâmes la voie forestière, terminant comme prévu au niveau de la clairière où siégeait une scierie et une maison de forestiers. Si certains d'entre nous avaient le pas leste et discret, d'autres ne s'embêtaient pas pour passer inaperçus, aussi nos ennemis ne furent pas surpris de notre arrivée. Un couple d’ashigarus se tenait près de la scierie, montant la garde, tandis qu'un autre tandem encadrait la porte d'une grande bâtisse en bois.  
Ils chargèrent en donnant l'alarme, faisant tournoyer leurs haches. Ayeka-san et Ijatsu-san foncèrent sur la bâtisse tandis que nos deux Crabes prenaient vers la scierie. Je priai les kamis du feu pour que le katana de Dozan-san devienne une "Lame Acérée", avant de faire pleuvoir les éclairs grâce à la "Fureur d'Osana-Wo". Des renforts arrivèrent bientôt, plus vite que nous ne vainquions nos opposants. Notre fille du Dragon encaissa une vilaine frappe de kama, mais tint bon contre quatre adversaires, leur opposant une barrière d'acier de son niten. Le champion de Topaze fit des miracles, tranchant les heimins comme des fétus de paille, à l'image de Kyoshi-san, qui de son No Dachi d'obsidienne coupa en deux un bûcheron dans le sens de la hauteur. Arriva un bushi d'une stature impressionnante, maniant deux kamas simultanément. Repoussée dans ses derniers retranchements, Ayeka-san émit soudain un cri bestial, suivi d'une explosion de flammes, baignant ses adversaires de feu et en carbonisant un pour de bon. Au prix d'une lutte interne de courte durée, ses yeux, qui étaient devenus deux braises de violence, redevinrent normaux. Un vrai dragon miniature ! Alors que Kyoshi-san avait forte affaire avec son adversaire, qui ne pouvait être que Mentokei, je remarquai que le bushi saignait d'un sang noir, probablement la raison de sa résistance accrue. Comprenant qu'il était souillé, je déchainai sur lui une "Frappe de Jade", dernier sort que je pourrais me permettre aujourd'hui, malheureusement sans succès. Tadoshi-san vint finalement au secours de son compatriote et le poussa à la faute pour que Kyoshi-san l'achève de son grand sabre.

En sous-sol, nous trouvâmes enfin Yazuki Solo-san, bien amoché et blessé à la tête. Une grille que nous ouvrîmes révéla une pièce pourvue de coffres et de wagons où brillaient des éclats d'obsidienne. Des rails en partaient à travers un boyau s'enfonçant vers les entrailles du volcan.


Dernière édition par Babanek le 08/03/17, 10:07 am, édité 1 fois
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre quatre

Message  Babanek 08/03/17, 01:46 am

En sous-sol, nous trouvâmes enfin Yasuki Solo-san, bien amoché et blessé à la tête. Une grille que nous ouvrîmes révéla une pièce pourvue de coffres et de wagons où brillaient des éclats d'obsidienne. Des rails en partaient à travers un boyau s'enfonçant vers les entrailles du volcan.

Yasuki Solo-san libéré, Kyoshi-san s'empressa de lui appliquer les premiers soins, mais ses récents passages à tabac l'avaient laissé groggy. Alors que nous nous préparions à repartir, après une bonne heure supplémentaire de repos, nous entendîmes le pas forcé d'une dizaine de personnes arrivant de la forêt.
Apparurent cinq bushis du Mille-pattes encadrant Isawa Kitsukawa-san et menés par le petit Ando, visiblement à bout de forces. A notre étonnement, Bayushi Minoko-san les accompagnait.  Bénie par Benten, la samouraï-ko du Scorpion masquait à peine son visage par de fins embellissements de perles et son kimono cramoisi et moulant ne cachaient rien de ses formes pleines mais athlétiques.
Elle nous apprit que Doji Yamato-sama avait décidé de se rendre personnellement sur l'Ile du Levant pour assister aux événements, accompagné de quelques Yorikis. Il avait appris en arrivant que l'un de ses Magistrats était sous le coup d'un duel à mort pour défendre l'honneur de Moshi Imeiko-sama contre celui du représentant du Champion de la Mante. Ando était alors arrivé, poussé par les kamis du vent, délivrant l'insigne d'Ijatsu-san et indiquant notre localisation et nos intentions. Le Magistrat d'Emeraude avait immédiatement envoyé cette troupe nous rejoindre.
Ne perdant pas un instant, Ijatsu-san ordonna aux 2 étas accompagnant la troupe de fouiller les cadavres les ashigarus et du bushi Mentokei. Il s'avéra que 5 des ashigarus étaient également souillés, aussi furent-ils brûlés sans attendre.
Devant mes compagnons perclus d'hématomes et de coupures, je demandais humblement à Kitsukawa-san de pardonner leur pudeur et de bien vouloir les soigner de ses prières aux kamis de l'eau. Ce dernier, visiblement très efficace dans cet exercice, leur permit un regain d'énergie immédiat, les remettant tous sur pieds, Yasuki Solo-san y compris.

A présent qu'il avait l'esprit plus clair, nous pûmes enfin le rassurer sur l'état de son compagnon Chiko, avant de lui expliquer les récents événements survenus, en son absence, durant le repas de mariage. Nous le questionnâmes alors sur Jaba, lui demandant de nous expliquer le contentieux qui les opposait.
Yasuki Solo-san était visiblement gêné par son passé, aussi, il lui fût promis que toute réserve gardée, nous passerions l'éponge sur certaines choses s'il servait ici la justice. Il nous avoua alors avoir travaillé pour Jaba, alors basé ici et surnommé "le Forestier", durant une bonne dizaine d'années, durant lesquelles il transportait des essences de bois rares par bateau. Il lui arrivait ponctuellement de transporter également, dans la soute cachée que j'avais repérée sur son navire, des caisses contenant de l'obsidienne tout droit sortie de la mine dont nous venions de trouver une nouvelle entrée. Cette obsidienne n'était pas enchantée et dangereuse, son transport était donc interdit, mais elle était néanmoins livrée en Terres Kuni pour y être transformée en armes, défendant notre grand Empire contre les démons de l'Outreterre. Nous ressentîmes la loyauté que Solo-san portait à son clan et à cette tâche sacrée , bien que sa contrebande évite les taxes et permis imposés par le système rokugani.
Il y a 3 ans, Jaba avait subitement décidé de quitter la forêt pour résider au Village des Calamars. Jaba se mit à limiter les livraisons de Solo-san à de l'obsidienne non traitée et le lieu de livraison fût déplacé à un dépôt au Village des Eaux Pures. Dérangé par ce changement et sentant par instinct que quelque chose clochait, le capitaine Solo s'était un jour faufilé dans ledit dépôt pour observer la personne prenant les caisses qu'il y laissait. Il découvrit un être blafard aux yeux rouges, qu'il identifia comme un Revenant, un mort relevé par la sombre magie des Maho-Tsukai. A la différence des zombies, ces êtres ne pourrissaient pas et gardaient leurs facultés mentales, en faisant les agents idéaux pour s'intégrer dans notre société et la saboter pour l'Outreterre. Ainsi, l'obsidienne ne parvenait plus aux Kaiu, mais à leurs ennemis de l'autre côté du Mur. C'en fut trop pour Solo-san, qui confronta la créature et la tua, avant de jeter à la mer sa cargaison maudite et de couper les ponts avec Jaba.
Au vu des éléments que nous possédions, il semblait évident que Jaba avait trouvé un nouvel agent, probablement toujours au Village des Eaux pures et qu'il avait travaillé durant les trois dernières années de concert avec l'Oni no Fuburu, continuant de livrer l'obsidienne en la faisant transiter par cette clairière puis l'île du phare grâce à Ando.
Nous avions ici de quoi inculper Jaba sans crainte et le faire exécuter, grâce au témoignage de poids du capitaine Solo.

Bayushi Minoko-san, après avoir intégré les faits de son côté, nous fit part de son analyse. Selon elle, nous devrions demander publiquement à Dietsu-sama à qui il désirait confier le pouvoir de Seigneur de l'Ile du Levant. Si ce dernier désignait Jaba, ce qui était plus que probable vu leur proximité, alors l'insulte faite à Imeiko-sama, aux yorikis impériaux et au clan du Crabe, en vue de placer sur le trône un personnage impliqué avec un Oni serait suffisante pour discréditer le choix de Dietsu-sama. Yoritomo-sama serait obligé de se détacher de la parole que son représentant avait proféré, en son nom, en son absence. Ceci n'étant bien sûr valable que si le fils du Champion de la Mante était quelqu'un d'honorable, mais il nous fallait compter dessus.

Nous repartîmes, tout d'abord pour le Village des Pêcheurs. Pendant que Solo-san retrouvait Chiko et se nettoyait avant de passer ses habits prévus pour la cérémonie, une idée me vint.
Il était toujours bon d'avoir le plus d'informations possible avant tout procès et il me revint en tête notre première mission. Tsurushi Akame-san avait péri, empoisonné par feu Moshi Ideka-sama, mais peut-être avait-il eu des informations qui nous faisaient défaut, impliquant peut-être Dietsu-sama et Jaba bien avant le mariage. Je demandai aux habitants de ce Village s'ils l'avaient-ils côtoyés et en effet, Ando avait connu le Yoriki. Il pût même me guider à la maison où il avait logé, puisqu'elle faisait partie de ce village. Les villageois l'évitaient, prétextant qu'elle était hantée, inhabitée avant la venue de Tsurushi-san et depuis sa disparition. Le flair d'Ijatsu-san nous permit de découvrir rapidement une cache dans le plancher, où il trouva son journal d'enquête. Il y détaillait les éléments collectés sur le marchand Chozu, les disparitions en masse dans le village du nord, la déchéance de Moshi Ideka-sama... mais hélas rien qui ne pouvait nous aider présentement. Je quittai les lieux après une prière d'apaisement aux kamis, qui me répondirent être plus tranquilles depuis quelques temps déjà, probablement quand nous avions découvert le sort de Tsurushi-san. Je me promis de faire en sorte que ce carnet parvienne à sa famille.

Nous fûmes de retour au palais du Daimyo vers 17h et Imeiko-sama fut visiblement très émue du retour du gentil vaurien du Crabe, bien qu'elle s'efforce de le cacher. Nous nous empressâmes de nous laver et de nous purifier, avant de nous changer pour la soirée. J'aurais aimé faire un discret tour dans la demeure de Jaba, toujours afin de trouver des éléments supplémentaires, mais le temps nous faisait cruellement défaut.
Nous attendîmes la venue de Yoritomo-sama dans le jardin de Moshi Ideka-sama, sur une terrasse dédiée à la plénitude de l'esprit. Là, nous méditâmes et pratiquâmes une cérémonie du thé, nous recentrant sur nous-mêmes et la suite des événements. Ijatsu-san eût un bref entretien avec Doji Yamato-sama, durant lequel il l'informa de certaines avancées de notre enquête et de notre intention de confronter Jaba et Dietsu-sama pour les discréditer auprès de Yoritomo-sama et éviter un duel trafiqué et risqué à notre compagnon. Notre supérieur, apparemment très affable en privé, nous confia qu'il garderait sa distance tant que notre succès n'était pas établi, mais qu'il saurait reconnaître notre valeur si l'on nous donnait raison.

Vers 18h, un brouhaha se fit entendre en bas et les portes s'ouvrirent bientôt sur un jeune bushi athlétique, imberbe et balafré à l'œil droit d'une longue cicatrice. Du haut de ses 16 ans, Yoritomo-sama avait déjà l'aplomb et la puissance des grands de notre Empire. Il était suivi de deux rangées de 10 bushis en armure verte et armés de kamas : la fameuse Légion des Tempêtes de la Mante. Jaba, Dietsu-sama et leurs suites venaient ensuite.
Nous prîmes place dans la grande salle, ayant demandé à Solo-san de rester caché pour le moment et de ne se montrer qu'au moment où sa présence aurait le plus de poids.
Yoritomo-sama se plaça sur l'estrade, Moshi Wakiza-sama à sa droite et Doji Yamato-sama à sa gauche. Devant eux, côté droit, se tenaient Dietsu-sama et Dairya, côté gauche Imeiko-sama et Dozan-kun. Le reste de l'assistance venait ensuite, le tout encadré par les bushis de la Légion des Tempêtes.

Sentant que Yoritomo-sama donnerait son jugement d'ici quelques instants et qu'il fallait se prononcer avant, je me jetai à l'eau et fis un pas en avant, immédiatement imité par Ijatsu-san.
"Seigneur Yoritomo, moi Soshi Tôchiro, shugenja de l'Ecole Soshi et Yoriki impérial, demande que vous entendiez quelques éléments avant de vous prononcer." Avec son aval, je poursuivis. "J'ai tout d'abord une question pour Dietsu-sama : qui avez-vous prévu de placer sur le trône de seigneur de l'Ile du Levant, si Moshi Imeiko-sama devait perdre la vie suite à ce duel?"
Yoritomo-sama ordonna à Dietsu-sama de s'exprimer, ne lui laissant aucune alternative.
"Seigneur, j'ai bien évidemment anticipé la question. La souillure qui a durant 3 ans infecté le corps et l'esprit d'Imeiko-san aurait pu avoir des conséquences catastrophiques pour l'Ile du Levant, placée sur nos bonne terres de la Mante. Aussi ais-je eu à cœur de réfléchir à un remplaçant de confiance. Ce choix s'est imposé de lui-même, en la personne de Yasuki Jaba-san, qui durant 3 années d'isolation du Daimyo, s'est efforcé d'assumer la cohésion de l'île et le fonctionnement du prélèvement de la taxe pour notre Empire bien-aimé."
Au regard interrogateur du Champion de la Mante en devenir, je répondis : "Je constate avec joie que Dietsu-sama place toute sa confiance et engage son honneur envers Yasuki Jaba-san."
Yoritomo : "Bien, cela étant dit, passons à..."
"Cependant..., poursuivis-je, nous, Yorikis, avons des éléments et deux témoignages qui prouvent que Yasuki Jaba-san est indigne de cette confiance." Chuchotements et exclamations étouffées dans la salle, à présent suspendue à mes lèvres.

Je détaillai tout d'abord l'exploitation, le transport et la vente d'obsidienne non purifiée par Jaba, utilisant pour premier témoin Ando. Ce dernier confirma que le transport de marchandises cachées dans des caisses vers l'Ile du phare avait toujours lieu, sur ordre d'ashigarus dirigés par Mentokei, ancien yojimbo de Jaba. Yoritomo-sama sembla reconnaître le nom de Mentokei, bushi de la Mante.

J'en appelai ensuite à Yasuki Solo-san que j'encourageai à raconter les dix dernières années de sa vie, à nouveau sous une vague d'exclamations. Dietsu affichait un masque de neutralité, mais Jaba blêmissait à vue d'oeil.
Le courtisan du Crabe fit à nouveau le récit qu'il nous avait détaillé dans la forêt, précisant qu'il s'était déjà excusé auprès de nous de sa contrebande passée. Il évoqua la poursuite du transport de l'obsidienne, qui lui était auparavant échu, par Mentokei et ses sbires, toujours aux ordres de Jaba. Il conclut qu'il avait, à la découverte du Revenant, coupé tout lien avec un homme qui ne servait plus sa famille, ni son Clan, ni l'Empire, mais leurs ennemis. Jaba avait essayé de l'éliminer à plusieurs reprises depuis son retrait et nombre de gens de l'Ile pouvaient attester de son changement d'habitudes et de la distance prise avec le trafiquant Yasuki.

Cette fois, Jaba s'était souillé, inondant le sol et obligeant ses voisins à se presser pour s'en éloigner.
Yoritomo-sama se leva et se dirigea vers lui, le toisant d'un œil noir : "Yasuki Jaba, cessez-donc de souiller le sol et avancez pour défendre votre cas".
Les paroles de Jaba furent simples et sans trop de conviction : "Il vous appartient Seigneur, de choisir entre un vagabond errant, que l'on dit même pirate, et celui qui a assuré la pérennité de cette île durant les 3 dernières années."
"En effet, cela m'appartient." D'un rapide iaijutsu, le fils du Champion de la Mante décolla la tête de Jaba de ses épaules. Sans un regard pour la dépouille rapidement saisie par des étas rasant le sol et se mettant à le nettoyer, il se tourna ensuite vers Dietsu-sama.
" Dietsu, j’ai été appelé par Moshi Imeiko-san pour décider de la tenue d’un duel vous opposant. Le duel aura bien lieu. Néanmoins, Dietsu, vous avez fait affront aux Magistrats d’Emeraude, au clan du Crabe et à la Daimyo de cette île, alors que vous représentiez le clan de la Mante. A moins d’aggraver votre cas en impliquant l’honneur de l’un de vos Yojimbos, vous devrez défendre le votre seul. Ronin, dit-il en se tournant vers Dairya, avez-vous été payé pour vos services ? "
" Oui, Seigneur "
" Alors vous pouvez considérer votre contrat comme rempli et quitter l’Ile sur l’heure. Le duel aura lieu demain à l’aube, devant le palais. Mangeons à présent. "

D’un hochement de tête de Yoritomo-sama, deux de ses légionnaires vinrent encadrer Dietsu pour ne plus le quitter d’une semelle.
L'assemblée de dissipa, la tension étant toujours haute, bien que Dozan-kun eut l'air soulagé. Les convives se mirent à discuter à voix basse pendant que les heimins installaient les tables dans une ambiance feutrée.
La suite de Jaba et ses ronins quittèrent les lieux, têtes basses. Les deux Yojimbos de Dietsu, dont on ne savait pas encore lequel des deux jumeaux combattrait demain, partirent également, pour se purifier, méditer et se préparer au duel.
Moshi Imeiko-sama nous fit savoir durant le repas que nous étions conviés à la prière à Amaterasu qui avait lieu à 6h en haut de la falaise pour accueillir les premiers rayons du soleil. Le duel aurait lieu à 7h et si mariage il devait y avoir, il se tiendrait au zénith, à midi.
Alors que Dozan-kun quittait la table, Yoritomo-sama passant près de lui glissa ces mots : "L'équilibre est rétabli, mais les Fils des Tempêtes ne meurent pas sans combattre. Bonne chance, Champion de Topaze."

Nous nous retrouvâmes comme prévu en haut de la falaise pour saluer l'arrivée d'Amaterasu et la prière qu'entonnèrent Moshi Wakiza-sama et Imeiko-sama restera gravée dans mon esprit comme l'une des plus belles choses que j'aie entendu. Leur voix mêlées et harmonieuses emplissaient l'espace et recevaient visiblement les faveurs de la déesse Soleil, qui nous baigna d'une chaleur apaisante. Dozan-kun, qui semblait avoir bien dormi, paraissait détendu et prêt à tout.
Revenus devant le palais, un attroupement s'était formé entre les portes de l'enceinte et le pont y menant, le tout encadré par la Légion des Tempêtes. C'était finalement Turo-san qu'avait choisi Dietsu-sama. Son frère Kobai-san se tenait à genoux au premier rang des spectateurs. Sur l'ordre de Yoritomo-sama, encadré comme la veille, les deux duellistes s'avancèrent, quittant le giron de celui ou celle qui subirait leur sort.
Dozan-kun et Turo-san se présentèrent l'un à l'autre avec les formules d'usage avant de se saluer, sous un silence à couper au No Dachi. Les duellistes prirent la position du iaijutsu, une main sur le saya de leur katana, l'autre sur la tsuka. Ils s'observèrent durant quelques secondes, qui parurent une éternité tant la pression de leur regard était lourde. Le doute s'afficha sur le visage de Turo-san, qui semblait prendre la pleine mesure du Champion de Topaze. La pression continua de croître, alors que les deux bushis se concentraient.
Soudain, Dozan-kun bougea, d'un mouvement rapide et puissant, émettant un son unique et métallique. Une profonde entaille se dessina sur le torse du bushi de la Mante, d'où commencèrent à sortir ses intestins, l'armure ayant été fendue comme une feuille de papier. Turo-san tenta une riposte, mais la douleur l'empêcha de porter le coup puissant qu'il préparait et Dozan-kun n'eût aucun mal à l'esquiver. D'un mouvement fluide en retour, le duelliste du Phénix saisit son katana à deux mains avant de porter le coup fatal à son adversaire. D'un coup de poignet maîtrisé, il fit gicler le sang de sa lame, avant de la rengainer et de saluer le corps du samurai de la Mante. Puis il se replaça derrière Imeiko-sama. Quel sang-froid ! Je fis le vœu de ne jamais avoir à combattre moi-même en duel et remerciai le ciel que Dozan-kun m'ait proposé de combattre pour moi si un jour j'y étais contraint.

Devant l'hésitation de Dietsu-sama, qui blanc comme un linge s'avançait en tremblant et en tentant de sortir son wakizashi, Yoritomo-sama glissa à Kobei-san que son seigneur avait besoin d'assistance. Le yojimbo se plaça derrière son maître et dégaina son katana alors que l'ex-représentant du Champion s'agenouillait.
" Non, fit Yoritomo-sama, qu'il meure comme une Mante."
Le bushi rengaina son sabre et sortit son kama, alors que Dietsu craquait et criait de panique, son sabre toujours rangé. Son yojimbo le décapita sans plus attendre d'un unique coup puissant.

Le futur Champion de la Mante annonça alors que les possessions de Yasuki Jaba étaient dès lors transmises à Moshi Imeiko-sama, seigneur de droit de l'Ile du Levant devant les Kamis et le Fils du Ciel, qui en disposerait comme bon lui semblerait.
Devant les inquiétudes d'Ijatsu-san qui redoutait d'éventuelles représailles de Turo-san visant Dozan-kun, je demandai au seigneur Yoritomo ce qu'il adviendrait du yojimbo. Il apaisa mes craintes en annonçant qu'il avait décidé de faire du bushi un membre de la Légion des Tempêtes, le gardant ainsi auprès de lui.
Alors que la foule repartait, Moshi Wakiza-sama vint nous trouver pour nous inviter, l'un après l'autre, à la cérémonie de mariage, au temple d'Amaterasu.
Je ne pus m'empêcher de féliciter Dozan-kun d'une tape dans le dos, alors qu'il repartait se changer, la conscience soulagée d'un poids.

Nous retrouvâmes au temple, outre les mariés, le seigneur Yoritomo, Moshi Wakiza-sama qui officia la cérémonie, ainsi que Hida Tadoshi-san. Alors que le mariage se déroulait et que le soleil nous baignait littéralement de lumière, je ressentis la forte présence des kamis du feu et plus particulièrement celle d'Amaterasu elle-même, qui était descendue bénir cette union. Les promis échangèrent leurs vœux de fidélité avant d'être bénis par Moshi Wakiza-sama et que Yoritomo-sama ne lient leurs mains enlacées d'un ruban rouge, concluant l'union tant attendue.
La procession redescendit, suivie par les mariés, jusqu'au palais et à la grande salle où cette fois les festivités purent avoir lieu sans frein. Durant plusieurs heures, la joie et les rires emplirent la pièce, alors que des mets toujours aussi délicieux étaient servis, maître Subotai s'étant surpassé. Ijatsu-san fit bien évidemment honneur au saké dont il connaissait à présent la moindre des subtilités, le plus éphémère des arômes. Je remarquai que Kobei-san portait à présent l'armure de la Légion des Tempêtes et encadrait les festivités d'un air détaché.

Vint enfin le moment des hommages aux mariés et les heimins influents commencèrent à défiler, offrant aux mariés divers présents, qu'ils refusèrent poliment avant de finalement les accepter à la 3e tentative, comme le voulait la coutume et l'étiquette rokugani.
Tadoshi-san présenta à Moshi Fujirai-sama un paquet emballé que le seigneur ouvrit avant de rapidement le refermer et le cacher, hilare et ravi. Certains purent apercevoir une peau tannée pouvant être celle d'un gobelin, sur laquelle était peinte une scène de bataille contre les Onis, derrière le Mur des Bâtisseurs. Un présent qui aurait valu à Tadoshi-san les pires foudres en un autre lieu, mais qui ici semblait parfaitement bienvenue. Yoritomo-sama y alla même d'un sourire en coin, comprenant visiblement le lien unissant les deux Crabes.
A notre tour, nous offrîmes les cadeaux que nous avions préparés et avions eu la crainte de ne jamais pouvoir transmettre, exercice difficile s'il en est, bien que nous le pratiquions avec tout notre cœur.

Une fois les hommages faits aux mariés, nous fûmes surpris par Imeiko-sama qui annonça avoir elle-aussi des présents à délivrer.
Elle appela tout d'abord Kyoshi-kun et Ijatsu-kun, qui reçurent chacun une amulette en or béni représentant la déesse Amaterasu et ayant pour but de les protéger des démons, qu'ils viennent de l'Outreterre ou soient issus de leur esprit. Kyoshi-san fût particulièrement remercié pour son combat contre le démon ainsi que pour s'être occupé de faire soigner les mineurs détenus et souillés par l'Oni no Fuburu. Elle souhaita à Ijatsu-san, qui avait du mal à articuler à cause du saké, qu'il puisse retrouver qui il était réellement, ce qui sembla le soulager d'un poids énorme.
Imeiko-sama appela ensuite Taiko-san et moi-même, pour nous remettre à chacun un coffret en bois précieux où reposait un parchemin roulé et enluminé. Elle nous remercia pour notre volonté à rechercher la vérité, à dépasser notre seul devoir et à venir en aide aux kamis de l'air et du feu de l'Ile du Levant, de même qu'à sa population. Mettant en avant notre lien en tant que shugenjas, elle nous fit don de prières aux kamis du vent, tracées par sa mère elle-même, permettant d'obtenir des esprit de l'air qu'ils nous fassent léviter. La valeur sentimentale que représentait ce présent me fit chaud au cœur et c'est avec la plus grande des reconnaissances que je l'acceptai, bien qu'il me coûta d'en priver Imeiko-sama, tellement l'honneur qui m'était fait me dépassait.
Ayeka-san reçut une distinction spéciale pour le rôle qu'elle avait joué en accompagnant feu Moshi Ideka-sama dans ses derniers instants et en lui offrant une mort de guerrier. Pour avoir apaisé leurs ancêtres et avoir permis que perdure la lignée d'Imeiko-sama, la Daimyo récompensa la bushi du Dragon de sa propre amulette d'Amaterasu en cristal, qu'elle détacha de son cou pour en apprêter Ayeka-san. Elle espérait ainsi que cette amulette, qu'elle avait héritée de sa mère et qui l'avait protégée durant sa captivité saurait garder notre compagnon d'arme de tout mal. Elle tira même une larme à la bretteuse Mirumoto en lui annonçant, que si les cieux lui accordaient une descendance féminine, avec l'accord et la bénédiction de Moshi Wakiza-sama, future Daimyo du Mille-pattes, sa première fille aurait pour prénom Ayeka.
Vint enfin le tour de Dozan-kun, qui fut remercié par Imeiko-sama avec chaleur, pour avoir, par son action, préservé le futur et la sécurité du peuple de l'Ile. Il fût doublement remercié pour avoir, par conviction personnelle, défendu l'honneur d'Imeiko-sama et de sa lignée devant la justice impériale, lavant son honneur aux yeux de tous. Il incarnait la justice du Fils des Cieux, au-delà du devoir du Yoriki et de l'ambition d'un Champion de Topaze. N'ayant pas de présent matériel à la hauteur de sa gratitude, la Daimyo invita Dozan-kun à se rendre le lendemain au village des Forges de la Lune où, s'il l'acceptait, Kaiu Miryeko-sama prendrait soin de la lame de son katana et par extension de son âme, comme le voulait la croyance populaire.
Elle remercia Doji Yamato-sama de lui avoir envoyé des Yorikis si illustres et éclairés, nous faisant tous rougir malgré nous, avant de lever son verre à Hantei XXXVIII notre Empereur.

Nous décidâmes d'accompagner Dozan-kun aux Forges de la Lune, pour certains par curiosité envers le travail de la forgeronne Kaiu, pour d'autres pour la promenade et la détente qu'offrait cette escapade après trois jours si chargés en événements.
Peu avant le village, un rônin qui semblait attendre le long de la route se leva à notre passage. Otant son large chapeau, Dairya fit face à Dozan-kun, muni de deux bokens en bois. Il avait un bateau à prendre mais s'était dit que notre duelliste Shiba risquait d'être déçu de ne pas avoir pu se mesurer à lui. Dozan-kun accepta de bon cœur de se prêter à l'exercice afin d'entrevoir le chemin qui lui restait à parcourir. Bien qu'armés de sabres d'entrainement, les deux adversaires prirent l'affaire tout à fait au sérieux, s'immisçant dans l'état second du iaijutsu prêt à être déchainé, concentrés à l'extrême. Mais Dozan-kun se relâcha soudain avant de s'incliner, écrasé par ce qu'il avait pu discerner de son adversaire en l'observant. Dairya accepta son retrait, félicitant la clairvoyance de notre camarade et l'encourageant pour la suite. Dozan-kun promit au rônin qu'ils se rencontreraient à nouveau, d'ici quelques années et qu'alors, il irait au bout du duel et le vaincrait.
J'appris par la suite d'Ijatsu-san qu'il avait un peu discuté avec le rônin l'avant-veille. Dairya avait été recruté il y a quelques temps déjà par Jaba et s'était retrouvé au milieu d'une machination qu'il n'avait pas voulue. Notre Kitsuki n'était probablement pas étranger à l'occasion que venait d'avoir le Champion de Topaze d'affronter le célèbre duelliste.

Kaiu Yochimi-san nous accueillit à l'entrée du village et nous mena à sa maîtresse. Dozan-kun lui offrit son sabre avec déférence et durant presque quatre heures, elle travailla d'une main de maître, effectuant un travail précis et spirituel, honorant les ancêtres du Phénix et polissant son âme en même temps que sa lame.
Rendant son katana à Dozan-kun, elle lui qu'elle avait reçue d'Imeiko-sama l'autorisation de lui vendre un wakizashi en obsidienne bénie, le premier à être sorti des Forges de la Lune, pour un prix tout à fait symbolique. Le lui offrir durant la cérémonie aurait pu être considéré comme une insulte envers le seigneur du duelliste Shiba, mais toute réserve était levée par cette voie dérobée et commerciale. Notre compagnon accepta avec humilité, remerciant la forgeronne et par extension la Daimyo de l'Ile du Levant.
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre cinq

Message  Babanek 30/04/17, 06:55 pm

De retour au Village de l'Eau pure, je n’eus que peu de repos. On me confia, à peine arrivé, une mission visant à apaiser les kamis de l’air au sein du temple qui leur était principalement dédié. Une tempête approchait et le port de la ville risquait gros, aussi mes services furent requis pour assurer un retour sauf aux pêcheurs et je n’eus pas le loisir de poursuivre immédiatement la piste de l’obsidienne.

Je fus convoqué quelques jours plus tard par Doji Yamato-sama et retrouvai mes nakamas Yorikis auprès de lui. Il leur demanda alors de s’expliquer sur les évènements de la nuit passée, ce qu’ils firent, comblant mon ignorance. Guidés par Yazuki Solo-san, ils avaient eu tôt fait de retrouver l’entrepôt où le navigateur Crabe avait affronté et défait un revenant. Ils avaient également facilement obtenu le nom du propriétaire de l’entrepôt, un certain Saemon.
Mais lorsqu’ils avaient demandé, auprès la Magistrature d’Emeraude, l’autorisation de perquisitionner les lieux, on leur fit clairement comprendre que le propriétaire était dans les petits papiers du Conseil de la ville. Ce Conseil rassemblait certains membres haut placés du clan du Crabe, principalement des Yasukis, et semblait obtenir tous les passe-droits qu’il jugeait nécessaires à sa guerre contre l’Outremonde. L’Empereur dicte les lois mais les lois vivent et évoluent pour le bien de l’Empire... On fit comprendre à mes compagnons Yorikis que la précédente équipe de Magistrats d’Emeraude avait été remplacée car elle avait justement poussé trop loin certaines recherches et empiété sur les secrets du Conseil. Aussi avaient-ils pris toutes les précautions durant la suite de leur enquête, Doji Yamato-sama ne pouvant les soutenir que s’ils trouvaient quelque chose d’assez concret et solide pour engager sa parole face à ce groupuscule qui, dans l’ombre, dirigeait le Village de l'Eau pure.
Qui plus est, Saemon avait auprès des marchands de la ville une bonne réputation, donnant parfois une protection gratuite aux marchands qui n’étaient pas affiliés aux clans. Le bénéfice du doute pouvait donc lui être réservé, quant à son implication dans les faits.
Ils s’étaient rendus aux abords de l’entrepôt, gardé en ce début de soirée par un seul bushi, afin d’identifier les lieux. Puis ils avaient opté pour une approche semblant plus fortuite, dans l’espoir de trouver une voie d’accès détournée.
Descendant au niveau de la mer, ils avaient trouvé une voie d’eau souterraine, communiquant avec les égouts. Taïko-san avait invoqué un kami habitant les égouts pour lui demander s’il avait repéré les signes de souillures. Il y en aurait forcément aux alentours de l’entrepôt, s’il avait accueilli des revenants. Patchinko !
Le kami avait bel et bien remarqué un établissement ferme et ponctuel de la souillure et guida les Yorikis dans un dédale de canalisations, jusqu’à atteindre un appontement dans les égouts, donnant sur la porte du sous-sol d’un entrepôt.

A peine avaient-ils pénétrés dans la pièce qu’ils furent assaillis par une demi-douzaine de personnes à la peau blême et aux yeux injectés de sang. Ils avaient à peine eu le temps de les voir foncer vers eux, qu’ils avaient entendu une brève psalmodie, se concluant par la venue subite de ténèbres insondables. C’est Imeiko-sama, qui par ses présents, avait incarné le salut de mes compagnons en bien mauvaise posture.
Ayeka-san, que son amulette d’Amaterasu permettait de voir au sein des plus sombres ténèbres, avait sauvé la vie de Dozan-kun alors qu’il se faisait attaquer dans le noir. Taïko-san avait ensuite mis à profit la prière à Dame-Soleil récemment apprise et dissipé les ténèbres, sauvant manifestement la vie à mes compagnons. S’était ensuivi un terrible affrontement, leurs ennemis se révélant être cinq revenants guidés par un Maho-tsukai. L’endurance de Kyoshi-san avait à nouveau été mise à rude épreuve, celui-ci encaissant nombre des attaques des revenants et utilisant ses dons contre la souillure pour purifier ces âmes perdues. Ayeka-san avait fait danser ses sabres et Dozan-kun avait découvert avec joie que la décapitation permettait une fin rapide à ces vies impies, écourtant trois des revenants de ses attaques précises.

Lorsque tout eut été terminé, mes compagnons Magistrats avaient emprunté un escalier maçonné donnant sur l’intérieur d’une fausse caisse trônant, sans surprise aucune, au beau milieu de l’entrepôt qu’ils visaient. Plus aucun bushi n’en assurait la garde. Tandis qu’ils faisaient mander un renfort de Yorikis pour assurer cette nuit la garde de l’entrepôt, ainsi qu’une poignée d’etas pour disposer des cadavres souillés, Ijatsu-san avait étudié de plus près le Maho-tsukai. Celui-ci pouvait aisément passer pour un humain normal, tant son apparence était banale. L’enquêteur Kitsuki avait trouvé dans sa sacoche un kimono de la famille Yasuki, propre et de très bonne facture, une dizaine de kokus qui se transformeraient bientôt en bouteilles de saké, ainsi qu’une correspondance cryptée. Taïko-san, qui était plein de ressources, l’avait rapidement déchiffrée: « Sommes sur place. Attendons marchandises à la Cité des Champs de Soie. Maemi ». Ainsi donc, la piste menait aux terres Bayushi… voilà qui augurait quelques difficultés… Dans l’entrepôt, quelques traces de poussière d’obsidienne avaient été découvertes, mais aucune cargaison illicite autre qu’une paire de défenses d’éléphants.
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre six

Message  Babanek 30/04/17, 06:55 pm

Après ce rapport, Doji Yamato-sama fit entrer un heimin, qui se présenta comme Oyadju, envoyé par Saemon-san qui sollicitait notre présence chez lui pour une entrevue.
Nous demandâmes la Magistrature de nous préparer des papiers de voyage pour les terres Bayushi et la Cité des Champs de Soie, tandis que nous irions rendre visite à Saemon-san.

Oyadju nous guida à travers le Village de l'Eau pure vers le quartier du Grand temple de Daikoku, avant de nous annoncer à la porte d’une résidence privative de bonne taille, entourée d’un mur d’enceinte et gardée par un samurai sans mon.
La résidence de Saemon-san était cossue, comprenant un jardin spacieux, doté d’une cascade et de bains, ainsi que d’une tonnelle. Mince et d'allure digne, le maître des lieux était attablé seul et disputait une partie de go contre lui-même. En nous approchant, nous eûmes la surprise de découvrir un visage gravement brûlé jusqu’au niveau des yeux, fermés ! Tenter de me souvenir de la position des pièces de tout un jeu de go, tour après tour, m’infligea un bref vertige. Ainsi, notre hôte faisait preuve d’une intelligence et d’une mémoire remarquables. A l’instar de son garde, présents à l’entrée du jardin, Saemon-san portait le daisho et un kimono gris, mais aucun mon visible, ceux-ci ayant même été retirés de ses armes. Dozan-kun loucha longuement dessus, confirmant l'apparente très bonne qualité de ces dernières. Ce daisho indiquait l'appartenance passée à un clan majeur.
Saemon-san nous invita pour une cérémonie du thé, durant laquelle il fit preuve d'une adresse étonnante malgré son handicap. Puis d'une voix claire et avec une élocution dénotant un haut degré d'éducation, il nous annonça avoir été informé d'incidents fâcheux en lien direct avec l'un de ses entrepôts. A l'évocation d'un Maho-tsukai dans la cache secrète dudit entrepôt, il avait été très surpris. Il avait alors jugé opportun de questionner directement les Yorikis présents, afin d'obtenir les informations les plus fiables possibles.
Mes camarades dépeignirent leur venue fortuite suite à la rumeur de revenants dans le quartier des embarcadères puis leur affrontement avec les créatures de Fu-Leng, qu'il soit mille fois maudit. Kyoshi-san demanda humblement à Saemon-san s'il pouvait le laisser déterminer s'il était souillé, requête à laquelle le marchand accéda sans hésitation, avec raison. Puis, ils questionnèrent Saemon-san, obtenant de lui l'aveu que presque tous les entrepôts de la ville possédaient au moins une cache secrète, avec un accès souterrain navigable, les siens ne faisant pas exception. Il nous donna le nom du ronin qu'il employait pour surveiller l'entrepôt durant la nuit et qui avait brillé par son absence hier, un certain Lando. Il demanda à Oyadju qu'il fasse livrer, dès que possible, la liste de ses employés ayant accès à cet entrepôt, ainsi que, plus immédiatement, l'adresse de Lando. Enfin, nous prîmes congé de Saemon-san, après qu'il nous ait assuré faire son possible pour démêler la situation de son côté.

Lando habitait relativement près de l'entrepôt de Saemon-san, dans un établissement peu ragoutant tenu par un aubergiste crasseux. Il nous confia que Lando habitait ici depuis un peu plus de 3 ans, qu'il passait le plus clair de son temps à boire du saké, ce qu'il avait également fait durant toute la nuit dernière avant de regagner sa chambre. Il nous y conduisit et nous ouvrit la porte du ronin, qui gisait au beau milieu d'un cloaque malodorant, bouteille de mauvais saké renversée à côté de sa couche, daisho posé dans un coin sans aucun égard. S'il avait autrefois dû être athlétique, son embonpoint actuel témoignait d'un laisser-aller vieux de quelques années. Lando ronflait comme le soufflet d'une forge et ne cilla même pas à notre entrée. Renvoyant l'aubergiste avec ordre de ne pas nous importuner, nous ouvrîmes la fenêtre avant de réveiller le ronin.
Après une difficile mise au point, il chercha son daisho des yeux un instant, avant de se raviser, comprenant que c'étaient des Yorikis lui rendaient visite. Il nous demanda alors quelques instants, le temps d'enfiler un kimono et de se passer un coup d'eau sur le visage. Lorsque nous lui demandâmes de justifier son absence d'hier soir à l'entrepôt, il cacha à peine sa gêne avant d'avouer que depuis longtemps déjà, il ne se donnait plus la peine de garder cet entrepôt. Il y allait relever la garde de jour, attendait quelques minutes, puis repartait consommer son argent si chèrement gagné. En grattant en peu, il rajouta qu'en réalité, il n'y allait plus pour protéger un être cher, une ancienne samuraï-ko du crabe dont il était tombé amoureux.
Un Yasuki nommé Masuka s'était un jour présenté, annonçant que sa bien-aimée était détenue prisonnière et qu'elle serait exécutée s'il n'abandonnait pas la surveillance de l'entrepôt, produisant pour preuve un pendentif accroché au saya de la samurai-ko et assorti à son kimono. Lando avait tenté de faire payer à l'homme cette infamie et avait récolté une flèche dans l'épaule, avant de se ranger et d'accepter les termes du marché. Un bref échange eut lieu dans le regard de mes compagnons avant qu'Ayeka-san n'annonce qu'une samouraï-ko, portant un kimono très semblable, avait été retrouvée morte le soir précédent. Qui plus est, la description de Masuka semblait concorder avec celle du Maho-tsukai affronté et vaincu la veille. Nous prîmes congé de Lando après l'avoir incité à aller rendre des comptes à son employeur et à prendre contact avec les moines pour donner un sens à sa misérable existence, sans trop d'espoir.

De retour à la Magistrature d'Emeraude vers midi, nous récupérâmes nos permis de voyage sur le territoire du Scorpion et plus particulièrement en terres Bayushi, avec une recommandation pour Ashidaka Nazitoki-sama, Magistrat d'Emeraude à Ryoko Owari et anciennement Grue vassale des Kakita.
Le capitaine Solo avait été réservé pour notre mission, aussi prîmes nous à nouveau nos quartiers à bord du Faucon des Mers. J'offris à Chiko un morceau de fromage trouvé sur un étal des quais.
Durant une dizaine de jours, nous remontâmes le fleuve au fond d'une vallée escarpée puis au milieu de l'étendue des terres Crabes, avant d'arriver au poste frontière marquant l'entrée de mon cher territoire Scorpion. Cela ne faisait que quelques mois que je l'avais quitté, mais la nostalgie me prit malgré moi. Après 5 jours de plus, Ryoko Owari Toshi fût en vue. Nous traversâmes rapidement la Cité des Mensonges, sûrement aussi peuplée que le Village de l'Eau Pure quoique plus étendue. Yasuki Solo-san nous déposé sur les quais du quartier noble et nous gagnâmes la Magistrature d'Emeraude, où nous passâmes la nuit dans les quartiers des invités, après un repas avec Ashidaka Nazitoki-sama.
Le lendemain, un poney fût confié à chacun. Les bêtes étaient dociles et visiblement entraînées à recevoir des voyageurs peu expérimentés, aussi les 5 jours de voyages suivants se déroulèrent-ils sans anicroche, malgré notre absence d'entrainement en équitation. La route de Kyuden Bayushi, que nous empruntions vers le sud-est, était pour tout dire des plus sûres, tant nous croisâmes de patrouilles de bushis Bayushi.

Kinu Nohara Mura, ou la Cité des Champs de Soie, était une petite cité agricole de 3000 âmes, dominée par une petite butte que coiffait un château de trois étages, où nous fûmes reçus par le Daimyo Bayushi Bakin-sama.
Après un bain parfumé délassant, nous prîmes nos appartements dans l'aile des invités, Ayeka-san possédant une suite jouxtant la nôtre. Puis nous fûmes invités à diner avec le seigneur des lieux, accompagné de son Karo, Bayushi Korenaga-san et du magistrat en chef de la cité, Bayushi Iemitsu-san.
Nous adonnant au jeu du Scorpion bavard, bien connu chez nous, nous nous fîmes fort de tenter de divulguer le moins de choses possible sur notre mission, alors que nos hôtes nous questionnaient de manière détournée. C'était sans compter sur notre dragonne, qui hélas avait ce soir-là la langue bien pendue et révéla, à elle-seule, la plupart des raisons qui nous amenaient ici. Nous ne pûmes rien obtenir des dirigeants de la Cité des Champs de Soie, bien qu'il soit presque impossible qu'ils limitent leur activité à la seule protection de la route et à la culture des vers à soie.

Nous prîmes congé pour nous endormir du repos du juste, éreintés par notre voyage et heureux de trouver des futons confortables. Ijatsu-san ne nous rejoignit pas tout de suite, probablement poussé par le besoin d'enquêter sur la qualité su saké local. Note pour l'avenir : toujours faire des tours de garde, ou demander la surveillance d'un kami, surtout chez mes frères Scorpions, je devrais pourtant le savoir...
Nous fûmes brusquement tirés du sommeil par une sensation de danger imminent et pour cause : des silhouettes noires et masquées se découpaient au dessus de nos couches, sabres au clair. Le premier sang fut pour nos adversaires, qui réussirent à tous nous blesser plus ou moins, mais heureusement sans porter de coup fatal. Même embrumés de sommeil, notre expérience et notre sang toujours échauffé de samouraï nous avaient sauvés! Enfin pour le moment... Nos ennemis étaient rapides et les armures de mes nakamas allaient leur faire défaut, eux qui étaient habitués à se reposer sur cette protection. Me voyant contraint à un affrontement au sabre en périmètre restreint, qui me sortait de ma zone de confort, j'optais pour une guerre d'usure afin d'annuler la vitesse de mon ennemi et de gagner assez de temps pour trouver une faille. J'implorais les kamis de l'air d'alourdir les paupières de mon ennemi, grâce au Sommeil du vent, lui faisant subitement perdre en combativité. Dos à moi, Taïko-san semblait parfaitement à-même de se défendre, s'entourant d'une armure de terre avant de commencer à rôtir son ennemi. Dans la chambre d'à côté, Dozan-kun semblait accuser le coup de sa blessure initiale, mais finit par reprendre du poil de la bête, tandis que Kyoshi-san semblait clairement désavantagé, son long No-Dachi visiblement peu pratique pour un tel affrontement en lieu exigu. Il tomba au sol alors qu'Ayeka-san traversait la cloison en papier de riz pour venir à son secours, son léger kimono déchiré et ses coupures indiquant qu'elle avait également du se débarrasser d'un assassin. Pour rajouter à la difficulté de mon adversaire, je tentais un coup de bluff, invoquant avec une voie de ténor "Onyx, esprit invincible de la pierre, protège moi-de ton poing vengeur!!!". L'apparition provoquée par cette Brume d'illusion perturba mon ennemi, l'obligeant à contourner le massif corps de pierre pourtant intangible et me donnant l'ouverture escomptée. Je pus placer mon premier coup de wakizashi depuis mes classes et en retirai quelque fierté, me rappelant que j'étais samouraï, quoiqu'on en dise. Je sentis un souffle chaud derrière moi, suivi du bruit d'un corps qui tombe et du grésillement caractéristique du bois carbonisé. Taïko-san fit volte-face pour m'épauler. Dozan-kun empala finalement le dernier de leurs adversaires et Ayeka-san sauta à travers une autre cloison pour nous rejoindre et achever mon ennemi, éreinté et pris en tenailles.

Avec une minuterie étudiée, la garde rappliqua enfin et 5 bushis déboulèrent dans nos quartiers, leur capitaine exigeant de savoir ce qui se passait. Il répéta sa question avec une voie défaillante, alors que trois des cadavres de nos ennemis se relevaient. Des revenants ! Cette fois avec l'aide des renforts Bayushi, nous purgeâmes la suite de ces abominations, les choses étant à présent rendues plus faciles pour moi par l'utilisation de ma Frappe de Jade. Un shugenja du clan Yogo fut appelé pour soigner les blessures de mes camarades, ma faible affinité avec l'eau ne me permettant pas pour le moment d'utiliser le plein potentiel de la Voie vers la Paix intérieure. Mon confrère shugenja nous fit également démonstration de l'art que possédaient les Yogo de tracer des glyphes magiques et il en recouvrit la pièce, la purifiant de tout mal. Le capitaine de la garde, un certain Bayushi Oniji, s'excusa de l'incident et nous conduisit à d'autres quartiers, nous promettant une entrevue avec son seigneur à la première heure.
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre sept

Message  Babanek 30/04/17, 06:57 pm

Au déjeuner, Bayushi Bakin-sama nous décrivit la situation comme désagréable (un doux euphémisme de notre point de vue), mais nous assura sa complète coopération, son Karo exécutant pour nous une cérémonie du thé. Vacciné pour ce qui était de la prudence, j'analysai discrètement et rapidement le thé de mes sens avant que mes camarades n'y touchent, n'y décelant aucune trace de poison. Puis le Daimyo et son Karo nous laissèrent avec leur magistrat et le capitaine de la garde.
Ces derniers nous confièrent que nos agresseurs semblaient être de jeunes recrues ayant tout juste passé leur Gempukku avec les honneurs et que les gardes en faction les avaient laissé circuler librement cette nuit, les croyant de patrouille. Le capitaine allait se renseigner sur leurs affectations et nous annonça que leurs corps étaient prêts à être inspectés.

A ce moment-là, un serviteur nous annonça qu'une jeune fille désirait une entrevue avec nous. La jeune noble d'à peine une douzaine d'années se présenta comme Bayushi Rika et nous demanda de l'aide concernant son grand frère, Bayushi Yorihide-san. Son récent changement de comportement l'inquiétait et le rendait méconnaissable. Ijatsu-san recadra la jeune fille sur les missions des Yorikis et lui conseilla de se faire aider par d'autres. Mais Rika-chan répondit qu'elle avait déjà tout essayé et nous seuls avions les moyens de l'aider. Elle précisa que son frère, qui était auparavant gentil et attentionné faisait à présent preuve d'un caractère perturbant, asocial, passant son temps renfermé sur lui-même sauf dans ses sautes d'humeur durant lesquelles il était exceptionnellement agressif. Son état s'était dégradé subitement depuis qu'il avait passé son Gempukku, très récemment, au dojo de la ville dirigé par Bayushi Teryui-sensei. Ce détail sonnait à nos oreilles comme un écho par rapport à nos assassins de la nuit et le magistrat fit le lien manquant, nous annonçant que nos assaillants de la nuit et Yorihide-san étaient issus de la même tête de promotion de Gempukku. Ces 10 jeunes bushis avaient été félicités publiquement et personnellement par le seigneur Bayushi Bakin-sama, il y avait 10 jours de cela. Notre intérêt piqué, Kyoshi-san annonça à Rika-chan que nous viendrions diner chez elle ce soir, une fois son frère rentré de patrouille, ce qu'elle ne put refuser.

Ijatsu-san, Kyoshi-san et moi-même nous rendîmes ensuite à l'annexe où les étas avaient préparé les dépouilles des nos assaillants. Elles étaient disposées côte à côte sur des présentoirs, leurs affaires rassemblées à leurs côtés, un trio d'étas en attente de nos ordres. Ils nous annoncèrent la mort par arme tranchante et l'absence de poison dans les organismes des victimes, chose sur laquelle on pouvait faire confiance à des étas du Scorpion.
Kyoshi-san commença par sonder les corps de son médaillon, avant de nous annoncer que les corps n'étaient que très peu souillés. Il nous expliqua que la Maho pouvait créer un zombie lorsqu'un Maho-tsukai invoquait un Kansen, un mauvais kami, puis le faisait prendre possession d'une dépouille. Ces corps n'avaient vraisemblablement été possédés que très peu de temps, quelques minutes au plus. Le fait que ces hommes se soient relevés d'eux-mêmes après leur mort sous forme de zombie était, selon lui, inhabituel.
Pour ma part, je demandai à un éta de manipuler les corps pour en étudier visuellement tous les recoins, à la recherche de signes distinctifs, en vain. Cet exercice me révulsa malgré moi et je ressentis bientôt le besoin pressant d'aller me purifier, la proximité de cette chair en putréfaction semblant souiller mon âme.
Ijatsu-san étudia les effets des assassins et se saisit de l'un des masques de ces derniers, avant de le lâcher brusquement. Au bruit du masque qui se brisait, nous le vîmes blême et apeuré. Il nous confia avoir ressenti, en le touchant, une forte impression de colère et de peur, ainsi que le sentiment d'être noyé dans du sang. Incapable de s'en approcher plus , il me demanda d'en ramasser un avec précaution. Selon Kyoshi-san, je ne risquai rien à le faire, le masque portant peu de souillure, comme un réceptacle de Maho qui avait servi et n'était plus actif. Je demandais néanmoins à un éta de me l'emballer avant de le placer dans mon sac.
Tandis que je me purifiais, Ijatsu-san se présenta sur la scène de notre escarmouche, qui finissait d'être nettoyée. Il n'y trouva aucune information supplémentaire.

De retour parmi mes collègues Yorikis, ces derniers avaient questionné Rika-chan et le magistrat à propos des masques de nos agresseurs. La jeune fille leur avait confié avec fierté que le masque que portait son frère lui avait été offert, lors de la cérémonie de félicitations publiques, des mains mêmes du seigneur Bayushi. Bayushi Iemitsu-san confirma qu'il en était de même pour ses neuf camarades. Au retour du capitaine, nous pûmes les nommer : les cinq que nous avions combattus étaient Seiji, Mitsutanu, Takeho, Koreshita et Yozan. Les quatre restants, en plus de Yorihide, étaient Mayoko, Nahohya, Patasuke et Dende.

Il fût décidé de nous rendre au dojo de la ville, situé non loin du palais, accompagnés du magistrat. A notre entrée, nous pûmes constater que la vivacité et les capacités de déplacement étaient nettement mises en avant dans l'entrainement des bushis Bayushi, chose que nous avions pu constater à corps défendant. Un vieux samuraï aux cheveux de neige nous accueillit, daisho à la ceinture. Bayushi Teryui-sensei nous expliqua, avec le moins de mots possible, que les dix bushis qui s'étaient distingués n'avaient pas eu de professeur particulier et qu'il avait lui-même finalisé leur entrainement. Il leur avait également fait passer leur Gempukku. Il confirma que des masques leur avaient été remis par leur Daimyo, lorsqu'ils lui avaient été présentés un par un. Certains étaient repassés depuis mais ils n'avaient pas changés selon lui. Cette dernière déclaration avait un accent de demi-vérité.
Percevant le malaise, le magistrat lui expliqua que l'honneur de son seigneur pouvait être en jeu, ses élèves ayant essayé de nous tuer hier sous son toit. Presque imperceptiblement énervé par cette nouvelle, Bayushi Teryui-sensei avoua avoir remarqué un changement d'attitude chez ceux qu'il avait vu et qui lui avaient semblés plus fiers qu'à l'accoutumée. Il conclut sur Yorihide-san en le qualifiant de patient et de tenace.
Le capitaine nous trouva avec les affectations des cinq bushis potentiellement compromis : Nahoya-san était en faction à la porte sud, Dende-san et Mayoko-san ne s'était pas présenté ce matin au palais, Patasuke-san devait patrouiller la route au nord et Yorihide-san était de patrouille en ville. Les deux absents avaient été vus hier pour la dernière fois. Ni le magistrat, ni le capitaine n'avaient entendus parler d'une certaine Maemi.

Nous nous rendîmes d'un pas décidé vers la porte sud, accompagnés d'un Yoriki que le magistrat nous avait adjoint de force, d'autres affaires l'appelant personnellement ailleurs. Il s'avéra, sans surprise, que Nahoya-san ne s'était pas présenté non plus à son poste ce matin. Ijatsu-san ordonna immédiatement que les portes de la ville soient fermées et envoya notre mouchard dire à Rika-chan que son frère était à présent recherché. Sentant que nous n'obtiendrions plus rien en cherchant les déserteurs, nous décidâmes d'exploiter la première piste qui nous avait amenés ici, celle de Maemi. Nous nous rendîmes au caravansérail le plus proche de la porte sud et demandâmes au responsable qu'il consulte ses dossiers à propos d'une certaine Maemi. Par chance, il avait régulièrement traité avec elle, réceptionnant pour elle de lourdes caisses de bois provenant du Village de l'Eau Pure et estampillées "glaise pour poteries". Il expliqua que ces livraisons arrivaient auparavant tous les mois, mais que la dernière datait d'il y a deux mois. Il retrouva enfin une adresse de livraison dans ses carnets de commande.

Nous partîmes vers le quartier des artisans, croisant en route deux bushis du Scorpion qui venaient visiblement à notre rencontre avec une intéressante nouvelle : Bayushi Yorihide-san venait d'être mis aux arrêts. Après les avoir renvoyés avec ordre de le surveiller de près, nous parvînmes à l'adresse de livraison pour Maemi.

La propriété à laquelle nous faisions face possédait un jardinet clos par une palissade et une maison où l'on pénétrait par une simple porte, très discrète. Kyoshi-san frappa, sans réponse. Je communiai avec un kami de l'air pour lui demander s'il y avait âme qui vivait dans cette propriété et il me répondit que non. Je soumettais alors l'idée à mes camarades de contourner l'édifice pour voir s'il n'y avait pas d'autre accès. Puis, une fois qu'ils eurent tourné au coin, je fis mine de me reposer contre la porte tout en jouant discrètement de mes rossignols, débloquant rapidement la serrure avant de basculer à l'intérieur, feignant la surprise pour un éventuel témoin. Puis je jetai rapidement un œil à l'intérieur confirmant l'absence totale d'activité. Mes camarades m'appelèrent et Ijatsu-san poussa la porte, puis entra, suivi des autres. Je pris l'air de rien, évoquant une chute maladroite en m'appuyant sur la porte ouverte. La maison avait tout de la demeure de heimins bon marché, quoique la décoration de valeur et de bon goût tranche avec le faste des lieux. Trois personnes dont deux femmes avaient habité cette maison, faisant chambre à part. Les objets utiles laissés sur place pouvaient indiquer un départ précipité, mais aussi un prochain retour. Kyoshi-san trouva un masque de qualité, dont le style n'était pas sans rappeler celui des masques de nos assassins de la nuit dernière. Ayeka-san l'observa et y découvrit une signature, Kansuke, nom qu'il me semblait avoir déjà entendu. Ijatsu-san trouva chez l'une des femmes, aux effets les moins riches, un kimono aux couleurs de ceux portés par les serviteurs du palais ce matin.

Le jardin possédait un coin zen ainsi qu'une dépendance, qui se révéla être un atelier de fabrique de masques. De nombreux moules et éclats de masques étaient présents, certains signés Kansuke. Ijatsu-san nous fit par d'un malaise : l'atelier était trop petit par rapport à la taille extérieure de la dépendance. Après une brève recherche, il sonda un mur à l'aide d'un ciseau, avant de désosser une étagère, révélant une pièce secrète. Un second atelier partageait la même cheminée que le premier et comportait, au centre, une zone où un grand glyphe était peint. La substance brunâtre qui le composait, que nous identifiâmes comme du sang, était présente en grande quantité. Un piédestal était également repeint de sang séché. Dans un coin, une meule servait à broyer le minerai d'obsidienne en une poudre, qui était incorporée au mélange utilisé pour fabriquer la porcelaine. Ayeka-san, visiblement sensible ou hermétique à la magie à volonté, annonça ressentir que cette activité avait duré longtemps. Pas un masque complet n'était présent, mais Ijatsu-san, le nez collé au sol, nous annonça qu'une douzaine de caisses, pouvant comporter jusqu'à 50 masques, avait été entreposée dans un coin de la pièce. Si l'obsidienne permettait de retenir un Kansen, alors quelques six cents masques maudits par la Maho avaient quitté les lieux il y a peu et menaçaient le clan du Scorpion.
Une rapide enquête de voisinage permit à notre Kitsuki d'étoffer ses hypothèses : Kansuke (un homme âgé) et Maemi (une belle grande brune) étaient partis ce matin vers le nord en direction de Kyuden Bayushi. Ils étaient accompagnés d'un marchand et d'un chariot, tiré par un bœuf, contenant une douzaine de caisses en bois. Les marques sur la bête de somme indiquaient le marchand connu sous le nom d'Enzo. La troisième habitante, une jeune fille nommée Yû et qui, selon sa description, nous avait servis ce matin même au palais du Daimyo, n'avait pas été vue.

Arrivés à la porte nord à 17h, on nous confirma le passage d'un chariot d'Enzo ce matin avec trois ou quatre personnes.
Nous fîmes un crochet vers la magistrature pour récupérer nos poneys, apprenant au passage que Yorihide-san avait attaqué un garde et que les magistrats avaient été obligés de l'abattre. Son masque lui avait été retiré. Le magistrat en chef nous confirma que le Karo du Daimyo avait été sollicité, sur la demande de Dozan-kun, et que les masques qu'il avait offert en cadeau à l'élite des nouveaux bushis provenaient bien d'un certain Kansuke, artisan réputé à Otosan Uchi. Un Yoriki nous fut, une fois de plus, assigné en escorte.

Nous prîmes la route sur nos montures à un train aussi soutenu que possible. Au bout de deux heures, alors que la lumière diminuait, le Yoriki de la Cité des Champs de Soie nous indiqua que nous aurions dû dépasser le chariot lourdement chargé que nous poursuivions. Nous rebroussâmes chemin, après avoir envoyé le Yoriki à Kyuden Bayushi pour prévenir la ville d'arrêter tout chariot correspondant à celui de nos fuyards et revenir avec des renforts pour les recherches. Nous fûmes obligés de passer la nuit dans un relais repéré plus tôt, rongeant notre frein jusqu'au lendemain. Au petit matin, Ijatsu-san nous fit monter sur une colline, le point culminant le plus proche. Nulle trace du chariot ou d'un campement, mais une autre surprise nous sauta alors aux yeux. Les plantations qu'encadraient la route sur une largeur d'une dizaine de mètres étaient suivies de vastes champs de pavot, dont la vente et la transformation en opium étaient interdites, bien que rien ne soit dit à propos de sa culture. Après tout, des Scorpions sans secret ne peuvent pas être de vrais Scorpions...
De retour sur la route, la chance nous fit croiser un marchand à pied, que notre chariot avait doublé hier soir avant le relais. Il était accompagné de quatre bushis Bayushi. Ainsi, supposant une poursuite, nos fabricants de masque avaient quitté la route le temps qu'on les double, puis avaient poursuivi toute la nuit, nous doublant à nouveau. Nous fîmes volte-face, retournant vers Kyuden Bayushi, mais de manière plus circonspecte.

Vers 13h, notre pisteur Crabe, alias Kyoshi-san, remarqua les traces d'une sortie de route par un véhicule chargé, cheminant entre deux champs. Nous suivîmes cette piste, pour finalement arriver en vue d'une grange. Je questionnai à nouveau les kamis de l'air sur les forces en présence dans le bâtiment, au nombre de 6. Quelqu'un s'était déjà échappé... les kamis m'indiquèrent également la présence d'un grand nombre de mauvais esprits, très probablement les Kansens piégés dans les 600 masques. A l'aide d'une flamme invoquée, je tentai d'allumer un feu contre le mur en bois de la grange opposé à la seule porte, dans le but de faire sortir nos adversaires, sans succès.
Perdant patience, Kyoshi-san frappa et la porte s'ouvrit sur des ténèbres. Ayeka-san, dont le sang s'échauffait, pénétra en trombe dans la bâtisse, daisho au clair, en hurlant un flot de flammes. Nous pûmes apercevoir deux bushis armés d'arcs devant un bœuf avant que la porte ne se referme sur elle. Jurant, mes camarades se ruèrent à sa suite, forçant le bushi qui maintenait la porte fermée à laisser passer mes camarades. Comprenant qu'un combat dans le noir nous serait défavorable, je décidai d'invoquer la Fureur d'Osana Wo sur la grange, l'illuminant d'éclairs. Dozan-kun eut fort à faire, de même que Kyoshi-san, aux prises avec deux bushis Bayushi dont nous avions pu mesurer la vitesse de combat. Ijatsu-san réussit à faire tomber l'un de nos ennemis alors que deux Maho-tsukais se révélaient : Kansuke et Maemi ! Ils psalmodiaient des mélopées dissonantes, coupant de leur Vide mes nakamas.
Ayant réussi, d'un second éclair, à allumer quelques flammèches dans la toiture, je soutenais mes compagnons Yorikis de quelques Frappes de Jade, quand, soudain, une braise s'alluma dans les yeux d'Ayeka-san. Ses pupilles brunes devinrent deux rubis, alors que des volutes de fumée lui sortaient par le nez et qu'elle se retournait vers Dozan-kun pour l'attaquer. Ce dernier se replia en contournant le bœuf carbonisé par Ayeka-san, pour voir Maemi se dématérialiser sous forme de fumée, avant de disparaître. Alors que Kyoshi-san faisait à son tour les frais de la fureur de la dragonne, Dozan-kun affronta le Maho-tsukai connu sous le nom de Kansuke. Son visage à présent difforme et ses bras dégouttant de sang noir nauséabond faillirent avoir raison de la volonté de notre Champion de Topaze. Pris d'un éclair de lucidité dans ce chaos, Ijatsu-san ôta de son sabre le masque d'un bushi, avant de le briser. Je sentis alors une vague de rage et de colère me frôler et tenter de prendre possession de moi, avant d'abdiquer. Kyoshi-san et Ayeka-san tombèrent ensemble, alors que le premier mort se relevait. Ijatsu-san s'empressa de débarrasser les deux autres cadavres de leur masque, tandis que Dozan-kun se débarrassait du Maho-tsukai. Sortant mon wakizashi, j'attaquais le revenant, vite épaulé par le Kitsuki et le Shiba.

Puis j'apaisai Ayeka-san du Sommeil du Vent, faisant enfin disparaître la lueur folle de ses yeux. Je pu alors, en toute sureté, invoquer la Voix de la Paix intérieure sur mes deux camarades tombés. La vie de Kyoshi-san n'avait tenue qu'à un fil, tant la rage d'Ayeka-san l'avait submergée. A nouveau stable sur ses jambes, le Tsukai-sagasu entreprit de briser un à un les masques impies, tandis que je m'éloignais des lieux pour ne pas être exposé eux Kansens. Peu de temps après, Ijatsu-san, qui était parti attendre au niveau de la route, revint avec des renforts sous forme d'une patrouille de Kyuden Bayushi. Ils nous apprirent que la livraison de masques était une collection spéciale, destinée aux plus hauts nobles de Kyuden Bayushi et attendue d'ici peu.
Nous regagnâmes le Village des Champs de Soie après avoir laissé le feu purifier la grange.

De passage à la Magistrature des Champs de Soie, nous transmîmes toutes les informations en notre possession concernant Maemi et sa fille Yû.
Dozan-kun eut le loisir de décrire Maemi à un artiste, qui dressa son portrait, qui serait reproduit sur les avis de recherches.
Pour ce qui était de Yû, le personnel du Palais la connaissait très bien puisqu'elle était au service du Daimyo depuis plus d'un an. Les descriptions des voisins de Kansuke confirmèrent son identité.
Alors que certains de mes compagnons Yorikis pansaient leurs récentes blessures, nous autres tentâmes de pousser un peu plus l'enquête.

Nous fîmes perquisitionner la demeure du marchand Enzo, immédiatement retrouvé chez lui. Après un interrogatoire auquel nous pûmes assister, il s'avéra qu'il avait été payé par Kansuke pour transporter une cargaison de Masques, dont il ne savait rien et qu'il n'avait même pas vus. Accompagné par Maemi et Kansuke, ils étaient sortis du Village des Champs de Soie sur la route du nord et s'étaient arrêtés à un petit peu moins d'une heure de route. Là, ils avaient pris un petit chemin à travers champs jusqu'à une remise où ils avaient rejoint une petite troupes de samurais du Scorpion. Les samuraïs étaient restés silencieux et Kansuke avait expliqué qu'ils seraient escortés par les troupes du Daimyo pour la fin de leur trajet. Il avait ensuite payé Enzo pour son aide et lui avait acheté son chariot rubis sur ongle. Le marchand était ensuite retourné en ville et rentré chez lui où il avait repris le travail. Son implication n'était donc pas engagée.

Nous apprîmes ensuite que famille Yogo avait dépêché deux Shugenjas qui arrivèrent rapidement pour étudier le Masque confisqué à Norihide-san. Ce masque se trouvait pour l'instant en possession du Shugenja du Palais, qui le surveillait et en interdisait accès et contact à quiconque. Je leur confiai également le masque que j'avais pris sur l'un des cadavres de nos assaillants de l'avant-veille.
Quant à Norihide-san, Ijatsu-san revint d'un entretien avec les magistrats qui l'avaient gardé, convaincu que les gardes avaient simplement voulu le mettre aux arrêts, ce qu'il avait accepté assez facilement. La situation avait dégénéré dès qu'il lui avait été demandé d'enlever son masque, conformément aux ordres que nous avions fait passer. Là, il était devenu enragé et s'était lancé au combat contre ses gardes, qui avaient du se défendre... et le tuer deux fois !

Durant notre présence, pas de nouvelle cargaison d'obsidienne. A priori, les dernières caisses qui étaient arrivées commençaient à dater... potentiellement du moment où nous avez combattu l'Oni de l'île du Levant... La magistrature Scorpion surveillerait d'éventuelles nouvelles arrivées et on me promit de renvoyer au Village de l'Eau Pure toute cargaison d'obsidienne qui arriverait, après l'avoir enchantée. Nous repartîmes enfin après quelques jours, sans qu'il ait été trouvé aucune trace des deux femmes.

Je ne saurais que trop vous inciter à la prudence, Shosuro Hayato-sama, car je pressens des troubles bien au-delà de cette enquête. Cette Maemi est très dangereuse et si elle est, cette fois-ci, passée à deux doigts de causer une catastrophe majeure au sein de notre clan, sa disparition ne peut laisser présager que de nouveaux troubles pour le Scorpion. Elle ne ressemble que trop au plus célèbre des Maho-tsukai... Avec mes plus profonds respects, votre serviteur, Soshi Tôshiro.


Dernière édition par Babanek le 28/07/17, 10:25 am, édité 1 fois
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Huit

Message  Babanek 28/07/17, 10:24 am

4e jour du coq. De retour au Village de l'Eau Pure, nous fîmes le rapport complet de notre enquête à Doji Yamato-sama. Il nous félicita pour avoir épargné un sort malheureux à 600 habitants de Kyuden Bayushi, avant d'enchaîner sur une nouvelle enquête, d'un style un peu particulier. L'un de nos heimins, nommé Yabu, avait besoin d'aide : sa fille Suni avait disparue depuis une semaine. Le garde avait demandé à leur chef, le ronin Kitada, un ancien bushi du Scorpion, de plaider auprès de Doji Yamato-sama pour qu'il utilise les ressources de la Magistrature d'Emeraude afin de résoudre une enquête qui ne semblait que peu intéresser la Magistrature de l'Eau Pure. Pour le bon fonctionnement de notre établissement, le Magistrat d'Emeraude avait accepté et nous demandait à présent d'enquêter sur le sujet, de manière officieuse, pour ne pas froisser nos collègues locaux. Il nous offrit donc des vacances, officiellement cette fois, afin de nous dégager du temps libre, sans avoir à collecter l'impôt.

Nous fîmes remplacer Yabu à la garde de la Magistrature et Kitada lui offrit sa journée pour que nous ayons le loisir de l'aider. Bien que nous ne nous attardions généralement pas sur nos heimins, je connaissais Yabu pour être un homme d'âge mur, discret et efficace. Il avait déjà ramené plusieurs fois  Ijatsu-san à la Magistrature et se plaisait à ne faire comme si de rien était avec un flegme exemplaire, permettant à mon camarade Yoriki de conserver tout son honneur en sa présence. Ce dernier lui trouva immédiatement un air inhabituellement tendu et inquiet. D'abord mis mal à l'aise par notre arrivée en nombre, il fut rassuré par la présence de Kitada et répondit à nos questions avec empressement, visiblement heureux que nous lui venions en aide.

Suni, apprentie poissonnière de 15 ans, dépeinte comme jolie, avait disparu sans rien emporter d'autre que ses vêtements, dans la nuit du 27 au 28 du mois su singe. Elle avait diné avec sa mère Lindoshin comme à son habitude, avant de se retirer pour la nuit, comme à son habitude. Son père était de garde à la Magistrature cette nuit-là. Au matin, elle était absente de leur domicile, sa mère n'ayant rien entendu.
Détail inquiétant, sa mère aurait parlé d'une autre disparition dans leur quartier, il y a moins d'un mois.

Nous décidâmes de commencer par inspecter la demeure de Yabu et de sa famille, située dans le quartier du Roc. Ce quartier, bien que classique, était plutôt aisé et logeait des heimins bourgeois et des samurais. Situé au pied du Dojo de la ville, il abritait entre autres un quartier des plaisirs, dissimulé derrière une grande haie et accessible par une seule entrée.
Yabu habitait au premier étage d'une maison logeant 4 familles. Sa femme Lindoshin et son jeune fils Yoyotokin étaient marqués par le chagrin. Nous apprîmes que Suni était promise à un ashigaru de son âge nommé Santo, mais ses parents étaient bien incapables de dire si cela lui plaisait ou non. La maison fut passée au peigne fin, sans remarquer quoi que ce soit d'autre qu'un ordre et une propreté sans défauts.
Dans la chambre de Suni néanmoins, Ijatsu-san trouva une poupée neuve cachée dans le futon. Sans être faite de matériaux précieux, la qualité de la finition de cette poupée devait faire monter son prix à plus d'une dizaine de kokus, une valeur qui ne cadrait pas avec la vie d'un heimin. Alors que notre Kitsuki détaillait la fenêtre et le mur extérieur à la recherche d'éventuelles traces d'escalade, je tentai de réveiller le kami habitant un plan de sauge de la chambre de Suni, à la recherche d'un témoignage sur le jour de sa disparition, sans succès. J'eus plus de chance avec un kami de l'air qui avait élu domicile en bas de l'escalier : il avait trouvé Suni impatiente, enjouée mais aussi inquiète la dernière fois qu'il l'avait vue, au beau milieu de la nuit. Il avait ajouté que cette humeur joyeuse durait depuis un mois, alors qu'elle était tombée amoureuse.
Lindoshin nous renseigna sur l'autre disparition : vers le 20e jour du singe, Katsuke, 15 ans, fille d'une voisine et amie, vanneuse dans la rue des Douces Bordures, à deux pas, avait disparue dans les mêmes circonstances. Les deux filles, bien qu'elles se connaissent, ne se fréquentaient pas.

Laissant Yabu chez lui et suivant cette piste, nous allâmes trouver Yoshai, le père de Katsuke, qui avait également trouvé une poupée après la disparition de sa fille, mais l'avait vendue à un moine de Daikoku nommé Ryutsu.

Il était l'heure de déjeuner quand nous parvînmes au cœur du Quartier du Temple et nous pûmes déguster une carpe flambée au saké après avoir joué des coudes pour arriver au pied du temple de Daikoku. Les boutiques dressées autour du temple étaient temporaires, pressées les unes contre les autres, mais on pouvait y trouver presque tout. Le contraste fut fort lorsque, pénétrant dans le temple de Daikoku après notre repas, nous y trouvâmes des boutiques permanentes, faites de bois et richement décorées. Les produits vendus ici étaient d'une toute autre qualité que ceux disponibles à l'extérieur. Les arches, fresques et autres mosaïques qui décoraient le temple ajoutaient un charme fou au marché qui s'y trouvait. L'atmosphère était plus calme et plus légère, les moines de Daikoku encadrant le commerce qui s'y faisait d'un main de maître. Il ne fallut d'ailleurs pas plus de deux minutes pour qu'un moine ne vienne s'enquérir de nos besoins, moyennant une donation tout à fait volontaire à Daikoku, bien évidemment.
Parvenus à un secteur spécialisé dans l'artisanat, Ijatsu-san dégota rapidement une poupée similaire à la notre sur l'étal d'un marchand sans mon. La poupée était très semblable à la première, possédant les mêmes traits fins et détaillés, comme si elle représentait la même personne avec un accoutrement différent de la notre. Le propriétaire l'avait achetée au fameux moine Ryutsu et faisait grand cas de la pièce, qu'il nous vanta avec ferveur, dans l'espoir de nous la vendre. Il ne connaissait malheureusement pas l'artisan qui en était la source et celle-ci était la première qu'il voyait de cette qualité. Il nomma Myato Kiwi et Testujoni, deux experts de ce genre d'artisanat, que nous pourrions aller voir en ville pour les questionner.
Nous demandâmes finalement à voir Ryutsu et, après avoir offert un demi koku de plus à Daikoku pour encourager le commerce du Village, le moine nous désigna trois artisans de l'Eau Pure capables de réaliser de tels objets. Le premier, Goshai, faisait des poupées dans le quartier du Roc, de même que le second, Judoru, propriétaire de l'établissement "Les petites mains". Le troisième, un dénommé Oroku, avait sa boutique "Un amour de Porcelaine" à deux pas du Grand temple de Daikoku, ce qui le désigna comme premier perquisitionné.

Nous eûmes bientôt la surprise de nous trouver face à une porte close, ce qui était bien étonnant pour une boutique du Village de l'Eau Pure  en début d'après-midi. Faisant le tour du bâtiment, comprenant un jardin sur l'arrière, nous questionnâmes la voisine, qui prenait une pause avant de se remettre à sa fabrication de teinture. Egalement surprise, elle nous confia avoir croisé Oroku pour la dernière fois il y avait 2 jours de cela. Détaillant la poupée que nous lui présentâmes pour confirmer qu'elle venait de "Un amour de porcelaine", elle s'empressa d'abonder, indiquant que c'était elle qui faisait les pigments de la tête.

Cette fois, Ijatsu-san n'eut plus aucun scrupule à enfoncer la porte arrière d'un monstrueux coup de pied. Sur l'arrière se trouvait un atelier de céramique avec un four ainsi qu'un métier à tisser; sur l'avant, la boutique. Notre Kitsuki remarqua rapidement que les meilleurs outils manquaient, de même que l'argent de la caisse. A l'étage, Dozan-kun et Ijatsu-san trouvèrent des écharpes de qualité ainsi qu'un obi contenant une bourse, aux couleurs de la Grue. Une trappe fut découverte dans la chambre d'Oroku, à laquelle on accédait par des barreaux escamotables.
Là, mes deux camarades furent stupéfaits. Au contraire de la demeure, rangée et ordonnée à l'extrême, un fouillis de caisses et de tissus encombrait les combles. De nombreux croquis d'un même visage féminin, ressemblant à s'y méprendre à celui de la poupée, recouvraient les murs. Des poupées en conception jonchaient cet atelier secondaire et l'intérieur des têtes des poupées était couvert de symboles ésotériques, tracés à l'aide d'un pinceau trempant dans un liquide rouge à l'odeur métallique... à nouveau, le sang était utilisé à des fins bien obscures !
Dans un coin, Dozan-kun remarqua une femme prostrée et immobile, des lignes rouges lui parcourant tout le corps, une empreinte de main sanglante sur l'épaule. Il s'arrêta net à un mètre d'elle, réalisant son erreur : il s'agissait d'une poupée de taille humaine, toujours avec le même visage, mais cette fois emprunt de mélancolie.
Ijatsu-san s'approcha et fut soudain frappé par une forte odeur de sang. L'odeur semblait contenue par une série de bâtons d'encens, qui, à bien y regarder, fumaient sans se consumer. Il avisa une bâche de chanvre derrière la poupée et la souleva, révélant une vingtaine de cadavres de jeunes filles, dans différents états de décomposition. Les corps étaient entassés pêle-mêle tels des chiffons, certains depuis plusieurs mois et l'odeur qui se répandait à présent devenait insupportable. Les visages des victimes les plus récentes étaient couverts de kanjis tracés à l'envers, comme dans un miroir. Dozan-kun redescendit rapidement, ressentant un fort besoin, bien connu et justifié, de se laver et de se purifier. A l'inverse, Kyoshi-san monta sous les combles, comme attiré par l'odeur du sang et par ce qu'il pourrait découvrir  à l'aide de ses pouvoirs. Il annonça rapidement que le phénomène présent n'était pas de la Maho à proprement parler, puisqu'il n'avait perçu aucune trace de souillure, mais que le procédé en était très proche. Le sang était ici utilisé pour lier les choses, avec une magie plus traditionnelle.

Je décidai de ranimer l'Esprit du Four, que je sentais subsister dans les braises de l'atelier, pour l'interroger. Une fois craquant et vibrant de chaleur, le kami m'expliqua qu'Oroku n'était pas le vrai nom du propriétaire des lieux, mais qu'il n'en savait pas plus à ce sujet. Il me confia que l'artisan était parti aujourd'hui même, méticuleux et organisé mais pressé, pour un endroit qu'il avait préparé à l'avance. Personne d'humain ne l'accompagnait, mais de nombreux kamis dont certains dans des poupées.

De retour dans la rue, nous fîmes mander des renforts d'etas et d'heimins de la Magistrature d'Emeraude, ainsi que Yabu. En attendant, nous demandâmes à la voisine de nous décrire le suspect : homme de 40 ans, il avait souvent le visage dissimulé par une écharpe, dont elle avait déjà pu apercevoir la moitié inférieure, gravement brûlée. Il s'absentait souvent le soir, ce qui nous fit penser que le Quartier des plaisirs du Roc recevrait notre prochaine visite.
Avec l'arrivée des etas, les corps furent descendus au grand jour. Parmi les plus récents, Katsuke et Suni furent reconnues par leurs parents effondrés. Les kanjis présents sur leurs visages furent traduits par "apparence" et "servitude". Un prénom écrit de manière étrange, débutant par "Sa" et finissant par "Ka" fut également retrouvé sur plusieurs filles.
Ayeka-san nous fit part d'un malaise alors que la poupée humaine était déplacée non loin de nous. Elle avait tendance à se repositionner comme le ferait le corps d'un humain et non celui d'une poupée. Etendant ma perception, je ressentis un faible élément d'eau dans la poupée. Passant à l'élément air, j'eus le souffle coupé par une colère, forte au point d'en être effrayante, comme si j'avais violé quelque chose de sacré chez les kamis de l'air. ils étaient très présents autour de nous et surtout autour de la poupée. Troublé par cette expérience, je ne réussis pas à percevoir l'éventuelle présence de feu ou de terre.
Je décidai de passer à notre petite poupée, celle de Suni. Je repérai un kami de l'air en son sein et voulus lui demander à quoi il servait et s'il voulait bien nous conduire à Oroku, mais je subis à nouveau une forte agression mentale et m'effondrai, inconscient.

Je me réveillai vers 22h dans ma chambre de la Magistrature, après un sommeil sans rêves, éreinté par mon expérience. Toutes les preuves et les corps avaient été ramenés ici et mes camarades avaient questionné Doji Yamato-sama à propos de l'obi trouvé : il appartenait à un membre de la famille Asahina, les shugenjas de la Grue, réputés pour la création d'objets magnifiques et enchantés de pouvoirs éphémères nommés tsangusuri.


Dernière édition par Babanek le 28/07/17, 12:43 pm, édité 1 fois
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Message  Babanek 28/07/17, 10:26 am

Nous nous rendîmes dans la cave qu'avait réquisitionné Ijatsu-san pour y entreposer les poupées, géante comme petite, ainsi que les dessins trouvés chez le dénommé Oroku. Le Dragon me questionna sur la famille Asahina et leurs méthodes. Je savais pour ma part que ces shugenjas de la Grue avaient pour habitude de lier de petits kamis à des objets pour y faire apparaître des effets que l'on qualifierait de magiques. Mais ils ne manipulaient pas les kamis présents à l'intérieur, ce qui serait vu comme très déshonorable par tout autre shugenja. Selon Kyoshi-san, pourtant, le sang permettrait à cet Asahina de se lier psychiquement au kami et ainsi d'utiliser ses sens, comme le faisaient les Maho-tsukai.
La grande poupée se démarquant des petites, je décidai de l'analyser plus profondément et me mis à communier avec un kami qu'elle renfermait. Aucune colère n'habitait cette poupée géante et bien que je ressentisse un kami de l'air, je ne pus lui parler, le ressentant comme partie d'un mélange de kamis de tous les éléments, équilibré comme c'est le cas dans un corps humain. Ainsi, cette poupée était comme une coquille vide, prête à accueillir la vie.

Nous décidâmes d'aller alerter la Magistrature de du Village de l'Eau Pure et avec l'aval de Doji Yamato-sama, qui veillait dans son bureau, Ijatsu-san rédigea un mandat d'enquête.

Vers minuit passé, Kuni Hayesu-sama, le Magistrat de l'Eau Pure, nous accueillit avec égard, malgré son réveil au beau milieu de la nuit. Il avait pour sa part reçu un rapport décrivant la procession qui avait acheminé 22 corps à notre Magistrature plus tôt dans la journée et accéda à nos requêtes, recevant le mandat d'Ijatsu-san.
Il ferait prévenir la garde aux portes de la ville, ainsi que la garde des Eaux, y joignant la description du fugitif. Il ferait également rechercher les dossiers concernant les disparitions de jeunes filles sur les trois derniers mois, ainsi que l'acte de propriété d'"un amour de porcelaine", qui nous parviendraient en début d'après-midi.

Sur notre lancée, nous nous rendîmes au temple de Daikoku, espérant pouvoir y saisir la seconde poupée vue dans la journée. A une heure et demi du matin, la place du temple comprenait moitié moins de marchands qu'en plein jour. Le temple était bien évidemment illuminé et ouvert, les bonnes affaires n'attendant jamais. Notre boutique était également toujours ouverte, bien que le marchand ait changé et tienne la permanence pour deux stands. Nous saisîmes la poupée contre un certificat signé par la Magistrature d'Emeraude, afin que le marchand puisse réclamer le prix de l'objet. Après une petite donation à Daikoku, Ijatsu-san nous invita à déguster une bonne bouteille de saké pour fêter la fin d'une journée de vacances plutôt remplie.

5e jour du coq. Je réveillai Ijatsu-san vers 9h30, alors qu'il ronflait d'un sommeil riche en vapeurs de saké. Kyoshi-san, lui, avait veillé tard et tenté de réaliser des sceaux d'exorcisme, morceaux de papiers couverts de symboles ésotériques et chargés de magie, aidant à libérer une personne de la possession d'un esprit. la nuit lui avait porté conseil, puisqu'après deux essais infructueux cette nuit, il y était finalement parvenu ce matin au réveil.

Afin de réveiller mes camarades, je leur proposai une petite marche, nous conduisant au point culminant de la ville : le dojo. Maintenant que nous avion deux poupées, je pouvais me permettre d'en briser une et de libérer le kami en colère et en souffrance qui y résidait.

La marche jusqu'au dojo fut sportive, ce dernier étant perché sur le Roc, lui-même surplombant la ville. Le bushi de faction à la porte n'était pas forcément enclin à nous laisser monter en haut de son sanctuaire, mais il dut bien s'incliner devant nos insignes de Yorikis impériaux. S'ensuivit une longue montée de marches, nous faisant passer entre les jambes d'une gigantesque statue du Kami Hida. Nombre de bushis Crabes s'exerçaient, eux-aussi, à monter les escaliers, mais chargés de sacs de sable afin de développer la musculature et l'endurance qui faisait leur réputation. Ereinté par notre ascension, mais profitant d'un point de vue imprenable sur la ville et ses alentours, je me laissais aller à me faire bercer par les vents. Les kamis de l'air devaient être ici, plus que nulle part ailleurs au Village, présents en grand nombre et grands parmi les leurs.
Je leur adressai une prière, leur expliquant que j'étais venu libérer l'un des leurs, prisonnier de la poupée que je tenais en main. Je sentis effectivement s'apaiser leur humeur, qui était passée à la colère dès  notre arrivée.
Alors que mes camarades s'éloignaient, redoutant ce qui m'était arrivé la veille, je brisai la tête de la poupée d'un coup de semelle bien senti.

Une bourrasque d'une violence inouïe éclata sous moi, lacérant mes vêtements comme mon corps et me propulsant à la verticale. J'avais pourtant senti les kamis environnant contenir la formidable énergie, sans que cela ne suffise. Alors que Kyoshi-san me donnait les premiers soins, je m'ouvris aux kamis présents autour de moi et leur demandai leur avis sur ce qui venait de se produire. Ils me répondirent que le kami emprisonné était dans un état de faiblesse trop avancé pour se libérer du lien spirituel qui l'entravait, bien que sa prison physique soit détruite. Le seul moyen qu'il avait trouvé pour se libérer avait été de retourner à l'état primordial et de se fondre dans l'air, sa dissipation provoquant l'explosion. Ils avaient également senti la présence du lien qui se rompait et son point d'origine qu'ils situaient en ville, sans plus de précision. Ils indiquèrent que celui qui entretenait ce lien avait également forcément senti cette rupture. Ils conclurent en disant qu'il nous fallait libérer l'autre kami de sa poupée sans tarder. Les remerciant pour leur protection et leur aide, nous repartîmes, les bushis Crabes étonnés de me voir redescendre en si piteux état.

Après quelques soins supplémentaires à la Magistrature d'Emeraude, nous déjeunâmes et apprîmes que Doji Yamato-sama était ce soir invité par le Conseil de la Ville. Ils recevaient Daidoji Uji-sama, fils du daimyo de sa famille, en partance pour la Cour d'hiver à Kyuden Hida. Yasuki Taka-sama, daimyo de la famille Yasuki, serait également présent. Il était donc implicitement demandé aux Yorikis impériaux d'être prêts à tout pour cette rencontre qui pouvait vite devenir explosive.

Vers 14 heures, un Yoriki du Village et deux heimins nous apportèrent une caisse de documents. Durant les trois derniers mois, une quarantaine de disparitions de filles d'une quinzaine d'années avaient été enregistrées. Cela représentait le double du taux de disparitions habituel. Un certain nombre d'enquêtes ayant été résolues, une trentaine restaient sans conclusion, la plupart dans le quartier du Roc. Sur vingt-deux corps ramenés, 10 avaient été identifiés, tous dans le même quartier.
"Un amour de porcelaine" était louée depuis 6 années par Oroku à un membre du Conseil nommé Yasuki Sobuju. A bien y regarder, en feuilletant nonchalamment d'autres actes de propriétés ou de location, tous les bâtiments et terrains du Village de l'Eau pure semblaient être la propriété d'une seule dizaine de personnes, probablement tous membres du Conseil.

Je demandai au Yoriki de l'Eau pure de faire remonter à sa Magistrature la confirmation que le suspect était toujours présent au Village, insistant sur la nécessité de ne pas le laisser quitter la cité.
Je demandai également à nos propres Yorikis et heimins de se rendre auprès de chaque famille qui avait signalé une disparition ou pour laquelle un corps avait été identifié. Ils devraient y demander que leur soit remises les poupées, quitte à fouiller si nécessaire. Ces poupées seraient ramenées à notre Magistrature d'Emeraude pour y être isolées puis détruites.
Vers 16 heures, alors que j'émergeais d'une méditation dans le jardin zen situé derrière la Magistrature, j'eus la surprise de découvrir à côté de moi une silhouette encapuchonnée. C'était Fujoni, un moine de Fukurokujin, que j'avais rencontré au temple de la sagesse de vos terres, Monseigneur. Il avait attendu que je termine mon rituel pour ne pas me déranger et semblait être tout à fait à sa place au beau milieu de la Magistrature d'Emeraude! D'un phrasé énigmatique, il me confia que la vie du marchand nommé Saemon-san était en danger et que celle qui le visait n'était autre que notre ennemie commune : l'Ombre rampante ! Il tut ses sources et ne s'étala pas sur les raisons de sa présence ici, me quittant et repartant comme si de rien n'était.

J'allai immédiatement partager avec mes nakamas Yorikis l'information que j'avais reçue, désolé quant au manque d'informations complémentaires à leur fournir. Il fut convenu que nous lui rendrions immédiatement visite, nous étant également engagés à lui faire connaître le fin mot de l'enquête qui nous avait amenés chez lui.

Nous le trouvâmes dans son jardin, à la même place que la dernière fois, préparant un thé auquel il nous convia. Après un bref rapport sur la précédente enquête, je soulignai le fait que la Maho-tsukai connue sous le nom de Maemi et sa fille Yui couraient encore et que lui-même courait un danger. Dédaignant mon avertissement, il tenta Ijatsu-san sur une partie de go, mais le Kitsuki préféra relancer la conversation sur notre enquête actuelle. A la description de notre suspect, brûlé au visage, fugitif de la Grue et ne portant aucun mon ou signe distinctif, je vis un possible parallèle avec Saemon-san, qui, pour ce que nous en savions, pourrait avoir appartenu à n'importe quelle maison et arborait lui-même des brûlures semblables, presque au même endroit. Mon entrainement de Scorpion, visant à deviner ce que les gens pensent au delà des apparences, me permit de comprendre que Saemon-san maintenait en public une façade de neutralité permanente, de manière naturelle et très efficace. Cependant, s'il avait un lien avec notre Asahina, j'étais persuadé que je l'aurais perçu.

Saemon-san nous confirma que le Village de l'Eau pure était l'endroit idéal pour se cacher.
Si rien ne le retenait ici, Oroku partirait ailleurs et nous ne le reverrions plus jamais.
Si, par contre, il était attaché au Village par un lien, il y resterait, attendrait patiemment son heure et se remettrait à son œuvre. Nous n'aurions alors qu'à guetter les signes de son activité. Selon Saemon-san, le brassage continu de voyageurs et les diverses activités plus ou moins légales qui s'y tenaient présentaient un environnement parfait pour la quête qu'il poursuivait et qui nécessitait l'enlèvement de jeunes filles. Il restait donc de grandes chances pour qu'il demeure dans la cité.
Quand nous lui décrivîmes le mode opératoire qu'il utilisait et les dessins ornant son atelier secret, dont certains assez vieux en apparence, Saemon-san tiqua. Il souligna que bien qu'Oroku se soit mis à enlever des filles depuis trois à quatre mois, le processus de recherche semblait avoir débuté il y avait bien plus longtemps, probablement même avant son installation à "un amour de porcelaine". Ainsi, la fille qu'il essayait de faire revivre au travers de la grande poupée n'était peut-être pas sa fille, comme nous le pensions jusqu'à présent, mais plutôt sa femme.

Je restai perturbé par l'avertissement que j'avais reçu et m'obligeai à demander à Saemon-san son programme de la soirée, ainsi que le détail de son personnel. Il était composée de quatre ronins et d'une dizaine d'heimins dont cinq ashigarus. Très confiant en sa garde personnelle, il refusa que nous lui servions de garde mais contourna le problème en nous invitant cordialement à passer la nuit dans sa résidence, insistant pour une partie de go, qui lui fut accordée. Ijatsu-san, qui n'avait pas rejoué depuis ses classes auprès de la maison Ikoma, se défendit bien mais fut finalement vaincu, par la technique de sacrifice qui lui avait valu sa répudiation. Il prit alors la pleine mesure de son adversaire, qui bien que n'étant pas un spécialiste du go, était un formidable stratège. Saemon-san ne nia pas être un ancien Lion, pas plus qu'il ne l'affirma. Une revanche ultérieure fut accordée à Ijatsu-san, qui prit congé en repartant à la Magistrature, prêt à nous envoyer son apprenti Hando si jamais notre présence était requise.

Saemon-san fut sans trop de surprise un hôte remarquable, sa maisonnée dénotant néanmoins un niveau de service et d’étiquette digne du palais d’un daimyo de clan. Après un agréable repas en compagnie de son intendant Oyadju, à parler du Village, sujet sur lequel le ronin aveugle était un puits d’informations, il se retira pour ses ablutions et sa méditation du soir, avant d’aller se coucher. Il avait fait préparer des appartements dans la même aile que lui pour Kyoshi-san et moi. Me réservant le petit matin, période favorite de tout assassin qui se respecte, je laissai au moine Kuni la première garde. Il fit le planton devant la porte des appartements de Saemon-san, ne croisant qu’un ronin qui faisait sa ronde régulièrement.  Il me réveilla comme convenu avant d’aller se coucher. Je priai les kamis de l’air pour qu’ils me permettent de partager leur essence et devenais intangible, passant doucement et sans bruit à travers les cloisons, jusqu’à la chambre à coucher de notre hôte. Je trouvai dans un coin, sous une table, à moitié derrière un paravent, un emplacement donnant une vue imprenable sur la chambre et ses voies d’accès, tout en restant dissimulé et hors des chemins possibles du ronin aveugle. S’ensuivit une longue attente, que l’adrénaline me permit de traverser sans somnolence.

Soudain, je m’aperçus, presque par chance, que la porte d’entrée s’ouvrait sans aucun bruit, le  panneau étant levé et poussé avec une maîtrise impeccable. Dans un silence surnaturel, un des ronins de Saemon-san entra dans la pièce, et referma la porte, du moins l’avais-je cru une seconde. Bien qu'habillé du kimono gris et du daisho sans mon en vigueur en ces lieux, son visage était totalement lisse : pas d’yeux, ni de bouche, ni aucun trait distinctif. Il se dirigea vers le lit tout en sortant la garde d'un ninja-to de son kimono. Je devais agir. Dans une prière silencieuse, je fis résonner un bruit de grattement à l’opposé de la pièce, pour détourner l’attention de l’assassin de sa cible. Un battement de cœur plus tard, l’homme s’était matérialisé dans le coin, prêt à frapper, avec une vitesse fulgurante.

Je m’interposai entre le lit et l’homme sans visage, tout en priant de la voix la plus forte possible les kamis de la terre, espérant réveiller Kyoshi-san et toute la maisonnée, de même que Saemon-san. J’ignorai si une telle créature était sensible à une frappe de Jade et ne connaissais qu’un moyen de le découvrir rapidement. Hélas, les kamis me murmurèrent qu’ils ne pouvaient déchaîner le pouvoir du Jade sur une créature non souillée. Derrière moi, le ronin aveugle se réveilla dans un sursaut, la main déjà posée sur le katana qui reposait à côté de son lit. Un éclair fusa dans la pièce et Saemon-san reçut avec douleur un shuriken en pleine poitrine. Tandis que je dégainais mon wakizashi et lui expliquais en quelques mots la situation, il se mit à l’abri derrière son futon pour se protéger d’autres projectiles.
L’assassin se tourna vers moi et je vis, avec un mélange de passion mêlé d’horreur, le visage de ma bien-aimée Bakono-chan qui me sourit d’un air coquin et mit un doigt sur sa bouche avec une moue rieuse. Mon cœur eut soudain envie de sortir de ma poitrine. Elle était là, mais c’était impossible. C’était un homme sans visage il y a quelques secondes seulement ! Ou alors était-ce elle depuis le début ? Dans un cri de dépit et de rage, je tentai tout de même de lui porter un coup, mais mon déchirement intérieur me mit en échec. Elle esquiva d’un pivot du buste, ses lèvres esquissant un baiser, avant de planter violemment son ninja-to dans mes côtes, une unique larme coulant le long de son visage. La brûlure que je ressentis ne laissa planer aucun doute : la lame était empoisonnée, comme l’était probablement le shuriken.
Kyoshi-san, qui avait utilisé la même magie que moi, mais sans l’aide des kamis, apparut dans un panache de papier de riz et d’éclats de bois. Un ashigaru armé d’un yari ouvrit également la porte d’entrée, lui aussi en proie à un dilemme. D’un côté, il devait voir son compagnon ashigaru se battre contre nous. De l’autre, son seigneur se protégeant d’un futon, dans une position qui ne montrait pas clairement qui il combattait. Il choisit de se placer près de Saemon-san, le défendant avant tout.

Notre ennemi sauta en arrière, avalé par l’ombre du mur et réapparaissant à l’autre bout de la pièce,  aux côtés de Saemon-san, qu’il blessa à son tour de son ninja-to. Je saisis le ronin par son kimono, le plaçant derrière moi pour le protéger de mon corps. Mais ce dernier ne comptait pas en rester là. D’un mouvement fluide et précis, démentant totalement son handicap, il me contourna et asséna un puissant coup de katana à son assaillant, aussitôt imité par le no-dachi de Kyoshi-san. Le redoutable assaut de mes camarades força l’assassin à se replier et il entama une série de sauts entre les ombres avant de lancer au beau milieu de la pièce une boule qui explosa, libérant une gaz lacrymogène bien connu chez les Scorpions. Forcés à tousser et à pleurer, nous ne pûmes l’empêcher de parvenir à la porte de la chambre. Dans une tentative désespérée pour le retenir, je fis apparaître, aux côtés d’un ashigaru qui arrivait en courant, un second garde habillé comme un ronin. Devant cette adversité adversaire changea de tactique et repartit pour une série de sauts dans les ombres, l’amenant dans la pièce attenante, puis à la fenêtre de celle-ci et enfin dans la rue. Laissant Saemon-san à ses gardes, nous le poursuivîmes. Mais si Kyoshi-san put suivre un temps les traces de sang de l’assassin, il en perdit rapidement la piste dans la rue, les sauts dans l’ombre rendant la poursuite impossible.

De retour chez le ronin, nous conjuguâmes nos efforts pour le soigner du mieux que nous pûmes, arrêtant ses hémorragies et supprimant sa douleur. Kyoshi-san faillit couper en deux un ashigaru ensommeillé qui était arrivé auprès de Saemon-san, le désignant comme notre adversaire. Nous comprîmes que l'ombre avait pris l’apparence d’un des gardes de la maison, pour pouvoir rentrer sans gêne dans les quartiers du ronin endormi, prétendant vouloir vérifier que tout allait bien.
J’avais vécu cet affrontement comme un cauchemar, mon cœur suppliant d’épargner l’amour de ma vie qui m’était revenu, alors que mes sens me criaient de détruire cette abomination qui revêtait le visage de Bakono-chan.
Et dire que cette chose n’avait pas émis le moindre bruit durant toute l’escarmouche. Comment pourrais-je venir à bout d’une telle entité ? Et comment en protéger Saemon-san ? Cet ombre pouvait revenir n’importe quand. Et pourquoi en voulait-elle à Saemon-san en particulier ? Et par les Fortunes, comment Fujoni avait-il su que l’attaque aurait lieu ce soir ? Je me sentais comme un pion blanc, désarmé et faible, au milieu d’une masse de pions noirs sur un goban.

Au petit matin, je priai Saemon-san de renforcer sa sécurité, plus particulièrement la nuit et de ne faire de totale confiance à personne. De retour à la Magistrature, nous eûmes le soulagement d’apprendre que la rencontre du Conseil et de ses invités s’était déroulée sans anicroches. Ijatsu-san témoigna de l’arrivée de la maison Yasuki, leur daimyo Yasuki Taka-sama étant escorté par une colonne de l'Elite des bushis Crabe de la famille Yasuki, lourdement armée.
Il avait également entendu l’arrivée un peu plus tard de la trentaine de Grues, menée par Daidoji Uji-sama, un Doji et un Kakita, sous les huées des habitants du Village de l’Eau pure. Sympathique atmosphère!

Notre Kitsuki avait de son côté mené une petite expérience. Il avait utilisé son don de psychométrie sur la poupée géante, la touchant à pleines mains pour l’étudier de ses sens. Il y avait ressenti la tristesse et l’espoir de son fabricant, à l’opposé de l’absence totale d’émotion dans la poupée même. Il prit la pleine mesure d’une forme de vie en devenir, comme un bébé, n’ayant pas encore de conscience propre mais n'ayant plus besoin que d'une étincelle pour en faire un être illuminé. Il l'avait finalement placée en position de méditation et avait terminé son étude par une observation : la poupée humaine qui lui faisait face avait tout de la jeune fille amoureuse de celui qui la regardait.
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Dix

Message  Babanek 30/03/18, 12:59 am

Doji Yamato-sama nous convoqua quelques jours plus tard pour nous faire part d’une invitation à la Cour d’Hiver de Asako Shizu-sama, daimyo du Phénix, sur les recommandations d’ Isawa Kitsukawa-san.
Notre Magistrat d’Emeraude pouvant difficilement nous refuser une telle invitation, il nous libéra de nos obligations et fit préparer les papiers de voyage nécessaires pour la traversée de l’Empire.
De même, notre groupe ne semblait pas particulièrement emballé, probablement à cause de l'envie de clore consciencieusement l'enquête en cours sur Oroku.
Pour ma part, j'avais du mal à quitter le Village de l'Eau Pure sachant que des ombres y rôdaient et ignorant toujours leur mobile contre Saemon-san.

J'appris au matin du départ que Ijatsu-san était retourné chez le ronin pour des échanges complémentaires. Il l'avait même battu cette fois, profitant d'une erreur de mémoire de l'aveugle.
Ils avaient parlé d'esclavagisme, dérivant sur le sujet d'Oroku, et Saemon-san avait fini par accompagner notre Kitsuki à la Magistrature. Sans aucun propos direct, il avait pourtant été conclus que la Magistrature considérait le marché de l'esclavagisme comme inexistant, mais une surveillance accrue sur les dossiers traitant de jeunes femmes serait mise en place de manière discrète en notre absence.

Nous fîmes bénir notre poupée dans les différents temples de la cité, exception faite de celui de Dai Koku. Le kami semblant à présent apaisé, nous pouvions entreprendre notre voyage.

Nous partîmes à dos de poney et à force de pratiquer ces bêtes, nous eûmes la satisfaction de découvrir une certaine habitude à l’équitation. Il nous fallut une journée de chevauchée pour rallier la frontière commune avec les terres de la Grue. Sitôt passés les postes de garde et les formalités administratives habituelles, nous décidâmes de quérir l’hospitalité du seigneur local, nommé Doji Haruki-sama.

Notre hôte accepta avec chaleur de nous héberger dans son palais, nous avertissant qu’il ferait, lui aussi, très prochainement route vers une autre cour d’hiver, celle de Seppun Ayumu-sama, membre de la famille impériale.

Dozan-kun et Ayeka-san remarquèrent, derrière le fauteuil où siégeait le daimyo, un magnifique katana d’une facture exceptionnelle et aux couleurs de la famille impériale. Il semblait faire la fierté du seigneur et cristalliser toute sa gloire, vu le faste avec lequel il était mis en valeur.

Au beau milieu de la nuit, nous fûmes réveillés en sursaut par des cris et des pas de course dans le palais. Nous imaginions déjà des assassins masqués au-dessus de nos couches, mais non, pas cette fois. Il s’avéra que le fameux katana du seigneur venait d’être dérobé, au nez et à la barbe de la garde.
Nous nous fîmes fort de tirer cela au clair avec le seigneur, qui nous expliqua que ce katana lui avait été offert il y a quelques années par Seppun Ayumu-sama, lors d’une cour d’hiver à Kyuden Doji pour le féliciter. C’était justement chez ce seigneur qu’il devait partir d’ici peu. Prêt à se faire seppuku pour expier sa honte, nous lui demandâmes de retenir son geste, le temps que nous retrouvions le voleur.
Il décida alors de nous donner jusqu'au lendemain, puis il partirait annoncer la tragédie à son ami et s'ôterait la vie devant lui.

Après un rapide état de la situation politique, nous apprîmes que la position du village était difficile, entre la gestion de la frontière avec le clan du Crabe et celle du daimyo voisin plutôt turbulent. Doji Haruki-sama suspectait d'ailleurs principalement ce dernier, qui selon lui pouvait , seul, tirer avantage du forfait.

Ijatsu-san repéra une trappe par laquelle 2 ravisseurs étaient passés selon lui. Il dénicha même des traces de sang, indiquant qu’un des voleurs s’était blessé dans l’opération. Il limita le champ des recherches à un petit homme ou à une grande femme, au vu des espacements des traces et grâce à un long cheveu noir.
Kyoshi-san pista les voleurs jusqu’à une forêt séparant les terres des Grues et des Crabes. Nous la traversâmes jusqu’à un poste de garde Grue qui n'avait pas vu de fuyard.
De retour dans la forêt, nous fûmes attaqués sans sommations par une escouade de bushis Hida et Ayeka-san fût blessée et dût se faire violence pour ne pas riposter. Une fois repris à l’ordre par Kyoshi-san, ils expliquèrent qu’ils disputaient cette forêt aux Grues et aux forces de l’Outremonde qui, à notre surprise, avaient établi une zone d’influence stable au sein même de l’Empire ! En nous qui nous croyions protégés derrière le Mur des Bâtisseurs. Ils n’avaient pas non plus vu les voleurs mais nous conduirent à leur proche village.
Ils jurèrent à son approche en constatant que les villageois et les bushis présents nettoyaient les restes d’un assaut de Bakemonos qui avait eu lieu il y a peu.

A l’auberge, nous eûmes affaire à un homme peu enclin à nous aider, mais pûmes obtenir de lui qu’une voyageuse avait passé la nuit ici et qu'elle était partie précipitamment vers le poste frontière nord.
Déboulant dans sa chambre, nous la manquâmes de peu, puisque nous l’aperçûmes fuyant dans la rue, s’étant échappée par la fenêtre. Sa fuite à notre arrivée nous indiqua que nous étions sur la bonne voie. La course poursuite qui s’ensuivit nous mena dans les contreforts des proches montagnes, où elle retrouva son acolyte, qui de loin semblait être un bushi des Grues.

Nous les rattrapâmes alors que la femme, à genoux devant le katana posé sur deux grosses pierres,  abattait un coup de marteau magistral sur l’arme, brisant net sa lame en deux. Ayeka-san et Kyoshi-san ressentirent un trouble suite à ce geste, comme si une magie était à l’œuvre dans l’arme brisée.

La courtisane, qui se présenta comme Seppun Kazumi-san, nous expliqua qu’elle avait été mandatée par son seigneur, Seppun Ayumu-sama, pour récupérer et détruire le katana. Son daimyo avait reçu une alerte par Kitsu Ryoka-san du clan Tsuki, produisant l’école shugenja des Lions, capables de converser avec les ancêtres. Ces derniers l’avaient alerté que le katana offert était en réalité maudit.
Pour éviter le déshonneur, le seigneur avait donc ordonné à Seppun Kazumi-san de voler le katana, sans que personne ne sache qu’il était le commanditaire, avant qu’un problème ne survienne. Elle avait recruté sur place le bushi qui l'accompagnait à présent, Daidoji Sennon-san, après lui avoir expliqué les enjeux. Il n'avait eu d’autre choix que de l’aider à voler la lame qui représentait l’honneur de son propre seigneur… on ne refuse pas facilement un appel à l’aide de la part d’un membre de la famille impériale…

Alors que la courtisane se félicitait d’avoir résolu le problème en brisant la lame du sabre, Ayeka-san et Kyoshi-san se firent pressants en lui expliquant qu’une magie néfaste était toujours à l’œuvre… peine perdue, une forme spectrale se forma au-dessus du katana et, se saisissant des deux morceaux de la lame, les fusionna d’un coup sec avant de se mettre en garde. Une fois de plus, il nous fallait lutter contre une créature surnaturelle et les armes de jade et d’obsidienne ne furent pas de trop pour venir à bout du Gaki.
Seppun Kazumi-san admit son déshonneur et son erreur avant de demander le droit de se faire seppuku.  Il lui fut accordé après la promesse que l’implication de sa famille dans ce vol serait mise sous silence, pour le bien de tous. A nouveau, notre Dragonne assista le rituel en libérant les épaules de la tête de la jeune femme, apaisant sa conscience et ses ancêtres.

De retour chez notre hôte avec Daidoji Sennon-san, nous avons finalement pu rendre à Doji Haruki-sama son précieux katana, restant volontairement obscurs sur le voleur et faisant passer l’affaire pour un simple cambriolage ayant pour but le profit. Daidoji Sennon-san demanda lui aussi à se faire seppuku, supportant  la culpabilité du vol du sabre et avouant avoir apporté son aide pour le vol. Il mourut dans l’honneur, emportant avec lui l’identité de son commanditaire.
Doji Haruki-sama put finalement partir pour sa Cour d’Hiver, nous laissant nous reposer chez lui un jour de plus et remerciant notre implication, qui lui avait permis de conserver son honneur et sa tête.

Nous poursuivîmes notre route à travers les terres de la Grue, magnifiques en cette saison.
Après quelques jours de voyage, une soirée à l'auberge vit un petit incident se produire : un duelliste Kakita expérimenté, qui avait reconnu l'insigne du Champion de Topaze, se prit à se mesurer à Dozan-kun. Il s'arrangea pour que leurs katanas se heurtent dans l'auberge surpeuplée, provoquant ainsi un duel au premier sang qui réjouit notre Shiba. Il allait se frotter à la crème de sa discipline. Dozan-kun dut faire appel à toute sa concentration et sa discipline pour centrer son esprit sur sa lame. Lorsque, en un éclair, chacun d'eux dégaina dans un Iaijutsu à peine visible, c'est notre Champion de Topaze qui réussit à toucher son adversaire d'une estafilade, faisant honneur à son titre.
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Onze

Message  Babanek 02/04/18, 01:58 pm

Nous étions le 2 du mois de Shinjo (mois du chien) lorsque nous arrivâmes au château du Champion d’Emeraude, Kyuden Mabuni, à la tombée de la nuit. Les décorations y étaient diverses et uniques car chaque Champion y ajoutait sa touche personnelle, l’ensemble architectural en résultant étant assez atypique ! Il neigeait, et le froid était saisissant.

Quand nous entrâmes dans la cour du palais, nous fûmes immédiatement surpris par la première vision qui s’offrit à nous : un grand et majestueux cheval noir trônait debout au milieu de la cour, et ce n’était pas une statue ! Il était couvert de neige et une zone de dix mètres de neige immaculée sans empreinte l'entourait. A la vue de notre surprise flagrante, un garde nous précisa qu’il s’appellait Xian, et qu’il appartenait à un vieux magistrat renommé du clan de la Licorne : Shinjo Shimura-san. Sa monture semblait aussi connue voir plus que lui : l’un des plus valeureux serviteurs du magistrat d’émeraude ! Un garde avait cherché à le rentrer de force aux écuries. Le pauvre s'était pris une ruade fulgurante et en était mort! Ainsi, le cheval restait donc là. Ayeka nous expliqua qu’elle ressentait une constance avec l'esprit de ce cheval, comme s'il était déjà celui d'un cheval réincarné, sans passer par la distribution divine de l'Ordre Céleste.
Nous fûmes menés dans une aile du palais avec des chambres pour nous loger, des bains, après cette longue route à dos de poney, ce ne fut pas de refus !

Nous pûmes enfin rencontrer le Magistrat et lui donner tous les rapports du Village de l’eau pure que Doji Satsume-sama avait jugé bon de transmettre. Nous fûmes reçus à diner sur place d'un repas modeste, et Ijatsu déplora l’absence de saké.
Ce dernier passa la soirée dans une caserne de la ville pour s’y ressourcer… Au retour, éméché, il se retrouva nez à nez avec Xian, qui après un court instant où le temps sembla s’arrêter, lui attrapa fermement la manche de sa puissante mâchoire et le traina vers l’extérieur ! Notre Kitsuki penaud tenta de parler à Xian pour lui assurer qu’il allait bien le suivre, mais qu'il préfèrerait de loin être lâché et monter sur son dos. Le noble destrier obtempéra et notre camarade se hissa péniblement sur la haute croupe recouverte d’une simple couverture.
En passant la porte de la citadelle, il demanda à un garde de nous prévenir.

Kyoshi-san, Ayeka-san et Dozan-kun furent donc réveillés par un magistrat en plein nuit. Et alors qu'ils se préparaient, ce dernier leur raconta que Shinjo Shimura-san était proche de la mort mais désirait accomplir une dernière mission qui lui tenait à cœur. Le vieux magistrat était donc parti pour son Kurishitai (« dernier voyage »), il y avait plus de deux ans… Xian était revenu seul il y avait une semaine, avec la garde du katana de son maître…

Ainsi ils partirent, sans moi, Soshi Tôshiro, votre serviteur, logé dans une aile différente du palais par manque de place. Je ne les poursuivrait qu'au matin, une fois que l'on aurait répondu à mes inquiétudes devant l'absence de mes compagnons. Moi qui les imaginais déjà massacré par un assassin au visage sans traits, issu des ombres... mais non ! Il me semblait que nous étions un groupe soudé, mais il faut croire que les préjugés envers les Scorpions excusent un abandon pour poursuivre un cheval et un samouraï imbibé... J'appris donc la suite après un long voyage solitaire, au terme d'une chevauchée ennuyeuse à poursuivre, non pas une escouade de Yorikis impériaux, mais le fameux Xian, héros parmi les équidés, et son escorte de samouraïs bigarrés...

Ils ne parvinrent à rejoindre Ijatsu-san qu’à 4h du matin tant le pistage fut laborieux, la neige continuant de tomber. Ils avaient quitté la ville et cheminé loin au nord, souvent en dehors des routes. Ils purent enfin confier des vêtements propres à notre Kitsuki, ce qui fut providentiel, à en juger par les émanations de sa tenue, un fin mélange d’alcool, de vomi, et de cheval. Ils prirent un peu de temps pour brûler quelques branches et réchauffer notre fameux amoureux du saké.
Ils repartirent aux premières lueurs de l’aube et traversèrent plusieurs villages.
Après quelques heures de route, Ijatsu-san n’en pouvant plus il s’arrêtèrent pour siester. Un peu blasés, et après avoir été imaginé de l’attacher à son poney (trop déshonorant pour passer à l’acte), ils se reposèrent tous quelques heures, au grand dam de Xian qui piaffait d’impatience.
Après la pause et un copieux repas de rations de voyage séchées, ils poursuivirent vers le nord, en veillant, dès que l’occasion se présentait, à faire le plein de provisions sur la route.

Ils parvinrent à la tombée de la nuit en vue d’une petite cabane, et décidèrent de voir si ils pourraient y passer la nuit. La surprise fut totale lorsque, de la porte fermée, une voix les invita ainsi :
« Entrez Yorikis !»
Un homme âgé, chauve, maigre et vouté les accueillit avec une cérémonie du thé, dans une cabane à l'ambiance sobre mais chaleureuse. N’osant pas interrompre ce rite sacré, ils ne savaient toujours pas l’identité de cet étrange hôte.
Il s’adressa enfin à eux par ces mots :
- « Vous avez été choisi pour rétablir une injustice, et vous devrez bientôt choisir entre ce qui est bien et ce qui est correct. Vous allez avoir à venger votre frère.
Une dernière chose : La loi des hommes ou celle des dieux : pourvu que le cœur soit sincère, les dieux protègeront sans que l’on ait à les prier » (Dozan-kun reconnut une citation de Tsugarawa Mishigane-sama, enseignée en théologie).
Il leur proposa d'être leur hôte pour la nuit, sans donner son nom. Ils se sentirent visiblement si apaisés par le thé et le crépitement des flammes qu'ils s'endormirent assez brusquement… Au réveil, il n’y avait plus personne. La cabane semblait inhabitée depuis des années… Seule planait encore cette atmosphère apaisante, cet impression de sérénité. La nature de leur hôte les intrigue toujours, était-ce un kami ?! Pour ma part, je n'eus pas la chance de rencontrer le vieil homme, bien que je me rappelle avoir passé la cabane à l'abandon.

Après cette expérience inattendue, ils chevauchèrent une nouvelle journée, en bifurquant un peu à l’ouest. Ils firent quelques étapes chez l’habitant, versant quelques zénis de dédommagement.
Ils longèrent les terres du Dragon et poursuivirent vers les terres de la Licorne, qu'ils atteignirent au bout de 6 jours de plus.
A la frontière, Xian fut regardé avec respect, et on les laissa passer, surtout une fois qu'ils eurent questionné un garde sur Shinjo Shimura-san, révélant ainsi que le destrier était le fameux Xian !
Ils furent dorénavant une attraction, les gens prenant grand soin du destrier, les enfants accourant pour voir Xian, faisant peu de cas des Yorikis impériaux.
Ils demandèrent si certains avaient déjà vu Shinjo Shimura-san.
Au fur et à mesure de leur avancée, ils furent de plus en plus accueilli par des foules où les villageois attendaient dehors pour voir le héros, Xian, qui était acclamé… Le vieux magistrat et sa monture étaient presque vénérés, héros de légende, modèle du lien entre maître et monture…
Les meilleures auberges leur ouvrirent leurs portes. Dozan-kun me confia plus tard qu'il avait trouvé assez amusant d’être ainsi l’escorte du héros Xian, destrier de son état...

Au 12e jours du mois de Shinjo, ils entamèrent la montée du Col de la Souffrance, un passage montagneux, et Xian choisit sans faille les détours pour éviter les chemins bloqués par la neige. A ce train, ils étaient partis pour quitter Rokugan !!!
Ils arrivèrent au Château du Col des Souffrances, la dernière forteresse rokuganie avant la frontière, plutôt une ville fortifiée, le 14 du mois de Shinjo.
L’annonce de leur arrivée les avait précédés. Xian les mèna à l’auberge de la ville, et s’y arrêta, comme s’il avait atteint son but.
Il y avait des peaux de bête sur les bancs qui leur étaient destinés, mais en voyant leur gêne, les aubergistes les remplacèrent rapidement par des coussins… Ils mangèrent des mets un peu étranges, des légumes variés, un repas somme toute très exotique, refusant la viande proposée.
Deux samouraïs Moto entrèrent, escortant une samourai-ko Otaku : ils venaient les convier à la table du daïmyo, Shinjo Agata Mori-sama.
Les locaux leur révèlèrent que Shinjo Shimura-san était déjà passé ici il y avait deux mois de cela, pour préparer son voyage. Il avait vu à de nombreuses reprises plusieurs marchands, notamment un certain Ide Yujo.

Au moment de quitter l’auberge pour rejoindre le palais du daïmyo, le regard de Dozan-kun croisa celui d’une très belle jeune fille qui les observait au coin d’une maison. Captant l'œil du Shiba, surprise, elle volatilisa rapidement sans qu'il ne puisse retrouver sa trace. Il resta quelque peu marqué par cet instant... la fille ressemblait en tout point à une éta, mais d’une beauté saisissante, et dégageant quelque chose de presque surnaturel…
Dans le village, ils croisèrent de curieux personnages : des « barbares gaijin », vêtus de mailles métalliques avec de gros sabres larges et droits nommés épées…

Au palais, ils furent menés devant Shinjo Agata Mori-sama, accompagnée de son karo Ide Fusaaki-san, avant d'être installés chaleureusement.
Le daïmyo leurs demanda pourquoi Xian les avait menés ici et où ils se rendaient. Ijatsu-san lui répondit que c’était parfois le voyage qui était important… puis il embraya sur la nature du vin… un vin cuit vieilli dans des futs en bois. Ils détournèrent ainsi la conversation en interrogeant sur les autres cultures rencontrées, celles des gaijins. Les Licornes se disent attentifs aux barbares, étudient ces peuples étrangers pour pouvoir faire face à toute éventualité et menace et ainsi garantir la paix de l'Empereur, un raisonnement somme toute proche des nôtres sur ce point.
Evidemment le karo cherchait de temps à autre à obtenir des informations, mais notre Kitsuki résista remarquablement bien aux conversations.
Ils profitèrent à nouveau des plats exotiques : pâté, cornichon, fromage, galettes de farines et autres gâteaux. Mes compagnons apprirent que le daïmyo était vieillissant, sans enfant et qu’il se préparait prochainement à faire lui aussi son dernier voyage. Le karo s’occupait déjà de la majorité des affaires courantes.
A la demande des nouvelles du dernier passage du maître de Xian (ce héros, destrier de légende admirable et respecté de tous), et à la mention de sa recherche d'informations pour son dernier voyage dans les Terres brulées, le karo feint la surprise sur l’aigreur d’un cornichon. Il cachait vraisemblablement quelque chose.

Après le repas, cheminant dans le palais en compagnie d'Ijatsu-san, le Karo finit par couper le dialogue de sourd pour poser carte sur table : « Le daïmyo n’a pas d’enfant, on ne peut me le reprocher, il veut que je continue à m’occuper de ses terres, ce n’est un secret pour personne. »
Ijatsu-san lui révéla de la même manière que, guidés par un kami, ils désiraient savoir ce qu’il était arrivé à Shinjo Shimura-san. Notre hôte se hasarda à évoquer l’éventualité d’un cheval atteignant l’illumination ! Ainsi, le cavalier et le cheval pourraient parfois ne faire qu’un…
Il nous demanda pour conclure de le tenir informé du fruit de nos recherches.

Alors que la nuit pointait son nez, le marché était toujours animé ! Les deux Motos les suivaient de loin et, dans un angle de rue, la petite jeune femme croisa cette fois-ci le regard de Ijatsu-san, captant immédiatement son attention. Elle avait des cheveux noirs, était habillée comme une éta, mais il perçut lui aussi qu'il y avait plus… Notre limier Kuni tenta de s’éclipser discrètement et d’anticiper le trajet de la jeune fille, qui semblait paniquée. S’en suivit une rapide course poursuite avec sauts sur les toits. Ijatsu-san peina à suivre son agile gibier, chutant de temps à autre, mais il parvint finalement à la coincer habilement dans une ruelle !
Elle dégageait à la fois une grande sérénité et une grande beauté. L'enquêteur Dragon tenta de ne pas croiser son regard et lui dit vouloir juste lui parler « Pourquoi nous suivez-vous ? » Mais craquant, il leva les yeux et se retrouva comme hypnotisé par cet être si sublime, si mystérieux à la fois. Elle en profita pour s’échapper à nouveau ! Sortant de sa torpeur, notre ami joua sa dernière carte en se focalisant sur les odeurs : il perçut une forte odeur d’herbe à thé, d'une essence insolite, ce détail permettant probablement de la retrouver ! La fillette dégageait décidément une impressionnante force spirituelle, plus que de la magie. Il récupéra un cheveu laissé et s’en retourna tranquillement s’acheter de l’alcool local pour enfin rejoindre le reste du groupe, faisant mine d’avoir bu. Dozan-kun, de son côté, se révélait absorbé et captivé par une culture si différente, qu'il n'avait pas vu disparaître le Kitsuki, ni les Motos les suivre.

Retrouvant l’odeur de thé chez un vendeur du marché, notre Lion-Dragon en acheta un peu et se fit indiquer le quartier des éta… De retour à l’auberge, ils devisèrent de la marche à suivre… seraient-ils marqués depuis la cérémonie du thé ? Etaitt-ce bien eux que la jeune fille surveillait… ?
Le lendemain, Ijatsu-san et Dozan-kun décidèrent de tenter leur chance chez les éta, Kyoshi-san et Ayeka-san iraient parler au marchant Ide Yujo.
L’entrevue avec le marchand ne sembla pas avoir donné grand-chose, le Crabe et la Dragonne ayant rencontré un homme riche, meublé de bois exotiques et visiblement doué pour persuader les gens qu'il n'avait rien à leur apprendre.

Ijatsu-san décida de pénétrer dans le quartier par la porte de derrière, ce que refusa évidement Dozan-kun, pour qui il ne me semblait pas nécessaire de se cacher pour réaliser une juste mission. Avant cela, il espérait ainsi semer « honorablement » leurs sympathiques gardes Moto, par un footing matinal innocent, remarquant qu'eux étaient en armures lourdes.
Hélas, au moment de passer à l’acte, Xian se mit étrangement à le suivre et Dozan-san devint l'homme le plus facile à pister de la ville. Après avoir bifurqué une ou deux fois, mais ayant assez clairement pris la direction du quartier de éta, il parvint rapidement à l’entrée de cette zone. Tout son honneur lui hurlait de ne pas y entrer, que ce n’était pas ma place, mais il devait le faire. Seuls Ijatsu-san et lui avaient vu l'envoutante jeune fille et l'âme du Shiba lui criait l’importance de la retrouver. Il força donc son honneur pour avancer, agissant par compassion pour Xian.

Un attroupement d’éta se retrouva le front au sol devant lui. Il était entré seul, avec de l’avance sur l’enquêteur Kitsuki. Les Moto avaient retrouvé sa trace mais n’eurent pas le cran de le suivre.
Un peu déconcerté, il demanda devant lui où il pouvait trouver une sublime jeune fille au regard envoutant. On lui répondit que la jeune fille s’appelle Ikko et qu’elle avait été chassée du village. Les étas précisèrent que c’était une prostitué et une voleuse, vivant seule dans une petite cabane près des chutes d’eau, et qu’elle parlait de choses incompréhensibles…
Cette expérience dérangeante avait finalement porté ses fruits !

Je venais d'arriver en ville au retour de mes deux camarades et, une fois tous réunis, nous sortîmes rejoindre la petite cabane, Xian nous suivant à nouveau à travers la forêt.
Nous débouchâmes enfin sur une petite clairière, la surface de neige devant la maison étant plus accidentée, comme si un petit jardin zen était dissimulé sous la neige. Xian, que nous n'avions jusqu'alors jamais vu que debout, se coucha enfin au beau milieu du jardin zen enneigé, finalement apaisé. Une voix douce et cristalline émergea de la cabane, demandant qui était là.
Dozan-kun nous annonça : « Nous ne vous voulons aucun mal, nous voulons juste vous parler »
- Yoriki-sama, entrez. »
A l’intérieur nous ressentîmes une ambiance zen, la jeune fille nous attendant est assise au centre de la pièce, bien coiffée, dans une posture très digne, dégageant une image de perfection absolue ! C’en était déstabilisant.
Elle s’adressa à nous d’une voie douce et posée :
« Je suis prête à mourir pour mes actes. »
Notre duelliste lui répondit d’emblée que nous serions seuls décideurs et juges de ses actes, et l’enjoignit à nous expliquer pourquoi elle pensait mériter la mort.
« Ce magistrat enquêtait sur un trafic de contrebande, mais il a été attaqué par des brigands alors qu’il avait découvert leur cachette non loin et a été ainsi assassiné. Je suis coupable de ne l’avoir pas aidé, d’avoir inhumé son corps et touché sa lame. J’ai ensuite libéré Xian. J’ai pleinement conscience que vis-à-vis de l’honneur, c’est inacceptable. »

A ses mots, nous fûmes bouleversés. Nous n'avions pas réalisé jusqu’alors, mais en étions désormais persuadés : nous étions en présence d’un être ayant atteint l’illumination !!! Elle parlait comme Shinsei !! Elle citait même ses enseignements, son Tao, bien qu'avec des mots différents. Elle s’était hissée à un niveau supérieur et nous fûmes d'accord qu'elle n’était donc plus éta, mais plutôt d’une caste supérieur à la nôtre !
Pour ce que j'en savais, l'illumination était un état de transcendance, de spiritualité élevée. L'être illuminé se rapprochait des kamis et de la compréhension de la Roue Céleste. C'était l'apanage des moines et, de manière plus lointaine, des shugenjas. Je remerciai les kamis de la chance qui m’ait offert de croiser la route d’un être d’une telle pureté et sentis un sentiment similaire chez mes camarades. Les kamis d'ailleurs, semblaient se rassembler autour de la cabane et de son jardin, attirés par l'endroit et emprunts de bienveillance envers la fillette.

Dozan-kun semblait particulièrement sensible à cet état de grâce et de plénitude. Il jaugea longtemps Ikko avec son œil de duelliste et nous avoua que, bien qu'elle n'avait sans aucun doute jamais manié un sabre, elle ferait une excellente pratiquante du Iaijutsu. N'y tenant plus, il réagit :
« Vous avez atteint l’illumination ! Mais vous n’avez que 14 ans et ne savez même pas lire ?! Qu’avez-vous fait ? Racontez-nous votre vie, enseignez nous ! Je suis un Phénix, l’illumination est notre raison d’être !
- Je suis né dans le quartier des éta, j’ai toujours réfléchi à ma situation, à la vie, à la mort, à l’ordre céleste. J’ai été violée à 10 ans par un samouraï et chassée du village. Je vis depuis lors ici. »

S’en suivit un débat entre nous pour savoir ce que l’on allait faire.
Dozan-kun proposa de la laisser en vie : n’étant plus éta, ses actes n'étaient donc plus des crimes. Le Shiba annonça se moquer des conséquences, mais ne pouvait pas se résoudre à la condamner ! Il clama suivre au mieux le Bushido, mais pas à l’encontre de son cœur. Selon lui, chaque clan se focalisait en priorité sur l’une des 7 vertus du Bushido : les Scorpions mettaient en avant le devoir, pour justifier le fait qu’ils bafouent largement les autres vertus (une vision un peu abusive, vis-à-vis des autres vertus, mais juste dans la motivation, à savoir la pérennité de l'Empire), les Lions se focalisaient sur l’honneur, au mépris d’autre vertus aussi. Les Phénix, mettaient en avant la compassion, et Dozan-kun se sentait très serein dans son choix, cette jeune fille étant un être innocent et pur que nous autre samouraïs devions protéger.
Devant certaines réflexions de nos camarades, il constata au passage avec surprise et colère qu'ils étaient prompts à se moquer de lui quant à ses efforts pour suivre le Bushido, alors même que lui ne les avait jamais jugé sur leurs pratiques respectives !

Ijatsu-san, lui, était catégorique : il se moquait bien des questions d’honneur et d’illumination. Le sang avait assez coulé, elle méritait de vivre. L’absence d’objection des autres membres du groupe, moi compris, régla la question : elle aurait donc la vie sauve !

S’en suivit une seconde discussion : Ijatsu-san voulait la laisser ici, alors que Ayeka-san et Dozan-kun souhaitaient lui proposer de la mettre à l’abri, en l’escortant sur les terres du Dragon ou du Phénix. Plus que la protéger, ils voulaient lui permettre de s'élever plus encore au contact d'autres gens à la spiritualité exacerbée et également faire profiter le reste du monde de son savoir et de sa condition si singulière. Ils argumentèrent évidemment chacun pour leur propre clan, mais étaient tous deux d’accord sur le fait que ce choix lui appartient à elle, et qu'ils lui souhaitaient ce qu’il y avait de mieux de son point de vue.
La voie du Dragon promettait un cheminement dangereux, mais Ayeka assura que son seigneur était la personne la plus à même, en tout Rokugan, de permettre à Ikko de s’élever.
La voie du Phénix était moins dangereuse et la relation serait faite d’échange, mais peut être trop académique pour un être aussi libre que la petite Ikko.
Elle qui avait écouté sans rien dire jusqu'à présent annonça alors d'une voie claire qu'elle voyait à présent sa route se dessiner et qu'elle la mènerait aux hauteurs des terres du Dragon. Nous lui promîmes alors tous de l'accompagner aussi loin que nous le pourrions, sans malheureusement pouvoir lui assurer le sort qui lui serait réservé à son arrivée.

Avant cela, nous voulions nous occuper des meurtriers du magistrat et pourquoi pas démanteler le réseau de trafiquants. Nous devions bien cela à Shinjo Shimura-san, dont le cheval nous avait guidés jusqu'ici. De plus, le vieil homme, que certains évoquaient comme un kami, avait parlé de venger notre frère !
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Douze

Message  Babanek 02/04/18, 11:49 pm

Nous demandâmes à Ikko de nous mener à la tombe du Yoriki de la Licorne, suivis par Xian.
Lorsque je lui demandai ce qu'elle ressentait à propos du fier destrier, Ikko annonça que Xian représentait la quintessence du lien entre l'homme et sa monture et qu'il était habité par l'Esprit du Cheval, un kami propre aux équidés.
La fillette nous guida jusqu'à une grotte dont l'entrée était masquée par une congère. Comme le voulait mon rôle de shugenja, j'entrepris d'effectuer le rituel guidant l'âme du samouraï jusqu'à la Roue Céleste, apaisant ses ancêtres. Je ne sais pas si la présence d'Ikko me perturbait ou si le manque de pratique m'avait fait oublier mes prières mais je dû m'y reprendre à deux fois pour finalement effectuer une prière satisfaisante, peu convaincu qu'elle ait été réellement nécessaire. Je bénis également la lame du katana de Shinjo Shimura-san à l'aide de saké emprunté à Ijatsu-san, réserve infinie auto-rechargeable s'il en est, absolument fiable dans ces circonstances.

Ikko nous décrivit ensuite un chemin à travers la montagne, vers un col représentant la limite des terres de Rokugan. Elle dépeignit un pont de pierre qui passait au-dessus d'un ruisseau, alimenté par une proche cascade. Selon elle, le repaire des contrebandiers qui avaient tué le vieux Yoriki était situé derrière le rideau aquatique.
Nous lui demandâmes de rebrousser chemin et d'attendre dans en lieu sur à sa cabane. Xian la suivit docilement, de même que Kyoshi-san, qui désirait assurer sa sécurité.

Après une heure de marche, nous atteignîmes le sommet du col. Au delà, une brume insondable s'étendait sur les terres inconnues et une certaine déception me saisit, moi qui m'attendait à un aperçu des fameuses les Terres Brûlées. Juste en dessous de nous, le pont de pierre et la cascade décrits par Ikko. Je priai un esprit de l'air de pénétrer dans la grotte, de compter les humains présents et de revenir me les décrire. Ils étaient au nombre de huit, dont deux singulièrement différents des autres et de nous-mêmes selon le kami. L'un était vêtu de fer et l'autre parlait aux éléments ! Voilà qui promettait ! Si je ne voulais pas être désavantagé dans la lutte magique, j'avais intérêt à ce que l'affrontement inévitable se passe à l'extérieur pour pouvoir m'assurer de faire tomber sur l'ennemi la Fureur d'Osana-Wo.

Ijatsu-san, formé aux techniques des criminels, nous expliqua que les contrebandiers avaient pour habitude d'assurer une voie de sortie de secours à leurs repaires. Aussi convoquais-je un nouveau kami de l'air pour trouver une autre sortie s'il en était et revenir nous y guider par une voie détournée. Nous dûmes poursuivre sur le versant offert à la brume des Terres Brûlées, contournant le pic par le flanc, la mer de brume s'étendant sur notre droite comme si le monde n'existait plus.

Parvenus à la seconde entrée, non dissimulée et indiquée par des traces de chariot récentes, je priai les kamis de la terre de venir à moi. Etendant mes perceptions, j'en remarquai finalement un de belle taille et d'un fort poids spirituel. Je lui demandai humblement d'aller faire ébouler l'autre entrée de cette grotte, allant même jusqu'à proposer un service de ma part en échange.
Au bout de quelques minutes, certains d'entre nous assurèrent avoir entendu un bruit sourd et senti la terre trembler. Nous prîmes alors en position pour affronter les forces ennemies qui ne tarderaient normalement pas à sortir par l'unique voie restante... enfin presque tous. Notre Champion de Topaze semblait tout à fait incapable de se dissimuler, son honneur le forçant à faire face à la grotte, arc bandé et flèche encochée.

Après une dizaine de minutes, Ijatsu-san, posté sur l'un des côtés de l'entrée, perçut l'approche furtive d'un homme, tenant un étrange appareil à la main. Le brigand remarqua Dozan-kun en même temps que celui ci et un échange de tirs eut lieu.
L'engin gaijin propulsa une petite flèche qui érafla le flanc du Shiba, tandis que celui-ci transperçait d'une flèche magistrale la poitrine de l'homme dissimulé. Le Kitsuki nous indiqua que des pas fuyaient dans l'ombre de la montagne, l'alerte allait manifestement être donnée par un second contrebandier.

Je soignai Dozan-kun en priant la Voie vers la Paix intérieure, avant de me placer en queue de peloton, poursuivant sous la montagne. Dans un geste de compassion autant que pour assurer nos arrières, nous achevâmes le brigand, un rokugani vêtu de manière étrange, portant du cuir. Quelle horreur, de la chaire morte sur soi!

Plus loin, le boyau qui permettait le passage à deux poneys de front se rétrécit au niveau d'une salle où attentait une petite carriole. Poursuivant en file, une lumière fut bientôt visible devant nous. A la lueur d'une torche située derrière eux, Ayeka-san distingua deux autres brigands rokuganis cachés derrière des caisses de bois, alignant des engins de tir comme le précédant.

Après nous avoir décrit la scène, elle se rua sur celui de droite, diminuant la distance pour s'abriter de l'autre côté des caisses. Je lançai un sort de Lame acérée sur le wakizashi d'Ijatsu-san, avant qu'il ne parte la rejoindre. Dozan-kun enchaina vers celui de gauche, détectant deux autres tireurs au passage, l'un au milieu de la pièce, derrière les deux premiers, l'autre sur la droite, abrité par d'autres caisses.
De là jaillit alors un humain totalement recouvert d'habits de métal, abrité derrière une grande pièce de bois et maniant un sabre gaijin appelé épée bâtarde. Pas le moins du monde intimidée, Ayeka-san lui asséna un formidable coup en croix de son daisho, faisant jaillir sang et étincelles.
C'est alors qu'un homme que nous n'avions pas vu apparut soudainement derrière l'homme au centre. Il prononça un unique mot dans une langue inconnue et un frisson me parcourut. Un stalactite de glace jaillit de sa main tendue pour aller violemment heurter notre Dragonne.
D'un regard d'entente, Ijatsu-san, Dozan-kun et moi adaptâmes notre stratégie : confiant dans les capacités de défense d'Ayeka-san, le Kistuki vint me prêter main forte sur le flanc gauche pour libérer la voie à notre duelliste vers l'étrange homme enturbanné, qui commandait aux kamis sans même leur parler. Je lançais sur son sabre Kakita une prière de Lame acérée avant qu'il ne file comme le vent.
Alors qu'Ayeka-san faisait payer cher à l'homme en armure, le magicien disparut soudainement. Ijatsu-san blessa le contrebandier rokugani qui me menaçait, tandis que Dozan-kun, par dépit, frappa d'un iai terrible l'escorte de l'enturbanné.
Me fixant pour objectif de faire réapparaître le mage, j'entamai une communion avec le kami de la torche, en vue de lui demander de nimber notre cible d'une aura de flammes.
La bushi Mirumoto subit soudain un assaut désespéré du guerrier de métal, qui poussait son avantage à l'aide de deux sbires. Acculée et n'y tenant plus, Ayeka-san inspira goulûment l'air avant de cracher un jet de flammes sur ses adversaires groupés. Les deux rokuganis furent bien brûlés, et le chevalier s'effondra en grésillant.
Le mage réapparut près d'une pile de caisses et lança sur Dozan-kun une autre flèche de glace qu'il reçut de plein fouet. Ijatsu-san tua son second adversaire, malgré une blessure reçue, faisant bon usage de sa lame enchantée. Dozan-kun rassembla alors le vide en lui et, d'un coup fantastique, trancha en deux le magicien. Le temps que je dégaine à mon tour mon wakizashi, Ijatsu-san avait abattu deux adversaires supplémentaires, véritable furie d'acier. Ayeka-san avait tenu bon grâce à son style niten, mais elle accueillit avec joie mes soins, grièvement blessée.

Reprenant nos esprits, nous profitâmes de la curiosité du Kitsuki et de ses prérogatives pour tenter d'en savoir plus sur les gaijins en fouillant leurs affaires.
Le mage portait un turban et son faciès, ainsi que ses yeux, étaient plus ronds que les nôtres. Il était aussi plus trapu. Il portait une dague courte ouvragée, ainsi que deux amulettes autour de son cou.
Je ressentis que l'une était alignée avec les kamis de l'air tandis que la seconde l'est avec les kamis de l'eau. Elles portaient un glyphe illisible pour moi, mais qui concentrait inexplicablement l'énergie des kamis des éléments concernés, sans leur aval, de manière totalement hérétique. Je n'en comprenais pas le fonctionnement, mais j'étais sûr que le clan Yogo serait à même de percer leur secret, pouvant peut-être ainsi y trouver une parade en vue de protéger l'Empire d'un éventuel conflit futur.
Prévoir les menaces et imaginer leurs solutions à l'avance était l'apanage de mon clan, mais ces objets étaient également fortement prohibés dans le royaume... Pragmatique, je décidai de briser celui de l'air, relâchant la pression sur mes meilleurs alliés parmi les kamis. Je m'arrangerais pour que le second parvienne aux shugenjas Yogo.
L'homme en armure, aux cheveux dorés et aux yeux blonds était mourant. Ayeka-san met fin à ses souffrances en passant sa lame à travers son casque, il ne parlait probablement pas notre langue.

Nous fîmes un inventaire rapide des caisses :
- un stock de bouteilles avec un liquide incolore fortement alcoolisé dont les étiquettes indiquent водка
- des amphores pleines d'une boisson pétillante fruitée, que Ayeka-san reconnut comme du "champagne". Elle avait fait envoyer une caisse de 3 amphores à Imeiko-sama le jour précédent
- une caisse d'armes mécanisées projetant les fameuses petites flèches, moins les 3 utilisées par les brigands.
- des cimeterres et des pièces d'armures de cuir en pagaille
Nous interrogeâmes finalement un rokugani mourant. Il se souvenait que ses comparses avaient tué le dénommé Shinjo Shimura, car il furetait trop près de leur repaire. Il avoua qu'Ivan, leur chef à présent séparé en deux, qui maniait cette magie élémentaire, avait pour tâche de vendre leur recel en ville. Il n'en dit pas plus, conscient qu'il mourrait de toute façon, mais nous sentîmes qu'il n'avait pas tout dit. Après une dernière chance laissée de tout avouer pour soulager sa conscience, nous l'achevâmes sans souffrances superflues.
Avisant deux tunnels, nous en empruntâmes un pour trouver une salle où 8 poneys étaient alignés, peu avant que le boyau soit bloqué par mon éboulement. Le second était plus instructif : il s'agissait d'un bureau, dont la décoration et les meubles en bois d'essences rares rappelèrent immédiatement à Ayeka-san le bureau de Ide Yujo, le marchand qu'elle avait interrogé la veille. Ainsi, il n'était peut-être pas si détaché de toute cette affaire.

Ijatsu-san, au flair si aiguisé, décela une cache derrière une tenture, abritant un coffre de bois niché dans la roche. Je tentai de "réparer" la serrure visiblement ouverte mais grippée, sans succès. Notre Kitsuki opta donc pour la manière forte, descellant le coffre du mur grâce à l'épée bâtarde avant d'en faire sauter les gonds en l'utilisant comme un levier, révélant son contenu :
- quatre gros volumes, ressemblant à des livres de comptes mais écrits dans une calligraphie codée
- un petit carnet portant le mon Shinjo : les notes cryptées par un code standard Yoriki de toute une vie de magistrat d'Emeraude par Shinjo Shimura-san.
- une boite en bois de tek, portant le mon Bayushi et possédant une serrure ouvragée délicate.
- une bourse plate contenant trois diamants de belle taille

J'aurais voulu pouvoir étudier de plus prêt le coffret Bayushi, car s'il contenait un secret du Scorpion, alors le connaître était la première étape en vue de le défendre. Mais mes camarades se firent pressants, aussi m'effaçais-je, espérant ne pas le regretter.

Nous fîmes rapidement un tas avec les caisses, avant de les asperger de водка et d'y mettre le feu, détruisant ces objets hérétiques qui n'avaient, selon la loi impériale, rien à faire à Rokugan.
Les poneys furent libérés et nous les prîmes avec nous pour les déposer en ville, en sélectionnant un pour Ikko en vue de son voyage à venir.

De retour sur l'autre versant de la montagne, l'éboulement avait atteint le pont, sur lequel l'eau tombait à présent, formant une mare au sommet. Du côté de Rokugan, cinq samouraïs vêtus de noir et de rouge attendaient que nous arrivions à eux : un courtisan Bayushi et son escorte de bushis. Je n'aurai finalement pas l'occasion d'ouvrir ce coffret, comme pressenti.
Il se présenta comme Yôjiro Bayushi, magistrat de clan. Avec une franchise qui semblait totale et inquestionnable, il nous expliqua qu'il était mené ici par une sombre affaire, suivant un coffret volé. Kachiko Bayushi-sama elle-même, la conseillère de l'Empereur, l'avait dépêché pour le retrouver. Une fois arrivé au Château du Col des Souffrances, il avait suivi notre piste ou plutôt celle de Xian, qu'il avait retrouvé dans le jardin zen, mort et veillé par Ikko et Kyoshiro-san. A cette mention, nous dûmes tous retenir notre souffle, priant intérieurement pour le salut de la fillette.

Il nous décrivit le coffret ainsi que les effets du poison dont il était piégé et il fut décidé sans équivoque que le coffret leur serait remis et qu'ils pourraient repartir sans s'attarder sur la route. Ils repartaient avec ce qu'ils étaient venus chercher et Ikko resterait sauve.
Yôjiro Bayushi-san sortit une clé de son kimono, ouvrit discrètement le coffret et constata le temps d'un battement de cœur son contenu, avant de le refermer, impassible. J'en profitai pour lui demander, sur le retour, de faire parvenir l'amulette que j'avais emmitouflée dans un carré de soie au clan Yogo, afin qu'il l'étudie. Il accepta sans complexe, réceptif envers ma motivation. Nous nous séparâmes sur les courtoisies d'usage.

De retour chez Ikko, il fut convenu qu'elle contournerait la ville discrètement pour nous retrouver d'ici deux heures sur la route. Nous lui achèterions de quoi passer pour une servante heimin, espérant que son comportement ne la trahisse pas. Avant de partir, un autel fut érigé en la mémoire de Xian, en bordure du jardin zen. Alors que son âme rejoignais la Grande Roue Céleste, certains crurent entendre résonner un puissant galop, évoquant liberté et fidélité.

Un kimono blanc avec des fleurs de cerisier fut acheté pour Ikko, de même que les provisions en suffisance pour un e bonne partie du périple. Ayeka-san avisa le samouraï Moto, qui nous suivait à nouveau et alla se camper devant lui pour lui annoncer notre départ. Il nous accompagna jusqu'aux portes de la ville, alors que les Scorpions nous précédaient d'une heure. Ikko nous retrouva au sud, sortant d'un taillis où elle s'était dissimulée.

Nous profitâmes du voyage pour compulser les livres de comptes : ils dépeignaient un inventaire complet des biens volés dans tout Rokugan et des clients dans les Terres Brûlées. Y figuraient également la liste des importateurs du clan de la Licorne.
les commerçants de la ville étaient listés et ils s'appropriaient les cargaisons pour les vendre. L'absence de mention d'Ide Yugo alimenta nos théories selon lesquelles il était le cerveau de l'opération.
Une liste particulière dépeignait des objets spéciaux, volés dans Rokugan, où figurait la boite Bayushi. Le nom de son destinataire était écrit mais incompréhensible.

Quant au journal de Shinjo Shimura-san, il abritait deux facettes. L'une consistait en des séries de notes succinctes, pas plus de deux lignes à la fois, sur des affaires rencontrées durant toute sa longue carrière.

Le contenu le plus intéressant du carnet, traitait, lui, de la poursuite d'un réseau de contrebande dans tout Rokugan, jusqu'à l'arrestation d'une tête de réseau sur les terres du Lion. L'homme interrogé, dépeint comme terrorisé, s'était livré à Shimura-san en admettant ses méfaits et son appartenance à une conspiration globale. La contrebande servait à alimenter cette conspiration en informations et en moyens financiers.
Le but poursuivi était d'outrepasser l'Ordre Céleste par la richesse et le commerce, mettant en avant que cet Ordre freinait le peuple de Rokugan, l'empêchant de trouver sa vraie place à cause des limites imposées par les dieux et les kamis. La conspiration se promettait de mettre en place une situation où, un jour, l'Empereur en poste arrêterait la Roue Céleste dans un instant de grâce, prendrait ses responsabilités et arrêterait de profiter du système en place depuis des millénaires.
L'homme, très affolé par ses propres révélations, mourut empoisonné par son thé à la fin de l'entretien, alors que Shinjo Shimura-san avait bu le même breuvage que lui et n'avait pas été affecté. Des notes supplémentaires indiquaient que le vieux Yoriki avait également trouvé de gros diamants sur les responsables qu'il avait arrêté.
Se focalisant sur ces derniers, Ayeka-san ressentit qu'ils possédaient un pouvoir spécial, le préciser.

Enfin, alors que nous longions les terres de Dragon par le sud, Ikko s'arrêta soudain, déclarant que sa route bifurquait ici pour une ascension vers le nord. Elle apercevait un château perché sur les hauteurs alors que les massifs enneigés et brumeux ne laissaient rien apparaître de tel. Nous nous quittâmes, lui souhaitant bonne chance dans son périple, priant que les kamis continuent de la soutenir et espérant avoir la chance de la revoir un jour.

Il nous restait à retourner au palais du Champion d'Emeraude, pour lui remettre le carnet de Shinjo Shimura et son katana, finalement rassemblé.

Voici, Seigneur Shosuro Hayato-sama, une nouvelle menace qui plane sur notre Empire... A croire que chaque semaine depuis que je suis devenu Yoriki me réserve un nouvel ennemi pour tester ma résolution et ma loyauté à défendre Rokugan.

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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Treize

Message  Babanek 04/05/18, 01:19 am

Notre rencontre avec Ikko avait laissé des traces chez mes camarades, l’un plus particulièrement : lors de notre voyage à dos de poney, j’aivais eu une longue conversation avec Dozan-kun à ce sujet. Il restait encore marqué sa façon de voir le monde, d’appréhender les événements, de se recentrer sur elle-même. Le Phénix avait médité longuement sur ses simples paroles, de bon sens pur. Sa capacité à faire le vide en elle était déroutante, et il savait qu’il pourrait tirer profit de ses enseignements pour son art, ayant hâte de mettre en pratique ses méthodes de concentration avec le iaijutsu !

Nous étions alors le matin du 25 du mois du chien, à 2 jours du Palais d’Emeraude, et Ijatsu-san n’était pas descendu dans la grande salle de l'auberge. Dozan-kun le rejoignit pour le réveiller, sans succès, l’alcool ingurgité la veille prolongeant probablement son coma… Seulement, lorsque nous finîmes par le rejoindre, Ayeka-san remarqua des traces sur la porte, indiquant qu’elle avait été forcée. Elle finit par réveiller le Dragon avec un seau d’eau froide.

Rapidement, notre Kitsuki encore embrumé repéra que sa chambre avait été fouillée et constata avec effroi que les documents d’enquête de Shinjo Shimura-san, ainsi que les diamants récupérés chez les contrebandiers avaient disparu… En gros, toutes nos preuves sur la fameuse Conspiration ! Les capacités de cette organisation forçaient l’admiration : être capable de nous pister et d’organiser un tel vol en si peu de temps ! Le voleur avait été, au passage, en à même de berner les incroyables talents de perception de notre ami enquêteur ! Heureusement pour nous, cet homme n’avait pas été envoyé pour le tuer et n’avait pas fait de zèle !
En examinant le reste de sa bouteille de saké, Ijatsu-san comprit qu’il avait surement été drogué par un puissant somnifère. Il avait développé un don d’expertise du saké semblait-t-il… A moins que la connaissance des poisons ne fasse également partie de l’éventail des Kitsukis...
Nous étions alors le matin du 25 du mois du chien, à 2 jours du Palais d’Emeraude.

Le 27, nous retrouvâmes Minoko-san et Taiko-san, nos collègues yorikis, à la magistrature. Nous leur fîmes alors un rapport très simpliste de notre séjour en terre de la Licorne : nous n’évoquâmes ni Ikko, ni la Conspiration, ni le vomi du collègue… Mais hélas, sur ce dernier point, la rumeur sur l’état d’Ijatsu-san au moment du départ vers les terres Shinjo semblait avoir largement couru…
Sur place, un des magistrats du Champion d’Emeraude nous rédigea une lettre expliquant notre retard pour la Cour d’Hiver par une mission d’importance non prévue, dont nous avions hérité à la volée.
Un billet nous fut également confié, annonçant le Tournoi de Topaze le 3 du rat, soit dans un mois. Notre présence était requise pour cette occasion au Palais d’Emeraude, sans plus de précisions, mais cela constituait un billet de sortie valable pour quitter la Cour d’Hiver des Phénix. Notre Champion de Topaze se faisait une joie d’assister aux épreuves, focalisé évidemment sur celles de iaijutsu ! Peut-être que son successeur voudrait l’affronter ?

Le 3 du Sanglier, le visage de notre Shiba s’illumina en cheminant sur les terres du Phénix : de belles terres, avec de temps à autre, fontaines et jardins zen. Il me confia se sentir serein, heureux de repasser chez lui. Nous parvînmes enfin au Château du Chêne pâle.
Le château était construit autour d’un magnifique chêne blanc en dessous duquel un empereur s’était fait enterrer, près du corps de sa femme. On donnait des propriétés magiques aux écorces de cet arbre de légende. Au pied du château s’étendait une plaine fertile, les montagnes et leurs forêts s’élevant non loin.

Nous nous annonçâmes, et l’on prévint le daimyo Asako Shizu-sama de notre arrivée. On nous présenta nos appartements, comprenant des jardins zen, des balcons privés avec plantes, un autel neutre pour les ancêtre… de quoi laver notre âme de la poussière de la route et des derniers évènements.
Plus tard, nous fûmes guidés vers la grande salle, ayant déposé nos armes sur des porte daisho. Une petite troupe d’artisans de la Grue jouait une douce musique.
Le yojimbo Shiba Reikun-san nous accueillit et nous prévint que son maitre, Isawa Kitsukawa-san, était absent depuis 6 jours. Il nous présenta les principaux participants à la cour :
- Asako Shizu-sama : Daïmyo du Château du Chêne pâle
- Asako Kajatsu-sama : sensei spirituel et fils du daimyo Asako Shizu-sama
- Asako Himé-sama : épouse de Asako Kajatsu-sama, anciennement du clan Matsu, enceinte et proche du terme
- Asako Akiko-sama : fille de Asako Shizu-sama, promise à Kitsuki Yoto-sama un daimyo du Dragon des terres proches, brillait par son absence
- Matsu Kina-san, sœur d’Asako Imé-sama
- Isawa Masahiro-san : karo de Asako Shizu-sama
- Isawa Kitsukawa-san : shugenja et devin de Asako Shizu-sama, rencontré en terres Moshi, responsable de notre invitation, mais absent.
- Shiba Reikun-san, Yojimbo de Isawa Kitsukawa-san, également rencontré en terres Moshi
- Shiba Ujisuko-san, samouraï-ko capitaine de la garde
- Asako Keiko-san, historienne et érudite
- Asako Akachi-san, très jeune courtisane
- Agasha Fumka-san, karo de Kitsuki Yoto-sama, un daimyo du Dragon des terres proches
- Mirumoto Karujin-san, yojimbo de Agasha Fumka-san
- Mirumoto Rai-san, envoyé de Mirumoto Sané-sama, un jeune daimyo du Dragon
- Doji Yurio-san, artisan Kakita, époux de Doji Aiko-san
- Doji Aiko-san, courtisane épouse de Doji Yurio-san
- Ikoma Katsu-san, barde et historien
- Akodo Bentijo-san, yojimbo d’Ikoma Katsu-san et fils d’Akodo Tadadji-sama, général du Lion, sur lequel Ijatsu-san a débattu, pour finir par se retrouver excommunié. !
- Bayushi Eijiro-san, courtisan
- Shinjo Agui-san, émissaire de la Licorne et frère de Shinjo Shujiri-san
- Shinjo Shujiri-san, émissaire de la Licorne et frère de Shinjo Agui-san
- Hida Fuya-san, émissaire du Crabe, estropié avec une jambe de bois
- Kitsune Retsu-san, émissaire du Renard
- Kitsune Sanae-san, yojimbo de Kitsune Retsu-san

Asako Kajatsu-sama et sa femme arrivèrent enfin et se dirigèrent vers nous pour nous accueillir chacun individuellement… Le fils du daimyo nous précisa qu’un tournoi de samouraïs était prévu, mais que son père n’avait pas voulu le débuter avant notre arrivée… Il nous présenta sa femme et annonça avec fierté qu’Isawa Kitsukawa-san avait prédit que son fils, dont la naissance était prévue dans 2 semaines, serait un parangon de la paix.
Entra un homme âgé : Isawa Masahiro-san, le karo du daimyo Asako Shizu-sama, qui salua tout particulièrement Taiko-san, puis tout notre groupe. Il nous fit remarquer que nous étions attendu un mois plus tôt et nous demanda si nous avions un message pour son maître. Dozan-kun lui remit la lettre écrite en prévision par les magistrats du Champion d’Emeraude.
Puis Bayushi Eijiro-san vint nous saluer, de manière plutôt respectueuse, évoquant notre séjour sur les terres Bayushi, où nous avions évité un drame à beaucoup de mes concitoyens masqués.

Asako Shizu-sama se montra enfin, homme d’une quarantaine d’année, très sobre, devant qui la cour entière s’inclina.
« Très honorables invités, je tenais à saluer l’arrivée tant attendue des yorikis impériaux, j’ai nommé : le Champion de Topaze Shiba Dozan-san, le fin limier Kitsuki Ijatsu-san, le sage Shoshi Tôshiro-san, l’énigmatique Mirumoto Ayeka-san, le renommé et envié apprenti du maître du feu, Isawa Taiko-san, la troublante Bayushi Minoko-san, et quelqu’un que nous n’avons que trop rarement l’occasion de rencontrer dans nos contrés et qui a acquis son statut de yoriki en libérant un village de la menace d’un Oni, Kuni Kyoshi-san. Nous les attendions plus tôt mais le Champion d’Emeraude, usant de sa prérogative, les a retardés afin qu’ils puissent participer à la sécurité de l’Empire.
Je souhaitais que cette Cour d‘hiver soit l’occasion de mettre en valeur les vertus du samouraï, sans duel. Il sera affaire de culture, car il y a bien des façons d’honorer son seigneur, sans pour autant faire la guerre. Tous les clans comprennent et partagent notre point de vu à ce sujet » ajouta-t-il en regardant tour à tour quelques bushis Shiba puis la délégation du Dragon. « Nous accueillerons donc des épreuves de poésie, peinture, danse et cérémonie du thé. Les Dojis renommés ici présents seront les juges. Nous pourrons avant cela continuer les échanges, afin d’accroître les liens d’amitié. Le concours aura lieu du 7 au 14 du mois, le calendrier n’étant pas figé, au vu des événements attendus.
Souvenons-nous que nous sommes tous frères, serviteurs de l’Empereur. » Levant sa coupe de saké, imité par tous : « A l’Empereur ! »

Dozan-kun semblait partager mon sentiment et louer cette idée, digne du Phénix, d’un tournoi de compétences artistiques que peu maîtrisaient au final… Cela risquait d’être amusant !
Ayeka-san alla vers les membres du Dragon pour parler de la situation frontalière. Ils sortirent dans les jardins. Elle nous raconta plus tard qu’il y avait des terres neutres entre les clans et qu’il y avait eu des frictions et des morts pendant l’été.
Elle nous cita le cas du seigneur Mirumoto Sane-sama et du seigneur Kitsuki Yoto-sama, dont les domaines étaient placés chacun d’un côté d’une passe montagneuse appartenant aux Asako. Un accord avait été trouvé entre les daïmyos pour apaiser la situation, mais il tardait à se réaliser. D’habitude, on parlait plutôt de coalitions entre Dragon et Phénix contre les Lions, qui périodiquement tentaient des incursions sur les terres voisines.
Pour sceller une paix durable, la fille d’Asako Shizu-sama, nommée Asako Akiko-sama, devait passer son Gempuku dans peu de temps et épouser Kitsuki Yoto-sama, le fils du daïmyo Kitsuki. Le mariage initialement prévue le 8e jour du coq, avait été repoussé d’un mois car Akiko-sama avait demandé la permission d’une retraite spirituelle. Le mariage aurait donc dû avoir lieu 28 jours plus tard soit le 8e jour du chien, mais nous étions le 3 du mois suivant !!!

Dozan-kun choisit d’aller parler à Asako Akachi-san, très jeune courtisane Phénix. Il pensait que sa jeunesse lui permettrait de gagner sa confiance, ou tout du moins de ne pas se faire retourner le cerveau par un courtisan trop expérimenté. Elle sembla d’abord sur la réserve, comme impressionnée par le statut de notre Champion, puis se livra enfin. Le frère de Reikun-san faisait partie des morts et il en souffrait intérieurement. Akachi-san semblait en souffrir aussi des événements, mais impossible de savoir si c'était Akiko-sama ou le bushi décédé qui la troublaient le plus.
Akiko-sama était la meilleure amie de Akachi-san et elle avait vu en Mirumoto Sane-sama, le jeune daïmyo Mirumoto, le parfait complément à ses attentes. Cependant, la juste décision du daimyo lui désignant pour époux Kitsuki Yoto-sama l’avait un peu chamboulée. Finalement, Akiko-sama était tombée amoureuse du mauvais fils Dragon…

Pour autant, Akiko-sama avait affirmé qu'elle ne reculerait pas devant son devoir. Elle avait sollicité un pèlerinage, perdu entre ses désirs et son devoir, pour trouver la force de respecter la décision de son père et participer à la paix… Lors de ce type de voyage spirituel, on perd son statut, pour se chercher, méditer, généralement entre 1 et 3 mois. Elle comptait se rendre vers les Gorges du Nœud caché et devait auparavant passer par le mémorial de Uikku, érigé en mémoire du shugenja qui avait recopié le Tao de Shinsei, suite à l’écoute du Kami Shiba. Lorsqu’elle avait promis à son père d’être de retour au 8e jour du chien, elle était honnête selon Akachi-san.
Son frère, Asako Kajatsu-sama, s’inquiétait fortement, alors que leur seigneur se contraignait à persuader les émissaires Kitsuki que tout allait bien. Finalement, Akachi-san avait mis ses sentiments sur la table, de manière très fleur bleue… s’était-elle trop projetée ? Dozan-kun conclut qu’il était persuadé qu’il allait nous falloir partir à la recherche de Akiko-sama et qu’il lui était probablement arrivé quelque chose…

Ijatsu-san décida d’aller droit au but et se dirigea vers les Lions. Taiko-san fit mine de se joindre à lui, mais notre Dragon-Lion l’en dissuada : tous deux avaient été l’objet de conflits avec les Lions, cela ferait peut être trop d’un coup…
Akodo Bentijo-san et Ikoma Katsu-san étaient en contemplation devant le Chêne pâle. Ijatsu-san lança une conversation en parlant de vérité, l’Ikoma lui répondant en parlant d’histoire. Ijatsu -san l’interrogea sur les parchemins historiques Ikoma : de quand dataient-ils ? L’Empire avait moins de deux millénaires, mais ce fut d’abord une tradition orale. Le fondateur de la maison Ikoma était réputé pour sa capacité à conter de belles histoires. Il était important de formaliser les récits, sinon, le temps altérait la réalité. A priori Bentijo-san n’avait même pas reconnu notre Kitsuki... ce dernier était prêt clairement, s’il le fallait, avoir une franche explication et désamorcer toute velléité d’emblée. Mais si on l'ignorait totalement, pas la peine de se torturer pour le moment.

Nous fîmes finalement le point avec le groupe : Ijatsu-san partit avec Taiko-san, tandis que Kyoshi-san, Dozan-kun et Minoko-san se joignaient à moi pour parler avec Shiba Reikun-san.
« Kitsukawa-san est allé au temple le 25 du chien et n’en est pas revenu depuis. Je ne l’accompagne jamais au temple. Compte tenu de la paix sur nos terres, le vieux shugenja voulait y aller seul. Soit il a fait le choix de partir plus loin sans moi, soit il lui est arrivé quelque chose. Je suis un combattant et suis désarmé face à la disparition de mon seigneur. »
Reikun-san précisa que Kitsukawa-san avait dit qu’un sujet le préoccupait et qu’il espérait que notre venue durant la Cour d’hiver pourrait éclairer la question.
« Nous avons eu, sur l’année passée, sur le village et les terres alentours, 8 morts violentes d’heimins, par décapitation. Mon seigneur a sollicité le karo pour faire venir des enquêteurs et inquisiteurs, mais ce dernier a refusé, prétextant que c’était sûrement l’action un ronin et que les victimes n’étaient que des heimins, ne justifiant pas la présence de yorikis impériaux… Kitsukawa-san a poursuivi ses recherches, sans trouver grand-chose. S’il a usé de son influence pour nous faire inviter ici, c’est pour faire la lumière sur ce qui est arrivé aux heimins. » Nous pourrions aller voir sa maison demain si nous le voulions. Selon Reikun-san, les crimes ressemblaient plutôt à la chasse d’une bête sauvage.

Encore une nouvelle enquête à mener ! Et les réponses évasives et peu convaincantes du karo pourraient suggérer qu’il était impliqué…
Ayeka-san et Dozan-kun allèrent voir Mirumoto Rai-san : il était ici mandaté par Agasha Satsiko-san, karo de Mirumoto Sané-sama, conformément aux accords passés cet été et représentait son daimyo. Il ne fit que des réponses fermées, pour volontairement ne pas s’épancher sur les sujets abordés. Il confirma que les frictions Lions-Dragons ou Phénix arrivaient occasionnellement et que lorsque Dragons et Phénix étaient concernés, ils faisaient généralement front contre les Lions. Notre interlocuteur était une porte de prison verrouillée, dont peut être seuls les charmes de Minoko-san auraient pu forcer l’ouverture…

Les points à éclaircir :
- Asako Akiko-sama : s’était-elle enfuie ? Peu probable… s’il lui était arrivée quelque chose, qui était responsable et pourquoi ?
- Les morts des heimins : qui était impliqué, responsable et pourquoi ?
- Complot pour déstabiliser l’amitié Dragon-Phénix ? Possible… Un coup des Lions ? Possible aussi… Comment les Lions avaient-ils conclu le mariage entre Asako Himé-sama, anciennement Matsu et le fils du daimyo Phénix ? Nous ne les avions pas encore interrogés sérieusement, car s’ils étaient impliqués, il nous faudrait avant tout plus d’informations…
- Il faudra probablement discuter avec plus de monde pour glaner plus d’info, par exemple en abordant Bayushi Eijiro-san, qui en bon Scorpion promettait d’en savoir probablement beaucoup !
- Un dernier point : l’état de Ijatsu-san inquiétait un peu Dozan-kun lorsqu’il buvait… Il avait des propos étranges sur l’ordre céleste, ce qui faisait au Shiba un bel exercice de concentration pour ne pas avoir l’air de réellement écouter tout cela…

Entre un ex-Lion qui faisait fi de l'honneur, un Phénix élevé par des Grues qui fermait les yeux sur la loi et un Crabe et une Dragonne qui laissaient passer beaucoup de choses, je me sentais de plus en plus à l'aise au sein de ce groupe. Mes camarades devenaient des Scorpions ou je n’y connaissais rien !


Dernière édition par Babanek le 30/01/19, 11:45 am, édité 1 fois
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty CHAPITRE QUATORZE

Message  Babanek 14/06/18, 03:43 pm

Au matin du 5e jour du Sanglier, nous allions trouver Reikun-san pour en savoir plus sur Kitsukawa-san, quand le karo Izawa Masahiro-sama se présenta à nous avec une requête : voilà 2 mois que Asako Akiko-sama avait disparue et son seigneur s’inquiétait, bien qu’officiellement, il affiche un visage confiant et serein en parlant de sa fille. Seulement, Agasha Fumka-san lui avait fait part de l’impatience de son propre daimyo et notre hôte avait donc décidé de nous demander de lui ramener sa fille.
Les soupçons que nous avions sur le karo semblaient trouver un écho dans cette demande qui nous éloignait du Château du Chêne pâle, mais l’inquiétude de la part du seigneur était tout à fait légitime, aussi nous acceptâmes sans détour.

Profitant de la présence du karo, nous l’interrogeâmes sur les différents sujets en cour dans son domaine. Il savait que qu’Akiko-sama était partie au début du mois du singe, seule et à pied, mais ignorait sa route et sa destination. Il pensait également que Kitsukawa-san, qu’il n’avait pas revu depuis le 25e jour du chien, était parti rechercher la fille du daimyo, qui aurait dû revenir pour son mariage le 8e jour du chien. Il nous confirma que, selon lui, la dizaine d’heimins disparus sur une période d’une année sur un domaine aussi vaste ne requérait pas d’attention particulière.
Pourtant, une décapitation sur un heimin était un acte qui était usuellement performé pour punir une traîtrise contre la noblesse. A une telle fréquence, cela semblait louche selon nous.

Prenant congé et trouvant Reikun-san, nous nous fîmes guider à la chambre d’Akiko-sama. Les lieux, très ordonnés et sobres, étaient les témoins d’une femme réfléchie, bien loin d’une courtisane tape-à-l’œil. Les kimonos de sa garde-robe portaient le mon Henshin sur le cœur, indiquant sa volonté de devenir moine et seuls 2 kimonos manquaient, confirmant la volonté du pèlerin, voyageant léger. Dans son bureau, 4 missives de Mirumoto Sané-sama formaient une correspondance sentimentale, confirmant les préférences de cœur évoquées par Akachi-san. Mais les promesses réciproques de se conformer à la volonté du seigneur Asako confirmaient également la décision ferme d’Akiko-sama à son départ. Le seigneur Dragon annonçait d’ailleurs dans sa dernière lettre qu’il était heureux que la Phénix se soit résolue à son sort. Dozan-kun décida de garder pour nous ces feuillets pouvant devenir dangereux entre de mauvaises mains. A ce moment-là, on nous apporta la carte de la région que nous avions demandé au karo et il apparut que le choix du seigneur Asako s’était orienté vers une préférence géographique et militaire, pour équilibrer les forces de la région. Il ignorait probablement tout des préférences de sa fille.
Enfin, nous découvrîmes quelques écrits codés dans un système Phénix simple, prouvant que la jeune fille s’entrainait au codage avec son frère Kajatsu-sama, sensei du dojo des Soupirs, suivant le courant de l’école Asako Henshin. Le contenu évoquait de Tao de Shinsei, la théologie.

A notre sortie de la chambre, le capitaine Shiba Ujitsuko-san nous attendait pour nous proposer son aide dans nos enquêtes. Elle s’était rendue deux fois sur des lieux de crimes, dont une fois avec Kitsukawa-san. A nos questions, elle répondit que, selon elle, l’assassin des heimins n’était pas un samouraï, les découpes étant trop grossières pour un sabre. Elle annonça que les meurtres étaient espacés d’environ un mois à chaque fois, le dernier datant de presque un mois, le 7e jour du Chien, dans une plantation de riz avant la forêt. Elle nous répondit aussi que les meurtres étaient à peu près équitablement répartis entre des hommes et des femmes, sans comprendre d’enfants. Différentes communautés avaient été touchées à chaque fois.
Concernant Akiko-sama, elle l’avait vue partir vers l’ouest, vêtue d’un kimono et d’un manteau, mais n’en savait pas plus.

Afin d’en terminer dans cette zone, nous demandâmes à Reikun-san de faire venir la servante de la fille du daimyo. A notre vue, elle se jeta immédiatement au sol qu’elle entreprit de marquer de son front. Ijatsu-san s’agenouilla à son niveau, visiblement peu d’accord avec cette soumission. Partageant cette vue, je demandai à la servante de se redresser et de se nommer. Répondant à nos questions les joues empourprées, Kiru nous avoua avoir laissé traîner ses oreilles… Elle cita le mémorial de Uikku et les Gorges du Nœud caché comme destinations, corroborant Akachi-san, qu’elle semblait côtoyer souvent. Elle nous apprit que sa maîtresse ne cessait de pleurer depuis l’annonce de son mariage, mais que les larmes s’étaient taries lorsqu’elle avait décidé de partir en pèlerinage. La jeune femme lisait beaucoup et écrivait suite à ses leçons, probablement les exercices de codage repérés dans sa chambre. Bien qu’elle parte pour la première fois seule dans la nature, Akiko-san avait préparé ses affaires elle-même.

Nous patientions en vue d’un entretien avec Asako Kajatsu-sama quand un Akodo Bentijo-san visiblement très énervé arriva comme une furie, les yeux braqués sur Ijatsu-san. Il semblait prêt à dégainer son katana et nous dûmes nous forcer à rester impassibles, pourtant prêts à réagir au besoin. Derrière lui, Matsu Kina-san peinait pour le rattraper sans courir ouvertement, clairement affolée.
« Ijatsu-san, vous ne portez plus votre mon d’origine semble-t-il, je ne vous avais pas reconnu.
- On m’a demandé de l’abandonner et de quitter les terres du Lion.
- Que faites-vous en ces lieux ? »
Kina-san, finalement, nous rejoint et nous demanda d’excuser Bentijo-san, prétextant que tous deux devaient avoir une conversation, le suppliant presque d’un sourire déroutant, dénotant d’une franche amitié. L’Akodo se contint de justesse avant de tourner les talons, entraîné par Kina-san. Visiblement, quelqu’un avait rappelé au fils du général Akodo Tadadji-sama qui était réellement notre Kitsuki.

On nous annonça finalement que Kajatsu-sama ne nous recevrait pas avant déjeuner, aussi Reikun-san nous accompagna vers la demeure de Kitsukawa-san.
Il habitait un quartier riche et calme de la Cité des Souvenirs. Un ruisseau naturel s’écoulait à travers le jardin de sa propriété, qu’agrémentait un pigeonnier. Sa maison était suffisamment grande pour requérir plusieurs serviteurs, mais Reikun-san nous indiqua qu’il vivait seul. Après trois appels passés depuis le pas de la porte, comme à son habitude, nous lui demandâmes de nous guider au bureau du shugenja Izawa. Après quelques recherches, Ijatsu-san dénicha des livres factices dans la bibliothèque, cachant un compartiment secret où reposaient des livres sur la magie et les esprits. Ces derniers étaient visiblement consultés très souvent et depuis bien des années.
Dans le bureau, une correspondance avec Agasha Ryoku, un forgeron, faisait état de réflexions philosophiques.
Enfin, un compartiment discret abritait un carnet de notes codées d’un niveau bien supérieur à celui des essais d’Akiko-sama. Décrypter ce codage prendrait un temps qui risquerait de nous mettre en retard, aussi j’empochai le carnet pour l’analyser plus tard.

Je tentai une approche différente et plus rapide par une communion avec les kamis de la pièce. Un puissant esprit de l’air s’imposa rapidement à moi, visiblement occupé à la surveillance de ce bureau. Je lui demandai de me décrire la dernière fois qu’il avait vu Izawa Kitsukawa-san. Emprunt d’une grande tristesse, il m’apprit qu’il ne savait pas si son « ami » était vivant après l’attaque dont il avait été victime à l’étage supérieur. Il ajouta que le vieux shugenja n’avait pas décidé de partir et n’avait reçu personne dans ce bureau. Il précisa enfin qu’il était préoccupé par une affaire, que je devinai être celle des heimins décapités. Enfin, il nous confia qu’il aimerait que nous laissions ici le carnet de notes de son ami, dont il se faisait fort de garder les possessions, malgré le triste sort qu’il avait reçu.
Une telle fidélité doublée d’amitié chez un kami était chose nouvelle pour moi.

A l’étage, les fruits pourris et la poussière indiquaient que personne n’était venu depuis une semaine. Après quelques recherches, nous découvrîmes qu’une scène de bataille avait été camouflée. Ici des traces de coups de katana sous un tapis, là du sang derrière un meuble et enfin un impact magique dissimulé derrière un panneau.
Visiblement, Kitsukawa-san avait été assailli par plus d’une personne.
Je recherchai à nouveau la présence des kamis de l’air et un autre puissant esprit me répondit pour me décrire la scène : il y a 6 jours, le maître des lieux avait accueilli en toute confiance deux gardes Shiba, qui étaient venus en prétextant être envoyés par Kajatsu-sama. Selon eux, la grossesse d’Asako Himé-sama, tournait mal, lui causant de violentes douleurs. Le kami avait voulu prévenir son « ami » (encore ?) que les gardes n’étaient pas francs, mais ceux-ci avaient attaqués par surprise. L’Izawa avait défendu chèrement sa peau, spontanément aidé par le kami dont une attaque aurait dû avoir raison de l’un des gardes. Mais ce dernier s’était relevé, un sang noir coulant de ses plaies, attestant de la Souillure. Le combat fut bref et fatal pour le shugenja.
Une fois encore, je ressentis une profonde tristesse chez le kami, qui le retenait en ces lieux pour le moment. Le lien que le shugenja entretenait avec ces kamis de l’air était stupéfiant et m’en apprenait long sur mon ignorance de ces êtres divins. Je leur promis que Kitsukawa-san serait vengé et qu’ils pourraient enfin être libérés de cette charge qui leur pesait.

La mort de Kitsukawa-san excusant notre enquête poussée et le retard qui en découlerait, nous envoyâmes Reikun-san prévenir Kajatsu-sama de notre retard. Quels maladroits nous faisions ! Pris dans notre enquête, nous ne prêtâmes nullement attention aux sentiments du yojimbo qui devait être fort atteint par cette funeste nouvelle.

De retour dans le bureau, une analyse collégiale du carnet nous permit d’en casser le code pourtant complexe. Je sentis que le kami du bureau nous avait probablement aidé d’une quelconque manière. Après un rapide feuilletage allant jusqu’à notre visite commune sur les terres du Mille-Pattes, nous remontâmes aux origines de l’enquête, juste après le second décès.
Le premier était survenu juste après la cour d’Hiver précédente et les meurtres avaient ensuite eu lieu périodiquement, tous les 26 à 33 jours.
Visiblement, les victimes étaient partiellement vidées de leur sang à chaque meurtre, puisqu’une quantité non négligeable de fluides manquait à l’appel.
Jamais le même village n’était ciblé deux fois et les victimes étaient toujours des gens avec peu de liens familiaux, ce qui eut un faible impact sur la société.
De plus, le shugenja suspectait une origine surnaturelle, puisque les kamis semblaient à chaque fois avoir été chassés de la zone du crime, ne laissant aucun témoin spirituel à questionner.
Kitsukawa-san avait d’ailleurs noté sa surprise lorsqu’il avait informé le karo de ces particularités. Bien qu’il soit également shugenja, Masahiro-sama avait pourtant prêté très peu d’intérêt à ces révélations… voilà qui rajoutait à nos soupçons sur son implication dans cette affaire….

Enfin, un paragraphe faisait état de ses inquiétudes concernant le non-retour d’Akiko-sama, qu’il pensait amoureuse de Mirumoto Sané-sama. Ce secret ne semblait visiblement pas en être un… Le vieux shugenja espérait néanmoins qu’elle surmonterait ses sentiments pour respecter la décision de son père et ne pas entacher son honneur.

Un souffle d’air me fit alors revenir de deux pages, me laissant sauter aux yeux « Y a-t-il un lien avec la disparition de Hida Tetkin ? » Je remerciai le kami et remontai dans le temps jusqu’à la précédente cour d’Hiver, durant laquelle ce samouraï représentant le Crabe avait soudainement disparu, sans laisser aucune trace.
Non loin figuraient quelques inquiétudes sur la situation aux frontières et une note sur le décès du frère de Reikun-san dans une escarmouche.

Mes yeux s’égarèrent également sur une mention faite à propos de l’importation de thé aux pétales de jade. Selon Kyoshi-san, ce thé pouvait être utilisé par les Maho-Tsukaï pour dissimuler les traces de souillure et évoluer dans la société sans se faire démasquer durant un temps. Le Tsukaï-sagasu ajouta d’ailleurs avoir entendu parler de créatures de l’Outremonde qui décapitaient leurs victimes et s’alimentaient de leur sang, sans hélas pouvoir les nommer.
Faisant le bilan, nous conclûmes que le prochain meurtre aurait lieu dans 4 à 5 jours et que les deux bushis Shiba souillés étaient probablement toujours présents au château du Chêne Pâle. Il nous fallait également en savoir plus sur Hida Tetkin-san et se renseigner sur les créatures maléfiques pouvant avoir commis ces crimes.

De retour au kyuden, nous demandâmes à voir Asako Kajatsu-sama, qui nous fit à nouveau patienter jusqu’au repas du soir. Nous avions probablement un peu attaqué sa fierté par notre retard, mais il était justifié. Un nouvel essai incluant la mort d’Isawa Kitsukawa-san nous ouvrit les portes de ses appartements et il nous reçut dans un petit salon. Apprenant nos tristes nouvelles, il fut sincèrement attristé et étonné d’apprendre l’existence de ces meurtres. Etant au courant du lien étroit que le shugenja du Phénix entretenait avec les kamis et ne discutant pas leur témoignage, il nous autorisa à passer à la question chaque garde du palais. Il nous faudrait plus d’éléments pour être autorisés à questionner des gens de plus haute importance.
A la mention des créatures d’Outremonde, il fit mander Asako Keiko-san, historienne réputée et accusée il y a quelques temps de pratiquer la maho.
En attendant son arrivée, il confirma la tristesse de sa sœur avant de se résigner en décidant de partir en retraite spirituelle. Il savait qu’elle n’avait pas prévu de se marier mais voulait devenir moine et que les événements avaient bousculé ses plans. Il connaissait également l’idylle avec Mirumoto Sané-sama, ce qui rendait cette information officiellement non secrète.

Arriva Keiko-san et Kajatsu-sama pratiqua la cérémonie du thé, avant de demander à l’historienne d’accepter d’être sondée par Kyoshi-san. Visiblement déçue, elle accepta néanmoins la demande de « Kajatsu » (Quelle familiarité ! Probablement signe d’une longue amitié ou d’une relation entre égaux à un certain niveau). Notre Crabe la dépeignit comme exempte de toute souillure.
Le sensei du Dojo des Songes nous demanda alors de lui donner nos éléments. Nous apprîmes que Hida Tetkin-san était un représentant maladroit du Crabe, dont la disparition soudaine à 10 jours de la fin de la Cour d’Hiver avait forcé le seigneur Asako à l’envoi de nombreux présents pour excuser l’absence de résultats de ses équipes de recherches, menées par le karo (encore…). Grand et fort, il avait disparu avec son daisho. Hida Fuya-san, actuellement présent, était son frère, invité pour faire amende honorable.

Keiko-san connaissait deux types de créatures de l’Outremonde capables de s’intégrer si loin des frontières de leur pays maudit, tout en respectant ce mode d’action. L’une prenait les visages de ses victimes. L’autre, le pennaggolan, décapitait les gens soit pour s’en nourrir, soit pour en prendre possession, s’octroyant leur mémoire et leurs pouvoirs. Sa souillure était indétectable tant qu’elle parasitait son hôte et elle était capable de pratiquer, non seulement la magie ou les capacités de combat de son hôte, mais aussi la maho. Sensible uniquement au jade, au cristal, à certaines magies et plus faiblement à l’obsidienne, c’était un adversaire redoutable capable de posséder n’importe qui dans ce château sans être détecté. La meilleure façon pour le détecter était, selon elle, d’interroger les esprits. Mais comme ils étaient à chaque fois chassés, de manière très pratique pour la créature, nous arrivions à l’hypothèse d’un shugenja possédé… Encore une flèche pointant vers Masahiro-sama.

Enfin, Keiko-san demanda à Kyoshi-san ce qu’il cachait dans son sac, ayant ressenti la poupée Asahina et hasardant une hypothèse sur de la magie Grue sans en être sûre. Plutôt perspicace ! Nous lui proposâmes de poursuivre cette « ennuyeuse » discussion dans ses quartiers, laissant Kajatsu-sama à ses affaires et à la mort de Kitsukawa-san.

Seigneur Hayato-sama, une fois encore, Rokugan est rongé par le mal de l’Outreterre, même au plus loin du Mur Kaiu. Hida Tetkin-san a probablement servi d’hôte à un pennaggolan pour parvenir jusqu’en terres Phénix. Enquêter à la plantation de riz près de la forêt pourrait nous permettre de confirmer cette hypothèse dans un premier temps. Hida Fuya-san pourrait d’ailleurs nous aider en ce sens, une fois que nous nous serons assuré qu’il est pur et que le destin de son frère l’aura gagné à notre cause.
Identifier les gardes souillés et les faire disparaître de ce monde est primordial et doit être rapidement réalisé. La paix des kamis de la demeure d’Izawa Kitsukawa-san revêt pour moi une importance capitale. Et il nous reviendra également la lourde tâche de prévenir le forgeron Agasha Ryoku de la mort de son compagnon de philosophie.
S’il s’agit bien d’un pennaggolan et qu’il a réellement pris la place du karo Izawa Masahiro, il faudra jouer en finesse pour s’en assurer et, si notre intuition s’avère juste, le détruire.
Et dire qu’après tout cela, il nous restera encore à retrouver Akiko-sama et à passer les épreuves du seigneur Asako sans faire d’ombre à nos clans…
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Quinze

Message  Babanek 30/01/19, 06:06 pm

Les appartements de Keiko-san étaient aménagés autour d’une pièce sobre, protégée par des glyphes calligraphiés sur des parchemins suspendus ça et là. Fonctionnelle et dotée de tous les usages nécessaires aux études magiques de la moine Keiko-san, elle ressemblait plus à une salle d’étude qu’à une chambre à coucher. Un vase rond plein d’eau très pure, ici un bonzaï taillé au millimètre, un braséro vigoureux… les éléments étaient tous présents aux 4 coins de l’espace de travail et aucun objet n’était superflu.
Keiko-san se plaça sur un coussin, bordé d’un écriteau et d’une réserve conséquente de parchemin et de matériel de calligraphie, nous invitant à lui faire face. Nous produisîmes la boite consacrée par la lumière d’Amaterasu, qui contenait la poupée Asahina destinée à appâter les victimes du marionnettiste. Après une prière à Amaterasu, l’historienne ouvrit le coffret et confirma rapidement qu’un kami était intégré dans la poupée par la magie Asahina, en faisant un nemuranai, un objet enchanté. Elle demanda la nuit pour l’étudier plus profondément, aussi Dozan-kun, Taiko-san et moi-même allâmes nous coucher.

Ijatsu-san et Kyoshi-san décidèrent de rester pour observer la méthode de la moine Keiko-san. Un Kyoshi-san plutôt ennuyé nous raconta le lendemain son étude : Keiko-san passa d’abord 2h à observer l’objet, en tailleur, sans y toucher. Les deux yorikis durent rapidement s’accompagnant de saké, sous l’œil patient de la servante de leur hôte. Elle demanda alors à Kyoshi-san s’il avait ressenti de la Souillure dans l’objet, ayant elle-même perçu de la magie du sang, mais différente de celle qui souille habituellement les choses et les âmes.
Elle se mit à méditer pour deux heures de plus, durant lesquelles Ijatsu-san demanda à la servante d’aller chercher plus de saké, la source s’étant tarie devant la soirée qui se prolongeait.
Enfin, Keiko-san entreprit de tracer deux glyphes calligraphiés sur deux parchemins, qu’elle disposa soigneusement de part et d’autre de la poupée, avant de retourner à sa méditation. Kyoshi-san reconnut, entre deux coupes de saké, un sort d’apaisement des esprits.
Son collègue Kitsuki se leva soudain pour aller restituer une partie de la bouteille par la fenêtre, avant d’aller se coucher en titubant, secondé par la servante, toujours si impassible. Son honneur serait sauf pour cette nuit. En revenant, elle proposa du thé à l’inquisiteur Crabe, qui à son soulagement accepta. Finalement, Keiko-san toucha de la main la poupée avant de reprendre sa méditation… Kyoshi-san fut réveillé vers 5h du matin, par l’historienne Keiko-san. Elle rendit au Kuni la poupée rangée dans sa boite, lui confiant être intriguée par la technique Grue employée, qui faisait appel à une magie du sang inédite pour elle. Keiko-san promit de revenir vers nous après des recherches supplémentaires.

Au matin, une fois récupéré notre Ijatsu-san étonnamment en forme, nous décidâmes qu’il était temps d’honorer la demande du seigneur Keiko-san et de partir retrouver sa fille. Nous demandâmes à ce que nos poneys et nos provisions soient préparés pour un départ en début d’après-midi.
Puis nous allâmes trouver la bushi en faction le jour du départ de Akiko-sama. Meiko-san devait avoir passé son Gempukku depuis moins d’un an tant son visage était poupin. Elle confirma elle aussi avoir vu sa maîtresse partir avec un petit sac, portant sur elle un kimono aux couleurs du Phénix mais sans mon, chaussée de bottes légères. Son frère Kajatsu-sama l’avait longtemps regardé s’éloigner et Isawa Kitsukawa-san était parti peu après mais en direction de la Cité des Souvenirs.

Nous fûmes bientôt de retour devant la capitaine de la garde du palais, pour l’avertir de la souillure de certains de ses samouraïs. Par acquis de conscience, je lui demandai de laisser notre Kuni évaluer son niveau de Souillure, de manière maladroite au début, puis plus délicatement alors que me revenaient en mémoire mes cours d’étiquette Shosuro. Elle sembla vexée par ce doute mais se laissa jauger, pour finir disculpée. Il me sembla que, lorsqu’elle entendit notre rapport sur le meurtre de Kitsukawa-san par deux de ses bushis souillés, son attitude outrée dut s’effacer devant les précautions que requéraient une telle situation. Elle convint sans détour que ses gardes devaient tous être évalués et que les pommes pourries devaient être détruites.
Elle nous accompagna jusqu’à Miko-san, pour que nous puissions nous assurer de sa condition. La jeune bushi se plia à l’ordre de sa supérieure, bien que vexée, mais fut également jaugée pure.
Devant notre départ imminent, Ujitsuko-san regretta l’absence de Kyoshi-san, qu’elle aurait aimé voir évaluer tous ses subordonnés rapidement. Mais elle proposa d’utiliser en notre absence les dons de Keiko-san, qui était selon elle capable des mêmes prouesses. Elle organiserait des séances de méditation pour sa garde, qui permettraient à la moine de jauger la souillure, pendant que la capitaine surveillerait la séance, la main sur la garde de son katana.

Notre départ dans l’hiver fut relativement facilité par les pierres enchantées du Phénix, qui ponctuaient les routes et faisaient fondre la neige. La nuit nous vit faire halte dans un hameau aux pieds des montagnes. L’ascension vers le mémorial de Uikku débuta le lendemain, plus laborieusement sur des routes non dégagées, mais la neige se retenait toujours de tomber.

Vers midi, nous parvînmes à une pagode placée derrière une crête érigée en la mémoire d’Izawa Uikku-sama, qui recopia autrefois le Tao de Shinsei. Balayée par les vents et ouverte, la bâtisse recouverte de neige était entourée d’un jardin zen. Dans la demeure, Ijatsu-san découvrit une zone où des offrandes avaient été déposées, un petit feu brûlé et un autel dressé il y a un mois. Il identifia aussi une zone où elle avait dormi durant plusieurs jours. Questionnant les kamis de l’air, je confirmai que Akiko-sama était arrivée triste, mais sachant où aller et résignée à son voyage. Elle était aussi partie en bonne santé, pour la seconde étape de son voyage qu’elle espérait être suffisante pour guérir sa tristesse. Enfin, personne n’était passé par ici avant nous depuis qu’elle avait quitté les lieux, impliquant qu’elle n’était pas alors suivie. Les kamis de l’air me semblèrent très mélancoliques, regrettant son départ. Nous la ramènerions !

Nous cherchâmes une grotte pour passer la nuit et celle que nous trouvâmes se révéla avoir également abrité notre pèlerine il y a un mois. S’ensuivit une journée d’ascension dans la montagne et nous parvînmes à entendre le grondement lointain des Chutes du Noeud Caché alors que le soleil se couchait.
Mais alors que nous allions franchir la passe y menant, Ijatsu-san et moi détectâmes des mouvements furtifs à 30 mètres devant nous, derrière des arbres jouxtant le chemin. Sentant venir l’embuscade, nous mîmes presque tous pied à terre et je sommais nos adversaires de se révéler à nous, yorikis impériaux. Dozan-kun et Kyoshi-san répercutèrent mon ordre en avançant, armes au clair, tandis que Taïko-san invoquait les kamis de la terre pour se construire une armure. Une volée de flèches nous cueillit, touchant légèrement le Kuni et le Kitsuki. Je pouvais à présent voir des kimonos de couleur émeraude et or : des Dragons !

Répondant aux armes par la magie, j’invoquai la Fureur d’Osana Wo pour faire tomber la foudre sur l’un des archers. Taiko-san suivit le mouvement d’une boule de flammes produites par son Feu Intérieur. Ijatsu-san, resté seul à dos de poney, chargea pour établir le contact, poussant certains de nos adversaires à poser leurs arcs pour dégainer leurs lames. Chacun d’entre nous avait à présent intimé aux Dragons de déposer les armes, sans recevoir comme réponse que du silence et des flèches. Résigné à anéantir la menace adverse, Taïko-san et moi poursuivîmes notre travail de destruction par les éléments, faisant pleuvoir l’éclair et le feu en une juste tempête et fauchant quatre de nos sept adversaires. Kyoshi-san, Ijatsu-san et Dozan-kun finirent par vaincre chacun leur adversaire, épargnant le dernier pour qu’il réponde de cet affront.

Les shugenjas soignèrent leurs protecteurs valeureux et sans peur grâce à la Voix de la Paix intérieure, puis nous passâmes au cas du bushi Dragon, le réveillant à grandes claques.
Nous reconnûmes sur son armure le mon de Mirumoto Sané-sama, le daimyo dont Akiko-sama était tombée amoureuse. Mais ce dernier ne voulut rien entendre à nos questions, semblant lobotomisé et se contentant de répéter, le visage figé : « Bloquer la passe. Bloquer la passe. » J’invoquais un kami de l’air pour l’interroger sur l’état d’esprit du prisonnier et ce dernier m’indiqua que le bushi était triste, brouillé et colérique. Kyoshi-san annonça qu’il n’était pas souillé, mais qu’un esprit ou un fantôme possédait vraisemblablement son esprit.

Notre prisonnier fut attaché et emmené à dos de poney, alors que nous passions la crête pour faire face aux fameuses chutes. Le lieu serait à l’origine d’une querelle centenaire entre Akodo et Matsu, l’un ayant préféré trancher un nœud plutôt que de tenter de le défaire… Ah ces Lions…

La neige s’étant mise à tomber abondement, nous cherchâmes un abri pour tomber à nouveau sur une grotte. Nous nous figeâmes sur le seuil, avisant à la lueur de nos torches la forme prostrée dans un coin, portant un kimono orange et jaune. La peau blême, les lèvres bleues, l’absence totale de mouvement confirmèrent nos pires craintes : Akiko-sama était bien arrivée jusqu’ici ici mais n’en repartirait jamais. D’après l’examen de Ijatsu-san, elle était morte de froid en pleurant il y a deux semaines, après avoir cessé de s’alimenter.
Nous fîmes ensemble une prière en sa mémoire, mais je fus perturbé durant la cérémonie, sentant que son âme s’était perdue en chemin en essayant d’atteindre Meido. Je repoussai le reste de cette enquête au matin, priorisant notre repos et notre survie. Il nous fallait fermer la grotte en tendant tissu à travers et allumer un feu pour réchauffer l’atmosphère glaciale. Le corps d’Akiko-sama, cependant, devait demeurer au froid pour être conservé. Notre Kitsuki prit une fois encore les devants pour entourer le corps de la jeune femme d’un linge mortuaire, avant de la transporter au dehors. Bien que l’idée de toucher moi-même un défunt, au risque de troubler mes ancêtres, me retienne encore, je remerciais la Grande roue que l’un d’entre nous soit capable de ces actions.

Au petit matin, je communiai avec le kami de l’air habitant la grotte et il me décrit l’état d’esprit d’Akiko-sama à son arrivée, puis dans ses derniers instants. D’abord triste mais volontaire à son arrivée, sa volonté avait été érodée par une peine sans fond, jusqu’à l’abandon. Sa tristesse, tellement profonde et sombre, avait ébranlé le kami à un tel point qu’elle se transmit également à moi par la communion, forçant les larmes à couler sur mon propre visage. Je sentis que pour un peu plus, elle aurait également pu m’emporter et remerciai mes sensei Soshis de leur enseignement, ayant forgé ma volonté pour de telles occasions.

Taïko-san décida d’en appeler à l’aide de son ancêtre, le vénérable Kitsu Taïko-sama, devenu Izawa et Maître du Feu de son époque. Il mit au point une cérémonie avec cinq braséros, au milieu de la grotte, avant d’invoquer l’esprit de son ancêtre dans une litanie faisant danser les flammes autour de lui. Soudain, une explosion de flammes nous jeta hors de la grotte, cramoisis et fumants, certains brûlés. Après quelques temps où nous le laissâmes seul dans sa fournaise, Taïko-san nous annonça avoir touché l’esprit même d’Akiko-sama. Lui-même semblait infiniment triste, mais ultra déterminé, un trait inhérent à son aïeul. Il nous dit qu’il « voulait vraiment épouser Mirumoto Sané-sama et qu’il lui fallait à tout prix détruire Kitsuki Yoto ». Nous comprîmes à ce problème de phrasé qu’il était possédé par l’esprit d’Akiko-sama et que les soldats de Mirumoto qui nous avaient embusqués avaient probablement été victimes du même sort. Notre estimé collègue partageait à présent son identité avec celle de l’esprit de la jeune fille, au point de s’y perdre.

Alors que nous pensions avoir enfin résolu l’une des enquêtes qui pesaient sur nos épaules, il allait à présent nous falloir gérer un épineux problème : comment fallait-il gérer notre collègue yoriki pyromane, maintenant qu’Akiko-sama l’habitait et ne pourrait trouver le repos qu’une fois Kitsuki Yoto-sama mort ?
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Seize

Message  Dante le Rouge 14/03/19, 03:55 pm

Après la désastreuse tentative de Taiko-san de prendre contact avec son ancêtre, ce dernier semblait toujours doublement possédé, à la fois par Akiko-sama et son aïeul. Ses yeux s'étaient désormais parés d’un jaune caractéristique de son ascendance Kitsu !

De son côté, le soldat Mirumoto émergea peu à peu. Suite à nos interrogations, il nous avoua que son dernier souvenir se situait lorsqu’il était au poste de garde de Mirumoto Sane-sama, il y avait 5 jours de cela… Il confia qu’il se sentait encore un peu triste et que se brouillaient dans son esprit des images du souvenir d’un visage pâle, de cheveux noirs, … Probablement Akiko-sama.

Nous devions résoudre ce problème de fantôme, car ces révélations nous montraient qu’à priori, c’était bien Akiko-sama qui était responsable de envoûtement des samouraï du Dragon et qu’elle était donc capable de « contrôler » plusieurs personnes à la fois. Mais comment soulager un esprit qui ne pensait qu’à tuer Kitsuki Yoto-sama !?

Après réflexion, nous fîmes l'hypothèse que peut-être Mirumoto Sane-sama pourrait apaiser l’esprit… En espérant que l’esprit ne finisse pas par nous suivre et hanter à son tour le puissant daimyo…
L'estimant trop dangereux au vu de sa condition, la garde de Taiko-san nous revint à Ijatsu-san et à moi-même. Mais avant le départ, notre tsukai sagasu créa deux glyphes d’exorcisme et m'en confie une, au cas où notre ami tensei du feu deviendrait difficile à garder.

Ayeka-san, Kyoshi-san et Dozan-kun prirent donc la route vers les terres Mirumoto, en passant par la Gorge du Nœud Caché. Arrivés à flanc de montagne, ils aperçurent une ville, ainsi que, plus lointaine, une seconde ville de moindre taille. Mais leur regard ne s’attarda guère sur le panorama car leurs yeux se portèrent rapidement sur une troupe de 300 hommes en arme qui sillonnait la route ! La troupe comprenait beaucoup d'ashigarus et d’archers, ainsi que 100 samouraïs. Les troupes Mirumoto faisaient route vers la ville de Kitsuki-sama.

Arrivant à la portée des officier menant la colonne, les yorikis s'annoncèrent et affirmèrent vouloir rencontrer Miromoto Sané-sama. Suite à leurs questionnements, un officier d’âge mûr leur annonça que le daimyo était dans son château mais que sa troupe marchait sur la demeure de Kitsuki Yoto-sama ! De fait, l'homme semblait avoir le regard un peu vide, comme les autres samouraïs Mirumoto possédés croisés récemment. Si Miromoto Sané-sama était également possédé, la partie risquait d’être très serrée. Mais, investis de l’autorité impériale et de la justesse de leur démarche, mes compagnons avancèrent, impassibles.

Arrivées au château, ils attendirent trop longtemps à leur goût et durent presser les choses en invoquant le sujet urgent d'Asako Akiko-sama… pour être reçus après 3h d’attente (en théorie, c’était rapide, mais que de temps perdu dans l'actuelle situation).
La salle de réception était sobre, comme l’ensemble de la structure qui ressemblait plus à une caserne qu’à une demeure de seigneur, mais un détail dénotait avec l’ensemble : derrière le trône se trouvait une tenture, une estampe de neige d’art Niten sur un voilage. Une Agashsa siégeait aux côtés du daimyo, ainsi que quelques gardes. Tous arboraient ce même regard vide et un parfum de tristesse troublait l'air…la puissance de l’esprit d’Akiko-sama était impressionnante !

A la vue de notre « prisonnier » et à la suite d'explications succinctes, Mirumoto Sané-sama interrogea fermement son soldat, alors que mes compagnons insistaient sur l’indéniable contrôle mental qu’il avait subi lorsqu’il bloquait la passe… Le seigneur leur demanda quelle justice nous voulions pour ces crimes graves. Ils rétorquèrent ne pas venir chercher la justice pour cette homme, mais plutôt pour régler une affaire de la plus haute importance. Ils en profitèrent pour évoquer leur surprise quant à la guerre à imminente contre Kitsuki-sama.
« Il y a un différent personnel qui ne peut se régler qu’ici, entre eux nous deux… »

Derrière la tenture, la tristesse ressentie était plus forte et Ayeka-san sentit la présence d’un esprit. Elle demanda donc de façon directe à observer de plus près ladite tenture. Se rapprochant précautionneusement du drap, elle dut soudain faire face au spectre d’Akiko-sama qui s’insinua dans son esprit… Et seule la présence de l'ancêtre d'Ayeka-san lui permet de résister, focalisant son esprit sur une seule chose…sa volonté d’un duel contre Dozan-kun…


Ce fut donc à la surprise générale qu’Ayeka-san se retourna crispée vers le seigneur des lieux et lui demanda l’autorisation de défier notre Phénix en duel, sur le champ ! Le duel n’étant qu’au premier sang et finalement curieux de la chose, Mirumoto-sama accepta. D’abord très surpris, Dozan-kun se douta bien que quelque chose clochait, mais au fond de lui, il rêvait naturellement de montrer aux siens et aux Mirumoto ici présents qu'il était un duelliste à ne pas prendre à la légère. Il profita donc de l’opportunité qui lui était offerte et accepta le duel, sourire aux lèvres.
Un espace fut dégagé au centre de la salle, les gardes Mirumoto positionnés en périphérie en sorte de cercle. Notre Dragonne, les traits encore un peu tirés, fit donc face à notre Phénix, dans la posture caractéristique de son clan, les deux mains sur le daisho. La phase d’observation débuta et Dozan-kun parut se sentir mal à l’aise, submergé par un flot de pensées. Par leurs combats côte à côte, ils se connaissaient par cœur, bien que personne n'ait jamais vu Ayeka-san faire de duel.
L’affrontement n’avait en apparence aucun enjeu, mais il en avait évidemment pour notre Champion de Topaze, qui me confia plus tard son analyse sur notre groupe et, à ma demande emplie de curiosité, celle sur son duel.

"Dans le groupe, nous avions tous nos spécialités et points forts :
- Ayeka-san est une machine de guerre au combat. Elle pare les attaques comme personne, crache du feu, résiste à la magie et manie son daisho incrusté de jade à la perfection. En escarmouche, elle est notre atout maître.
- Ijatsu est doté d’une perception hors du commun et malgré son amour immodéré du saké, rien ne lui échappe. Il dispose de surcroît de dispositions diplomatiques étonnantes.
- Kuni Kyoshi est inébranlable, capable d’encaisser des coups comme seul les crabes le font. Il dispose, d’autre part, de la plus grosse force de frappe avec son nodachi en obsidienne. Enfin, c’est notre arme contre la souillure, pour la connaître, la détecter et la combattre.
- Soshi Toshiro dispose de tout le panel des shugenja, il parle aux esprits, leur demande des services, peut soigner, faire tomber la foudre, … il jouit en outre de divers talents propres aux Scorpions.
- Taiko Isawa est le plus prometteur tensei du feu de sa génération et il risque fort de suivre la talentueuse et dangereuse voie de son illustre ancêtre…
- Quant à moi, Shiba Dozan, je suis le duelliste, le guerrier rapide, porté sur le tao de Shinsei. La défaite est tout simplement inenvisageable sur ce domaine. Je ne peux que gagner ce duel!"

Dozan-kun fit donc le vide, oublia l’orgueil Kakita et se recentra sur la méditation Shiba. Il se focalisa sur sa respiration, lente et contrôlée, inspira un air pur et rechargea son ki en expirant toutes ses mauvaises pensées. Il ressentit la présence de chaque témoin et, un à un, les raya de son attention. Il était désormais extrêmement calme et focalisé uniquement sur son antagoniste, se concentrant sur sa propre respiration, pour finalement s'y lier.
Soudain, il discerna une très légère tension émaner des membres supérieurs d'Ayeka-san. En un éclair, son corps tout entier se projeta vers l’avant et sa lame au clair se retrouva imperceptiblement imprégnée du sang de sa consœur, figée.
Le duel était clos.
Dozan n'avait auparavant vécu cette sensation d’unité avec sa lame qu’une seule foi dans sa vie, lors de son gempuku. Aujourd’hui, il s'annonçait prêt à ré-affronter Dairya.

Après quelques explications d’Ayeka-san sur son geste, ils négocièrent avec Mirumoto-sama pour être des intermédiaires avec Kitsuki-sama en obtenant la garantie que, s’il venait ici même régler leur contentieux, les armées Mirumoto suspendraient l’assaut et que rien ne lui serait fait sur le trajet.

Les yorikis quittèrent donc le Kyuden avec la Karo Agasha Satchiko-sama et un sergent. Ils en profitèrent pour parler sur le trajet. Suite à leurs explications, la Karo du Dragon accepta l’examen de notre exorciste Kuni. Elle ne semblait pas contrôlée, savait que le spectre était arrivée une semaine auparavant et que son maître s’était longuement entretenu avec l'esprit d'Akiko-sama.
Ils chevauchèrent à la hâte jusqu’au modeste château Kitsuki qui se trouvait à présent sur le point de subir un siège. Assez clairement, les troupes assaillantes n'auraient guère de mal à prendre la fortification. Grace à la Karo qui les accompagnait, ils passèrent facilement et l’assaut fut mis en suspens. Ils furent reçus, très rapidement cette fois, dans la salle d'audience où patientaient également une autre Agasha et une dizaine de samouraïs.
Petit détail d’importance, le seigneur des lieux ne portait pas le daisho.

Les faits furent exposés dans leur ensemble. Kitsuki-sama réagit, un peu dépité, en analysant les conséquences politiques avec lucidité. Il espérait pouvoir faire appel à l’honneur de celui qu’il considérait comme un ami de longue date pour le raisonner, ainsi que sur l’intérêt du clan. Le soir il fit donner du riz chaud aux troupes qui l’assiégeaient et mes compagnons dormirent en vue d'un départ au petit matin.

Une fois de retour dans la forteresse Mirumoto, bien plus imposante, un repas chaud fut offert à l’escorte de Kitsuki-sama, en dehors de la place forte…
Mirumoto Sane-sama semblait avoir entendu parler de l’histoire si particulière et mystérieuse d’Ayeka-san, visiblement un genre de vedette chez les Dragons... C’est donc elle qui, naturellement, prit la parole et lui présenta de façon assez directe les requêtes préalables à l’entretien. L'une d'elles fut que notre Kuni s’assurerait que le daimyo Mirumoto ne soit pas totalement possédé par un esprit… Sa réponse fut brève :
« Considérant qui vous êtes, j’accepte ».
Notre camarade effectua donc son exorcisme et un « NON » rugit de derrière le paravent, venant de l’esprit bleu… Mirumoto-sama la stoppa d’un geste de la main : « Laisse, Akiko.» et elle s’arrêta.
Les plus sensibles de mes camarades furent submergés par sa tristesse, qui envahit plus encore l’assemblée.

Débuta la discussion, mais l'esprit d'Akiko-sama sanglotait et interrompait dès que possible les échanges, empêchant Kitsuki-sama d’avancer correctement ses arguments. Elle jouait d’un panel complet de pleurs, de soupirs, d’expressions, obtenant que Sané-sama n’était clairement pas attentif à l’argumentaire de Yoto-sama.
Le Mirumoto se tourna vers Ayeka-san : « Je vous demande qu’un duel à mort règle ce conflit.»
Ayeka-san répliqua : « Je pourrais autoriser ce duel que si vous écoutiez d'abord ce que Yoto-sama avait à vous dire, si possible sans la présence de l’esprit d’Akiko-sama »
Sane-sama refusa de s’éloigner de son amour, mais accepta cependant que Ayeka-san lui expose les arguments de Yoto-sama, toujours par respect de "qui elle était" (Hmmm... j'ignore des choses qui semblent d'importance à propos de notre Dragonne. J'aimerais en apprendre plus sur elle et comprendre cet état de grâce dont elle semble jouir au sein de son clan).

Je vais tacher de retranscrire le plus fidèlement la tirade de ma sœur d’arme :
« Vous vivez dans une région à la frontières floues entre Dragon et Phénix. Pour résoudre un conflit centenaire et stérile, les différentes familles ont décidé de mettre en place un pacte de paix, scellé par un mariage. Ce traité a été accepté par les 3 parties. Vous l’avez tous accepté et avez engagé la famille et le clan à respecter cet accord. Un désaccord aurait pu être manifesté avant ratification, cela n’a pas été fait. Pourquoi faudrait-il que le seigneur Kitsuki Yoto-sama en subisse les conséquences ?
Mirumoto Sané-sama, vous êtes évidemment très peiné par la mort de votre aimée »
(Sané la regarda, semblant réaliser quelque chose et en ressortit troublé… venait-il enfin de réaliser qu’elle était morte ?).
Ayeka s’adressa aussi à Akiko-sama : « Vous avez également accepté ce pacte (nouvelles vague de tristesse, des larmes perlent sur ses joues). Malheureusement, vous avez péri »
« Je n’ai pas trouvé la force »… répondit- elle piteusement.
« Comme vous, le seigneur Yoto ne faisait qu’accomplir son devoir. Il n’a pas décidé ce mariage : c’est votre père qui a pris cette décision. Alors pourquoi le déclarer responsable ? »
« J’aurais pu épouser Sané sans lui… »
Ayeka-san, vers Sané-sama « Monseigneur, avec qui croyez vous discuter… ? »
« Akiko, du moins l’esprit qui lui a survécu »
« Un esprit défunt a-t-il encore son rôle à jouer parmi nous ? »
« Elle doit être apaisée, pour rejoindre Jigoku »
« Que pensez-vous qu’il adviendra si vous tuez en duel le seigneur Kitsuki ? Que pensez-vous que va faire le clan ? »
« Il va demander ma mort » (Elle pleura doucement)
« C’est ce que vous souhaitez ?»

Mirumoto-sama se lève enfin: « S’il vous plait, à part Ayeka-san et Satchiko-san, j’aimerais que vous sortiez tous »
Il se tourna vers sa Karo : « J’aimerais que vous consigniez mes dernières volontés au clan : que mes terres soient données à Yoto-sama à ma mort pour que la paix avec le Phénix soit maintenue. »
Se tournant vers Akiko-sama : « Mon aimée, cet amour nous a mené vers une voie que nous ne pouvons pas assumer. Pour conserver notre honneur, les honneurs de nos clans, je me dois de te rejoindre dans la mort. Ayeka-san, si je faiblis, je compte sur vous ! »
Il se planta le wakizashi dans le ventre et, lorsque cela devint douloureux, le spectre lui prit la main et fusionna avec son corps qui bleuit… Ayeka-san n’eut pas besoin d’intervenir, tant à deux ils sont se montrent forts. Une vague de froid submergea la salle, puis a mélancolie s'en alla…

De retour parmi le reste de la cour, l’ancienne karo Mirumoto s’agenouilla devant Yoto-sama : « Mon seigneur n'est plus. Nos terres sont vôtres. Sa seule volonté est que vous considériez que l’accord de paix avec le Phénix soit maintenu. »
Kitsuki Yoto-sama, visiblement touché, affirma qu’Il ne manquerait pas de perpétuer les dernières volontés de son ami.

Nos amis nous revinrent, encore un peu sous le coup de ces touchants événements.
Ici, Taiko s’était calmé, bien que nous eûmes dû avoir recours à l'amulette de Kyoshi-san lors d'une crise pyromaniaque de notre camarade shugenja... Après nous avoir expliqué ce qui s’était passé, nous redescendîmes vers le Château du Chêne Pâle.

Au mémorial de Uikku, je communiais avec les esprits pour leur annoncer que, contrairement à ce que je leur avais promis, Akiko-sama ne reviendrait pas en ces lieux, mais qu'elle avait trouvé le chemin de Jigoku, accompagnée de son aimé, sa peine effacée et son cœur léger.

Ayeka-san ressortit comme transfigurée de cet épisode :elle se parait désormais d’un rayonnement nouveau qui lui apportait une beauté singulière.

Malgré la tristesse de ce qui s’était passé, notre mission était accomplie, des âmes avaient été apaisées et la paix impériale était maintenue. C'était finalement de bon augure avant d’affronter les sombres événements qui secouaient encore les terres du Phénix.
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Dix-sept

Message  Babanek 02/04/19, 12:12 am

Nous fûmes de retour au Château du Chêne Pâle le 11e jour du mois du Chien. Des étas se saisirent du corps d’Akiko-sama que nous avions rapatrié sur un poney supplémentaire. Nous fîmes ensuite un rapport au daimyo, qui eut du mal à cacher sa peine mais réussit à garder la face.

Notre résumé des faits se limita au moins déshonorant pour un quelconque parti : Asako Akiko-sama était morte de froid dans une grotte au pied des Gorges du Nœud caché, son feu s’étant éteint. Mirumoto Sané-sama, profondément amoureux d’elle, l’avait suivie dans la mort pour rejoindre Jigoku à ses côtés. Un accord préalable avait été passé avec Yoto-sama, qui hériterait des terres Mirumoto et ferait perdurer l’accord de paix dans la région. Le seigneur se retira rapidement après un bref remerciement, pour lui avoir ramené la dépouille de sa fille bien-aimée.

Ujitsuko-san nous présenta un bref rapport, indiquant que trois de ses bushis manquaient à l’appel lors des cours de méditation et qu’aucun autre crime n’avait été porté à sa connaissance durant notre absence.

Puis Keiko-san nous invita au dojo pour nous présenter le résultat de ses recherches. Elle confirma les éléments que nous possédions ainsi que ceux dont nous nous doutions : la magie de la poupée lui liait de force un kami de l’air, dans le style Asahina utilisé pour les nemuranai, mais un lien au moyen du sang du magicien lui permettait des propriétés supplémentaires.
Grâce à celui-ci, il pouvait influencer le possesseur de la poupée, le localiser, entendre les gens se trouvant à proximité. Cette magie, bien que différente de la maho car ne présentant pas de souillure, restait prohibée dans Rokugan. Keiko-san nous réconforta en avançant que la boite consacrée par Amaterasu qui servait à transporter la poupée isolait probablement son lien télépathique. Elle pensait qu’un maître d’une magie semblable pourrait remonter la piste de ce lien.
A l’évocation de la grande poupée humaine, elle sembla à la fois intéressée et excitée par les perspectives qu’elle présentait. Nous l’invitâmes à nous raccompagner vers le Village de l’Eau Pure une fois que notre présence ici ne serait plus nécessaire et il me semble qu’elle pourrait accepter.

Au déjeuner, Asako Shizu-sama annonça publiquement le décès de sa fille et le maintien des accords avec le Dragon. Il ajouta que le concours, qui avait été reporté à notre départ, devait avoir lieu malgré les funestes évènements, insistant pour que l’harmonie et l’entente perdurent malgré tout. Une épreuve de haikyu nous attendait donc en début d’après-midi.

Le tournoi serait arbitré par Doji Yujiro-san et y participeraient l’ensemble de notre délégation de yorikis, ainsi que Ikoma Katsu-san, Asako Keiko-san, Kitsune Sanae-san, Doji Aiko-san, Shiba Reikun-san, Hida Fuya-san, Mirumoto Rai-san, Bayushi Eijiro-san et Shinjo Agui-san. J’étais circonspect quant à l’objectivité de l’arbitre concernant la participation sa femme.

Beaucoup de poèmes pro-claniques furent proposées, dont le mien, qui se voulut divertissant pour lever l’ambiance de plomb :
Petit Scorpion dort.
Un pied entre dans as botte.
Un cri, une chute… Aïe !


Le concours s’ensuivit sur une épreuve de peinture. De nombreuses œuvres étaient belles et certaines possédaient un sens profond. A nouveau, certains se firent remarquer : le volcan déchaîné de Taïko-san, la bataille sur le Mur Kaiu d'Hida Fuya-san, tandis que les discrètes allusions érotiques de Mirumoto Rai-san firent poindre un sourire satisfait mais discret chez Doji Aiko-san… Une relation triangulaire sur fond de tromperie peut-être ?

Des lanternes de papier furent installées et le repas du soir fut donné. Quelques uns d’entre nous prirent part à des discussions mondaines. Auprès de Bayushi Eijiro-san j’appris pour ma part que Kitsune Sanae-san ne dormait pas au château (dans la forêt peut-être, à en juger par les renards aux yeux verts évoluant dans les bois apparaissant dans toutes ses œuvres). Nous échangeâmes également au sujet de ma rencontre en terres Licorne avec Bayushi Yojiro-san, surnommé le (seul) Scorpion Honnête et qui était magistrat de clan.

Je quittai les lieux au départ du Karo, le seigneur s’étant retiré assez tôt. Un sentiment de malaise et de pression me hantant depuis plusieurs jours déjà, je me décidai de tenter une investigation pour pouvoir condamner ou disculper Masahiro-sama, que d’aucuns parmi mes collègues surnommaient déjà Oni-no-Karo…

J’attendis quelques temps avant de me vêtir en conséquence, passant le revers noir de mon kimono et mon masque le plus sombre et changeant de coupe de cheveux pour un chignon. Sur le toit, tel une ombre, je changeai d’aile pour parvenir à celle des maîtres du kyuden. Je parvins, indétecté, à l’aplomb des appartements du seigneur, eux-même directement au-dessus de ceux du karo.
Utilisant à nouveau un sort d'Invocation mineure du vent, je fus pris de cours en arrivant à l’étage du shugenja : une soudaine zone de non-magie me fit chuter et je dus me rattraper au balcon in extremis. M’ouvrant aux kamis, je perçus que trois d’entre eux, de l’eau, du feu et de l’air, étaient postés à proximité pour dissiper tout sort en ces lieux.
Je tentai d’ouvrir le panneau menant du balcon aux appartements le plus silencieusement possible, mais fus accueilli par une pluie de dagues de vent qui me projeta contre la rambarde, ensanglanté. Une silhouette se dessina alors devant moi, qui ouvrait un parchemin. Visiblement, la non-magie ne s'appliquait qu'aux visiteurs...

Avisant mes chances de réussite devant un shugenja plus vieux, plus expérimenté et mieux préparé que moi, j’optai pour une retraite stratégique. Je pris mon élan pour sauter du balcon le plus loin possible et sortir de la zone de non-magie, avant de m’envoler.
Hélas, la douleur dans ma poitrine m’empêcha de réaliser cette complexe action et je chus de deux étages, un buisson enneigé me sauvant la vie, sans m’épargner une vilaine entaille à la jambe.
Je me faufilai le long du bâtiment jusqu’à une entrée de service, craignant l’apparition dans mon dos du karo, autant que l’alerte générale. Je pus bander maladroitement ma jambe qui saignait pour éviter de laisser une piste, avant de tenter un nouveau sort de Masque de Vent pour me déguiser, mais rien n’y fit. Trop blessé, je ne pouvais pas accéder aux kamis. Par dépit, je retournai mon kimono côté rouge et passai mon meilleur masque, mon visage à nu, pour rentrer par le palais. J’espérai ne croiser personne ou, le cas échéant, passer pour un serviteur Phénix grâce à la faible luminosité des quelques lanternes encore allumées.

Après un temps infini, je refermai enfin ma porte avec un soulagement douloureux, honteux de mon échec et des risques que j’avais fait courir à notre groupe, pour ne ramener aucune information valable. Nul doute que si j’avais été pris, ma vie et celle de mes compagnons auraient été compromises. Il me faudra ajouter des cordes à mon arc pour pouvoir mieux rebondir dans de semblables situations... un travail sur mes aptitudes athlétiques et mes stratégie d'intrusion s'impose.

Je dus tout de même réveiller Kyoshi-san, prétextant une insomnie et une balade nocturne pour prendre l’air, puis une chute dans le noir sur une des lanternes de pierre entourant l’édifice. Le tsukai sagasu se mit à la tâche, soulageant enfin ma douleur, sans laisser paraître de doute quant à mes explications. Je me levai dès les premiers rayons du soleil afin d’invoquer les kamis de l’eau pour cette fois réussir à me soigner correctement. Puis je détruisis par le feu les quelques parties déchirées et tachées de sang de mes vêtements. Enfin, je passai un jeu de vêtements de rechange, paraissant finalement frais et dispo comme si rien ne s’était passé.

A peine avais-je terminé qu'serviteur nous convoqua dans la grande salle sous l’injonction du karo, de même que la totalité des résidents du Château du Chêne Pâle…
Avais-je été percé à jour ? Le doute m’assaillit et je me préparai déjà mentalement à payer le prix de mon cuisant échec. Ma honte rejaillirait sur le clan du Scorpion, comme c’est toujours le cas, mais je devais à tout prix éviter qu’elle ne touche mes compagnons, totalement innocents et ignorants de mon excursion de la veille. Un plaidoyer agité s’annonçait. Je fis tout mon possible pour masquer mon stress et remerciai intérieurement mon masque de m’y aider.

Masahiro Izawa-sama, affichant une émotion contrôlée, nous annonça : « Il y a eu hier soir une terrible tragédie. Le seigneur Asako est mort, assassiné dans sa chambre. Vous comprendrez que nul ne peut quitter le Château tant que le crime ne sera pas résolu. Quelqu’un ici présent a-t-il des éléments à apporter à cette enquête ? »
Ikoma Katsu-san se leva et annonça avoir vu Mirumoto Rai-san sortir de la zone environnant les appartements du seigneur Asako. Hida Fuya-san se leva à son tour pour corroborer et ajouter que le Dragon portait sur le visage un foulard vert, ne laissant apparents que ses yeux.
Mirumoto Rai-san dut avouer, d’un air gêné, s’être promené dans le château après la fin de la soirée dans la salle principale, mais être innocent du crime envers le seigneur. Ijatsu-san nous confia en aparté que Doji Aiko-san avait l’air contrarié par ces aveux de la part de Rai-san.
Le karo demanda alors si quelqu’un pouvait disculper le moine du Dragon, accueilli par le silence. Il conclut que l’accusé serait reclus dans ses quartiers jusqu’à résolution de l’enquête.
Rai-san se tourna alors vers nous, nous demandant de prendre l’investigation en main pour prouver son innocence, ce que nous acceptâmes, sans parti pris. Reikun-san nous accompagnerait pour nous donner accès aux lieux que nous voudrions visiter.

Finalement, mon aventure du soir semblait passer inaperçue, mais peut-être ne le resterait-elle pas longtemps si nous devions passer le château au crible… Nous nous retrouvions avec une nouvelle enquête aux conséquences pouvant s’avérer lourdes, puisque opposant à nouveau Phénix et Dragon.
Pour ma part, j'étais convaincu qu’un assassin Dragon s’habillant aux couleurs de son clan était un coupable bien trop évident. Un déguisement si futile allait à l’encontre de l'esprit vicieux d'un assassin... On voulait faire porter le chapeau au moine Mirumoto grâce à une mise en scène.

Deux étas nous accueillirent devant les appartements de feu Asako Shizu-sama. Le défunt était étalé face contre terre, baignant dans son sang. Une lame avait transpercé son yukata et son corps. Son bureau était renversé, ses papiers éparpillés et sa théière renversée. Un morceau d’étoffe vert était apparent dans sa main. Des bougies enchantées brûlaient sans diminuer depuis le soir. Une servante l’avait découvert ainsi ce matin aux aurores, alors qu’il tardait à répondre.
Elle l’avait vu vivant pour la dernière fois hier soir, après un retrait assez rapide de la soirée. Elle avait été congédiée après avoir lui avoir préparé un thé et des vêtements pour la nuit.
Reikun-san nous confia que la garde dans le bâtiment était plus légère que d’habitude, les bushis occupant tout le château pour empêcher toute intrusion pouvant nuire à la Cour d’Hiver.

Etudiant la scène de plus près, notre enquêteur Kitsuki et nos bushis conclurent d’un commun accord que le seigneur avait été abattu par un ennemi placé dans son dos, d’un coup d’estoc porté avec une lame au moins aussi grande qu’un wakizashi. Le coup avait été placé avec une précision redoutable, puisque la lame avait su glisser entre les côtes pour atteindre le cœur sans faillir. Ils ajoutèrent que l’assassin était droitier et plus petit que moi. Il était entré par la porte, qui n’avait pas été forcée mais manipulée avec talent pour ne pas faire de bruit.

J’interrogeai les kamis de l’air présents dans la pièce, qui me confirmèrent qu’au moment des faits, Asako-sama s’apaisait avant de dormir en calligraphiant un poème et en buvant son thé. Un individu petit, vêtu de vert et triste était alors entré sans faire de bruit, puis avait enfoncé sa lame dans le dos du seigneur qui faisait face à la fenêtre. L’assassin avait ensuite placé le morceau d’étoffe vert dans la main du cadavre, avant de repartir comme il était venu, par la grande porte.
Le daimyo n’avait pas eu le temps de réagir, la mort étant instantanée et sans souffrance. La précision et la violence du coup, associés au placement de l'assassin, rendaient impossible l'arrachage du morceau d’étoffe sur la tenue de l’assassin. Tout bushi comprenant la scène pourrait corroborer nos dires à ce sujet. La théorie de la mise en scène était donc avérée, un pas de fait vers l'innocence de Rai-san.

Taïko-san interrogea également un kami du feu présent dans le braséro de la chambre, qui nous décrivit un assassin agile, aux mouvements fluides, de petite taille, aux yeux noirs et de sexe féminin. L’accusation contre Mirumoto-san ne tenait déjà plus, mais la parole d'un kami ne suffirait pas.

Un autre kami, de l’eau cette fois, nous montra un mon Mirumoto sur la tunique du tueur, ainsi qu’une arme aux couleurs du Phénix, avec un pommeau jaune et rouge. Ainsi, il nous fallait chercher un assassin chez les propres membres de la maison de la victime.
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Dix-huit

Message  Babanek 08/05/19, 04:42 pm

Avant de quitter les lieux, nous demandâmes à la servante en chef si aucun de ses collègues n’était de service dans cette aile le soir précédent, espérant qu'il aurait vu quelqu'un déambuler dans les couloirs. Hélas, ils avaient tous brillé par leur absence.
Dans cette aile se trouvaient, au 3e étage, les appartements du seigneur et en face ceux de son fils et de dame Himé. Au second, sous ceux du seigneur, les appartements du karo et en face ceux d'Akiko-sama et ceux dévolus à feu Isawa Kitsukawa-san. Au premier, on trouvait Akachi-san et Matsu Kina-san. Le rez-de-chaussée contenait toutes les commodités, cuisines, salons et thermes.

La chronologie de la soirée, à une marque de chandelle près, donnait ceci :
- Le seigneur s'était retiré vers 21h.
- Mirumoto Rai-san avait été vu revenant de l'aile seigneuriale vers 22h45.
- Le seigneur Asako était mort entre 22h30 et 23h.
- Le Karo s'étai retiré de la soirée vers 23h, suivi par l'ensemble des convives.
En effet, la présence de Rai-san à ce moment le plaçait comme potentiel meurtrier. Pourtant, nous savions en étudiant la scène du crime et en questionnant les kamis qu'il était innocent. La mise en scène jouée avec l'étoffe était démontrable, d'autant que le morceau avait selon Ijatsu-san été tranché net puis effiloché pour paraître arraché. Le meurtre était donc préparé et prémédité.

Nous décidâmes de questionner ensuite l'accusé, espérant qu'il nous donnerait des éléments pour le disculper. Hélas, ce dernier ne put que nous dire qu'il était parti vers 21h30 pour une promenade d'une heure dans l'aile du seigneur, plaidant une curiosité architecturale peu convaincante. Je lançai une allusion à Doji Aiko-san, que nous soupçonnions d'être sa maîtresse, mais il ne transpira aucune gêne, campant sur ses positions et sa déclaration. A croire qu'il voulait être exécuté ! Soit nous étions à côté de la plaque, soit il protégeait quelqu'un qu'il aimait plus que sa vie...
Il n'avait lui-même croisé personne et aucun de ses kimonos ne manquaient.
En effet, avec son autorisation, nous passâmes la chambre au crible, dont les kimonos. L'un d'eux attestait de longs et rudes voyages, mais tous étaient bien entretenus et aucun ne présentait de partie manquante. Un foulard fut trouvé, qui avait pu masquer son visage, mais cela était insuffisant.
Sur un autel dédié aux ancêtres, Dozan-kun repéra un origami en forme d'oiseau (une Grue?) posé en face des symboles de Benten, passion de la beauté... un point de plus pour la théorie sur la relation Rai / Aiko. Enfin, le wakizashi de Rai était propre et n'avait pas servi récemment.

Ikoma Kastu-san discutait avec Matsu Kina-san, peu avant le départ du Karo, de l'état de santé de Himé-sama et son terme dépassé. Il a alors vu Rai-san sortir de l'aile du seigneur, plus souriant que d'habitude, avant de retourner dans la salle commune. Le Lion avait émis pour lui l'hypothèse que le Dragon s'était entretenu avec le daimyo de son propre seigneur décédé. Il ne pouvait nous confirmer qu'il portait son wakizachi. L'historien avait l'air sincère dans sa déclaration, sans préjugé envers le Dragon, ne relatant que les faits. Kina Matsu-san corrobora ses dires.

Hida Fuya-san nous avoua s'être ennuyé ferme durant la soirée, ayant bu et mangé pour faire passer le temps. Il a également vu Rai-san revenir le sourire aux lèvres, sans plus.
Il put nous éclairer un peu sur l'histoire de son frère : Hida Tetkin-san s'était un jour endormi lors de sa garde sur le mur, 1 mois après une excursion en Outreterre dont seuls 6 d'un régiment étaient revenus. S'étant fait pincer, il avait été puni en étant envoyé à l'autre bout de l'Empire pour la cour d'hiver Asako de l'an dernier. La théorie d'un Pennagolan s'accaparant le corps d'Hida Tetkin-san durant ce voyage en Outreterre s'étoffait également.

Nous tentâmes ensuite de questionner Doji Aiko-san, mais son mari nous confia qu'elle était pour le moment indisponible. Lui-même n'avait rien vu hier soir et n'avait que peu d'avis sur Rai, qui n'était selon lui qu'un soldat...

Nous nous dirigeâmes alors vers les appartements délaissés de Kitsukawa-san, qui représentaient une cachette possible pour l'assassin ou ses effets. Nous faillîmes rentrer dans Doji-Aiko-san qui venait de l'aile du seigneur. Elle avoua revenir des termes privés du daimyo, qui lui avait autorisé à les fréquenter depuis son arrivée. Mais elle coupa court en rougissant quand nous lui demandâmes si elle était présente hier soir, nous donnant rendez-vous dans ses appartements d'ici une demi-heure... Voilà qui pourrait être intéressant !
Poursuivant vers notre but, nous pûmes rapidement constater que les affaires du shugenja, que nous savions être très organisé et ordonné, avaient été fouillées et dérangées. Questionnant un kami de l'air présent dans la chambre, mes craintes furent confirmées : l'esprit avait soudain été forcé à quitter les lieux, pour ne pouvoir revenir qu'une fois le méfait accompli... Celui qui faisait ainsi fuir les kamis avait voulu effacer ses traces !
Reikun-san confirma que le bureau n'avait pas été laissé ainsi par son seigneur ; Les papiers qui y trainaient s'avérèrent être des calculs astrologiques concernant la naissance de l'héritier Asako, ainsi qu'un pronostique sur son avenir : s'il naisait dans le Palais de l'Eloquence (une annexe du dojo des Soupirs) il incarnerait l'honnêteté. S'il naissait dans le Jardin des Ancêtres, il serait un parangon de la paix, hypothèse qui nous avait déjà été présentée par Kajatsu-sama à notre arrivée.
Nous interrogeâmes également Reikun-san puis Ujitsuko-san sur ce qu'ils avaient pu voir durant la soirée précédente, mais ils n'eurent rien à nous apporter, sauf que la garde était tournée vers l'extérieur et absente de l'intérieur du château.

Enfin, un serviteur vint nous convoquer pour un entretien avec la Doji : elle dit être venue seule aux bains le soir précédent, mais peinait à tenir sa voix... Sentant le mensonge éhonté, je la poussai à revoir sa déclaration, insistant sur les risques que courrait Mirumoto Rai-san, les bienfaits que pourraient apporter un témoignage le disculpant et l'immunité que nous désirions apporter à tout témoin de l'enquête si une déclaration devait mettre en jeu son honneur. Elle resta sur ses positions en nous demandant de nous retirer, mais me demanda de rester.
Là, dans le sceau du secret, elle m'avoua enfin la relation que Rai-san et elles avaient eu aux termes hier soir, justifiant sa présence dans cette aile, sans toutefois apporter suffisamment de précisions temporelles pour l'innocenter totalement. Je lui promis que son secret ne viendrait pas entacher son honneur par ma faute, mais l'avertit tout de même sur la voie dangereuse qu'elle et Rai-san prenaient, ainsi que sur la gravité que prenait devant leurs ancêtres ce défaut de loyauté et cette relation incestueuse. Avant que je ne la quitte, Aiko-san me confia l'existence d'un discret escalier de service, qu'elle empruntait pour aller de ses appartements jusqu'aux bains et qui permettait de quitter cette aile sans être vu de la grande salle. Nous tenions probablement la voie de sortie de l'assassin.

Nous dûmes ensuite mettre l'enquête de côté le temps de la crémation d'Akiko-sama. Kajatsu-sama fit une oraison funèbre d'une tendresse émouvante et je ne pus retenir mes larmes, ressentant d'un coup la tristesse accumulée par Akiko-sama, qui me heurta comme si son fantôme était revenu me traverser le cœur avant de disparaître définitivement. Je mettrais un moment avant de reprendre mes esprits. Mais ma réaction ne fut qu'une broutille comparée à celle d'Akachi-san, qui s'effondra en pleurs de manière irrépressible, que d'aucuns jugeraient excessive et à la limite de la bienséance.
Ijatsu-san profita de ce moment de faiblesse pour l'emmener à l'écart. Il eut confirmation d'une amitié dépassant la norme, plus proche de l'amour que de la camaraderie et d'un profond ressentiment à l'égard de feu Shizu-sama, qu'elle rendait responsable du périple d'Akiko-sama et donc de sa mort solitaire. Il faudrait questionner les kamis sur les activités de la jeune fille dans ses appartements le soir précédent...

Le repas fut ensuite donné, mais Ijatsu-san et moi en profitâmes pour nous éclipser et nous rendre aux bains. Nous y apprîmes que la forte odeur de pétale et de jasmin provenait des sels personnels de la courtisane Doji et que l'odeur restait longtemps après son propre bain. Cela expliquait que nous ayons sentis cette odeur sur Meiko-san, la bushi de faction à la porte, mais pas sa présence dans les bains de son seigneur ! Encore des questions à poser...
Je confiai également au Kitsuki ce que je savais d'Aiko-san et de Rai-san, le savant parfaitement focalisé sur notre enquête et apte à emmener le secret des deux amoureux de la honte dans sa tombe.
Sortant des bains, je l'emmenai vers l'escalier caché, que nous passâmes au crible, pour y trouver des poils roux coincés dans le chambranle de la porte du 2e. Je communiai alors avec le kami de l'escalier qui me confirma que deux serviteurs et un renard prudent aux yeux bleus étaient descendus par cet escalier entre 22h et minuit, alors que Doji-Aiko, un des serviteurs précédents et le même renard étaient montés.
Sotai, le serviteur, ne put rien nous apporter de plus. Mais de lourds soupçons pesaient à présent sur Kitsune Sanae-san, qui était rousse, avait des yeux bleus comme l'assassin et dépeignait des renards aux yeux bleus dans toutes les œuvres qu'elle produisait. Si elle possédait un pouvoir de transformation, cela expliquait son apparence de Dragon aux cheveux noirs. Les yeux, reflet de l'âme, ne pouvaient peut-être pas être changés. Un doute subsistait sur le sabre Phénix cependant, car il ne collait pas avec le déguisement.

Vinrent ensuite les épreuves finales : La danse et la cérémonie du thé.
Ayeka-san nous fit honneur, exécutant une parade amoureuse des oiseaux de ses montagnes avec une certaine réussite, tandis que Dozan-kun dansait la vie, la mort et la renaissance. Le reste du groupe fit une piètre performance, moi-même ne pouvant me concentrer sur mes pas tant je restai affectai par la crémation d'Akiko-san. Keiko-san et Katsu-san brillèrent comme à leur habitude. Fuya-san plaida la fatigue et qu'Eijiro-san rendit tout le monde inconfortable avec une danse sur la traque d'un loup. Enfin, Kitsune Retsu-san chuta, sauvé par Kajatsu-sama qui prôna un sol glissant pour préserver les apparences. Doji Aiko-san, dont les dons naturels promettaient une performance hors du commun, fut relativement peu impressionnante, probablement troublée par l'enquête sur son amant.
La cérémonie du thé vit les historiens Asako et Ikoma ainsi que la yojimbo Kitsune en harmonie totale. Dozan-kun ne fut pas en reste, alors que Kyoshi-san et moi-même réussîmes une performance moyenne. Ayeka-san et Ijatsu-san eurent du mal à être harmonieux, sans comparaison aucune avec Fuya-san qui brisa un bol ni Reikun-san qui renversa du thé partout.
Nous fûmes tous félicités par Doji Yujiro-san, qui nous remercia d'avoir donné le meilleur de nous-mêmes dans des conditions particulièrement délicates, mais conformément au vœu de paix et d'harmonie du seigneur Asako. Sans surprise, Ikoma Katsu-san termina premier du concours, suivi d'Asako Keiko-san puis de Kitsune Sanaé-san. Dozan-kun, à égalité avec Doji Aiko-san, fut le premier de notre troupe de yorikis. Suivirent Bayushi Eijiro-san, puis Ayeka-san, puis un groupe comprenant Ijatsu-san, Kitsune Retsu-san et moi-même. Shiba Reikun-san et Kyoshi-san ne furent pas derniers, Hida Fuya-san occupant la place du grand perdant.

Isawa Masahiro-sama vint enfin s'enquérir de l'avancée de notre enquête. Nous lui confiâmes être surs de l'innocence de Rai-san, sans hélas pouvoir lui présenter de coupable. Nous donnâmes les éléments en notre possession : un assassin habile, plus petit que moi, aux yeux bleus et féminin. Hélas, le karo nous donna jusqu'au lendemain midi pour lui présenter un coupable, faute de quoi il devrait présenter Mirumoto Rai-san en tant que tel et procéder à son exécution. Ainsi va la loi rokugani.
Pour la suite, il nous fallait auditionner Kitsune Sanaé-san la Renarde, creuser sur les activités d'Akachi-san hier soir et éventuellement repasser Meiko-san à la question sur sa présence dans les termes du seigneur Asako.


Dernière édition par Babanek le 14/11/19, 12:17 am, édité 1 fois
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Chapitre Dix-neuf

Message  Babanek 15/10/19, 03:27 pm

Le soleil se couchait quand les serviteurs nous annoncèrent que la Renarde passait la majeure partie de son séjour à la bibliothèque. N’y trouvant personne, nous cherchâmes quelque trace de la yojimbo. Ayeka-san tomba sur une table où reposaient divers ouvrages ouverts, en cours d’étude : Epopée des Tonerres, Tornade dans les Sables Brûlants, Le Clan du Dragon, Le Clan du Scorpion, Collection arcanique et mystique et d’autres parchemins et notes. La Dragonne compulsa naturellement l’ouvrage sur son clan, y trouvant des annotations sur la construction de Kyuden Kitsuki, renvoyant vers le livre du Scorpion et la construction d’un Kyuden construit à l’époque de Shosuro. Il y avait aussi nombre de notes sur des rituels de protection contre les forces du mal à base de crystal.

Poursuivant sur Akachi-san, le champion de topaze et moi-même la trouvâmes avant le coucher. Attendant qu’elle nous reçoive, je communiai avec le kami de l'air principal habitant ses appartements, pour apprendre que le soir du meurtre, elle n’avait fait que pleurer et enrager dans sa chambre, imprimant profondément ses sentiments dans l’esprit du kami. Hélas, les repères temporels de cette période étaient flous. Elle était rentrée dans sa chambre habillée comme d’habitude et non pas déguisée en Dragon.
En l’aidant à se confesser sur ses émotions débordantes durant la cérémonie d’Akiko-sama, elle avoua qu’elle aurait voulu elle-même assassiner son seigneur, tant elle entretenait de colère envers lui. Elle le tenait exclusivement pour responsable de la mort de son amie. Nous la réconfortâmes en lui disant qu’elle avait eu raison de retenir son geste, que son âme de samouraï avait été plus forte que son cœur et que malgré ses aveux pouvant la faire exécuter, nous honorerions sa peine en gardant cela pour nous. Dozan-kun ajouta que son amie avait finalement trouvé son amour dans la mort et qu’ils étaient partis ensemble vers les royaumes d’après.
Akachi-san était donc selon nous hors de cause malgré ses émotions débordantes. De toute façon, imaginer une frêle courtisane comme elle commettre un acte d’une précision si chirurgicale était peu convainquant… si elle n’était pas Scorpion…

Ce fut au tour de Meiko-san, que nous trouvâmes de faction dans la nuit sombre de l’hiver. Elle nous expliqua qu’elle et plusieurs samouraïs-ko s’étaient en effet rendues aux bains du seigneur, avec son autorisation, pour s’y détendre après une rude garde dans le froid. Elles avaient croisé la Grue qui revenait des termes et avaient donc profité des senteurs que cette dernière avait utilisées. Rien de ce côté non plus donc. Restait la Renarde.

Au petit matin du 12e jour du sanglier, nous attendîmes Kitsune Sanaé-san à la sortie du petit déjeuner, pour aller l’interroger dans la bibliothèque. Afin de ne pas l’accuser de quoi que ce soit directement, je lui racontai l’histoire d’un renard aux yeux bleus, parti fureter à l’heure du crime dans les quartiers du daimyo et lui demandai, en spécialiste des renards, ce que cette facétieuse créature aurait pu y faire ou y voir. Elle s’accrocha à l’histoire et expliqua que le renard poursuivait des recherches, qui l’avaient menées aux quartiers du seigneur. Elle ajouta qu'il avait malencontreusement assisté à son meurtre par un frêle samouraï du Dragon qui pleurait et dont le visage était celui d’Asako Akachi-san.
L’arme du crime était un sabre du Phénix.
Laissant de côté l’histoire du renard pour répondre à nos questions sur ses sombres recherches, elle déclara être l’un des rares shugenjas Kitsuné qui cherchaient à rejoindre la Kirin, leur clan d'origine. Elle pensait cela possible en retrouvant le Kami Shinjo, qu’elle pensait être encore vivant. Il aurait été empêché de revenir vers les siens par une entité nihiliste venue de l'Outreterre (l’Ombre rampante ?!!!), entité qui pourrait être trouvée sous une forme contrôlée là où repose Shosuro. La Tonerre du Scorpion serait toujours en vie, elle-aussi, grâce à l’entité obscure et saurait où se trouve Shinjo. Voilà pourquoi Sanaé-san étudiait les protections en crystal et probablement pourquoi elle rôdait dans les appartements du daimyo : celui-ci devait posséder une amulette comme la mienne, pour se protéger de l’Ombre et des autres menaces obscures. Entre le fait de relever les morts et celui de frayer avec l’Ombre, la shugenja du Renard parcourait une voie plutôt sombre et dangereuse. Nous l’avertîmes du danger que représentaient ses recherches et son but final, mais celle-ci semblait profondément acquise à sa cause.

De retour dans les couloirs, nous interrogeâmes ces personnes, invisibles aux yeux des samouraïs et pourtant présentes, attentives et dévouées : les serviteurs de l’aile du seigneur. Et enfin, l’un d’entre eux avoua avoir vu un samouraï du Dragon avec un kimono taché de sang quitter le couloir du seigneur. Un kami de l’air confirma et nous désigna l’escalier menant à l’étage d’Akachi-san. Puis nous suivîmes une piste de gouttes de sang jusqu’à son couloir, à 6m de sa porte. Il nous fallait fouiller sa chambre, aussi nous demandâmes au capitaine Ujitsuko de nous accompagner.
Rapidement, des taches de sang furent trouvées près du futon et je découvris le kimono taché de sang sous celui-ci. Un carré d’étoffe manquait, concordant parfaitement avec celui trouvé dans la main du seigneur. Le katana fut aussi trouvé, sa lame mal nettoyée d’un sang qui l’avait recouverte jusqu’à la garde. Mais Dozan-kun trouva également quelques poils roux qu’il identifia comme du renard à côté du futon, détruisant nos quasi-certitudes et semant le trouble : Kitsuné Sanaé-san nous avait-elle piégée ?

Hélas, le temps nous manquait et il était déjà midi. Aussi nous fallut-il nous rendre chez le karo, avec toute la réticence que nos doutes sur sa propre identité comportaient. Ce dernier voulait visiblement expédier les choses et nous imposa de trancher : soit Raï-san mourrait, faute de preuve sérieuse le disculpant, soit une autre personne serait désignée comme étant l’assassin par notre enquête et mourrait à sa place. Cette soif de sang et cet empressement étaient dérangeants, mais ils cadraient également avec ce qu’un karo aurait voulu pour que le calme revienne dans la demeure de son seigneur, afin de pouvoir réaliser ses obsèques l’esprit tranquille.
Alors, la mort dans l’âme, Dozan-kun fit la liste des éléments accablant Akachi-san retrouvés dans sa chambre : le kimono taché de sang à la pièce manquante, le katana d’Akachi-san encore poisseux de sang, la piste menant des appartements du seigneur à sa propre chambre.

Nous partîmes pour la grande salle où le jugement devait être rendu, Akachi-san bientôt discrètement cernée par deux bushis du Phénix. Isawa Masahiro-sama annonça l’innocence de Raï-san et accusa publiquement Akachi-san, qui en bafouillant avoua avoir voulu tuer son seigneur, avant de se rétracter en disant n’avoir pas réalisé son envie. Mais le mal était fait, elle serait exécutée demain au lever du soleil, afin qu’Asako-sama puisse être inhumé à midi.
Le moine du Dragon nous adressa un remerciement de la tête, alors que Doji Aiko-san affichait un franc sourire soulagé. Kitsuné-san, elle, avait eu un rictus de satisfaction discret mais bien présent à l’annonce du karo. Mon sang de Scorpion bouillonnait en pensant que nous avions été floués et que le responsable s’en tirait finalement.

Après l’annonce, Ayeka-san alla questionner Isawa Masahiro-sama sur le seigneur et la présence éventuelle d’objet en crystal dans ses quartiers. Ce dernier nous expliqua que le seigneur Asako-sama avait été Inquisiteur dans sa jeunesse et qu’il avait conservé quelques souvenirs de cette vie d’aventure. Un colifichet en crystal pourrait en faire partie, mais sans certitude. Il promit de demander à Kajatsu-sama de se renseigner et de jeter un œil à ses possessions.
Au déjeuner, l’absence d’Himé-sama se fit remarquer, le terme approchant probablement.

Ayeka-san alla ensuite voir Akachi-san dans sa geôle, lui demandant à nouveau si elle voulait laver l’honneur de son nom et de sa famille par un seppuku en bonne et due forme. Bien qu’elle n’eut pas réussi à accepter plus tôt cette proposition faite par le karo, elle accepta cette fois-ci, l’esprit plus serein. Masahiro-sama autorisa lui-aussi le seppuku, à condition d’un aveu franc et public de son crime.
Nous allâmes à nouveau questionner Kitsune Sanaé-san sur la présence de poils de renard dans la chambre d’Akachi-san et sur sa réaction à l’annonce du karo, mais sans succès.

13e jour du Sanglier, au lever du soleil, dans jardins du château, aux pieds du Chêne Pâle. Sur un autel, le wakisashi d’Akachi-san reposait, devant la foule des habitants du kyuden. La courtisane avoua devant tous avoir voulu sa mort, avant d’être autorisée par le karo à planter sa lame dans son ventre. Ayeka-san l’aida alors à en finir, d’un geste maîtrisé par une funeste habitude… Jusqu’au bout, Akachi-san n’avait pas explicitement dit avoir tué son seigneur.

Ayant quelques heures avant la cérémonie de crémation de feu Asako-sama, nous reprîmes notre enquête sur la mort d’Isawa Kitsukawa-san. Ses correspondances avec le forgeron Agasha Ryoku-san méritaient que l’on creuse de ce côté, aussi nous prîmes le chemin de sa forge. Son apprenti nous indiqua l’avoir raté de peu, ce dernier étant parti avec le yojimbo de Kitsukawa-san vers sa demeure pour une commande spéciale de katana… Ayant croisé Reikun-san en partant du château, il nous fallait faire vite ou nous aurions bientôt un mort de plus sur les bras.
Faisant irruption dans la demeure, une scène malsaine s’offrit à nous : un homme vêtu d’un kimono vert au mon Agasha était attaché au sol, ensanglanté, sa jambe brisée dans un angle dérangeant et ses doigts tuméfiés. Derrière lui, son tortionnaire était un bushi Shiba du château.

Dozan-kun se précipita vers lui, tandis que je lui lançai une frappe de Jade, qui toucha sa cible, dissipant tout malentendu sur son état : le bushi était souillé ! Ses yeux rougirent soudain d’une lueur effrayante en avisant le champion de Topaze, mais ce dernier tint bon, poursuivant sa charge. Hélas, il se prit un grand coup de katana, l’ennemi ayant agi avec un tempo ahurissant et Dozan-kun se retrouva au sol, tenant son torse giclant de sang. Ayeka-san s’interposa en évitant l’attaque du bushi pour répliquer, suivi de Kyoshi-san et de son nodachi. Je me précipitai vers Dozan-kun pour le stabiliser d’une Voie vers la Paix Intérieure, alors que le tsukai-sagasu encaissait à son tour, non pas une, mais deux lourdes attaques. Ayeka-san vengea son camarade d’un ni-toryu qui coupa la main d’armes du bushi corrompu, avant que Kyoshi-san ne l’achève d’un coup en oblique, qui trancha en deux notre adversaire dans une pluie de sang noir. Le Crabe bénéficia à son tour de mes soins magiques, avant que je ne m’occupe de Ryoku-san, le ramenant à la conscience.

Il nous expliqua que l’ennemi s’était fait passer pour Reikun-san pour l’attirer ici, l’immobiliser et le questionner sur Kitsukawa-san et leurs correspondances. Le forgeron nous avoua que ces courriers s’étaient faits plus fréquents ces 6 derniers mois et qu’il avait vu le shugenja pour la dernière fois 3 semaines auparavant, avant de partir lui-même en voyage deux semaines pour s’approvisionner en acier.
Les échanges abordaient divers sujets plus ou moins pointus, comme la présence des éléments primordiaux dans la matière, mais je compris que le texte renfermait des clés et un code que je parvins difficilement à déchiffrer : Kitsukawa-san supervisait les arrivages de thé au pétale de jade et avait remarqué des disparitions dans les registres quand un certain Shiba Isori s’occupait de la réception. Le shugenja avait déduit de ses réponses qu’il en détournait une partie au profit d’Isawa Masahiro-sama. Cette fois, plus de doute, le karo était bien un démon qui corrompait petit à petit le Château du Chêne Pâle.

Deux messages codés supplémentaires indiquaient que Kitsukawa-san comptait sur notre arrivaée en s’en réjouissant et qu’il avait détecté de la souillure dans les jardins du château. Et dire que ces jardins avaient vu la crémation d’Akiko-sama, la mort d’Akachi-san et bientôt la crémation du seigneur Shizu-sama ! Sans parler du bébé à venir, que les Phénix voulaient voir naître dans les jardins en signe de paix ! Il nous fallait agir vite. Agasha Satsiko-san arriva enfin à notre demande pour nous soigner et nous libérer de la garde de Ryoku-san : nous avions un pennagolan à occire !!!
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Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier Empty Re: Sur la voie du Samuraï - Chapitre premier

Message  Babanek 14/11/19, 12:31 am

A peine soignés nous fallait-il déjà retourner au château : ce contretemps mortel allait nous faire rater la crémation d'Asako-sama ! J'attrapais le premier eta venu et lui ordonnai de se rendre chez Kitsukawa-san pour y prendre précautionneusement possession du cadavre souillé y reposant pour l'amener au kyuden. Nous fûmes sur place un peu avant la cérémonie, aussi Dozan-kun et Ayeka-san purent aller se changer et se refaire une beauté. Ses vêtements déchirés et tachés de sang noir et rouge auraient sûrement reçu un mauvais accueil...
J'accompagnai Kyoshi-san, sui mit à profit les quelques minutes restantes pour vérifier la déclaration écrite du shugenja disparu, à savoir l'état de souillure des jardins. Mais il était formel : les jardins autour du Chêne et où avaient lieu les cérémonies étaient purs. Kitsukawa-san se serait-il trompé ? Peu probable. A moins que nous ne cherchions pas au bon endroit... les jardins étaient vastes. Peut-être plus loin, au Jardin des Ancêtres, directement là où devait naître l'héritier ?

Mais nous n'eûmes pas le temps de nous y mettre : Kajatsu-sama et son karo venaient d'apparaître et tout le monde était prêt, à l'exception d'Himé-sama, probablement en plein travail.
Après les paroles rituelles performées par le daimyo et son shugenja en chef, Kajatsu-sama entama une longue méditation sur la vie de son père, imité par toute l'assemblée. Les minutes puis les heures passèrent et j'avais fini par épuiser mes souvenirs et mes prières pour le seigneur Asako, commençant fermement à m'ennuyer, tout shugenja que j'étais. Mais loin de moi la maladresse de le laisser paraître, je profitai de l'occasion pour ressasser tous les éléments que nous avions contre le karo, bien caché derrière mon masque.

Le repas fut ensuite dressé sous forme de buffet et je cherchai le capitaine Ujitsuko quand elle vint elle-même nous trouver : un éta était venu se présenter avec un cadavre, envoyé par nous, et Reikun-san l'avait fait déposer dans une batisse en retrait à l'extérieur du kyuden. Il fut alors identifié comme Shiba Isori, le complice du karo dans le détournement du thé aux pétales de jade. Le capitaine confirma qu'il était l'un des trois déserteurs et nous confia le nom des deux autres : Shiba Biesaru et Shiba Yogansen.
Nous avions bouclé la boucle : il nous fallait à présent prévenir Kajatsu-sama des agissements de son karo. Nous dûmes annoncer à Ujitsuko-san le risque que le karo soit impliqué dans une affaire de maho avec ce bushi souillé pour qu'une entrevue nous soit accordée plus tard dans l'après-midi avec son seigneur.

Ayant enfin un peu de temps, nous méditâmes pour retrouver quelques ressources de Vide, prévoyant une fin de journée riche en action.
Ijatsu-san, qui ne s'était levé qu'au moment de la cérémonie, les yeux collants et l'haleine délétère, en profita pour aller vers le Jardin des Ancêtres. Et comme d'habitude, la gueule-de-bois s'éclipsa pas son talent d'enquêteur : il finit par trouver un petit bosquet au centre duquel trônait un arbre étrange, distordu, d'où coulait une sève noire et nauséabonde. Au pied de l'arbre, sous le manteau de feuilles, la terre était gorgée de sang, chose que le Kitsuki découvrit à ses dépens et à ceux de son kimono déjà mal en point. Il balisa une large zone s'étendant autour de l'arbre où la terre était humide de sang, avant de venir nous trouver. Notre exorciste Kuni fit usage de ses talents et de ses connaissances pour conclure que le sang était souillé et qu'il avait probablement été apporté là en vue d'un complexe rituel de maho, souillant gravement le jardin de sa corruption.

Enfin un heimin vint nous chercher pour nous conduire à son seigneur. Ce dernier était visiblement ennuyé d'être ici, ayant probablement d'autres choses à faire et peu de coeur à nous écouter. Il lut en diagonale les échanges entre Kitsukawa-san et Ryoku-san, tiquant à peine sur l'implication de son karo dans le détournement du thé aux pétales de jade à l'aide d'un bushi souillé. Il réagit plus positivement à notre découvert de souillure dans le jardin des ancêtres, risquant de corrompre l'âme de son fils à naître et nous remercia de notre sollicitude.
Il ferait déplacer le lieu de l'accouchement au Palais de l'Eloquence et nous invita à poursuivre notre enquête sur le karo. Le capitaine Ujitsuko serait informé que nous lui rendions directement des comptes sur ce sujet.

Vint le diner du soir et il était bien entamé quand Ijatsu-san et moi-même remarquâmes une certaine agitation chez les serviteurs alentour. Ils nous confièrent que l'accouchement aurait lieu d'ici quelques minutes et qu'ils s'installaient pour recevoir dame Himé. Après avoir mis nos compagnons yorikis dans la confidence, nous allâmes d'un pas empressé vers le Palais de l'Eloquence... pour n'y trouver personne ! Cela ne pouvait dire qu'une chose : l'accouchement avait lieu au jardin des ancêtres et Kajatsu-sama faisait partie du complot maléfique ! A moins que le karo ne l'ait abusé.

Au pas de course, nous fîmes demi-tour vers le Jardin des Ancêtres, coupant au plus court à travers les jardins. A l'approche d'un passage bordée par d'épaisses haies, Ijatsu-san nous intima de nous arrêter d'un geste : on nous tendait une embuscade ! J'enchantai son wakizashi d'une prière de Lame Acérée, alors que deux bushis Shiba sortaient des buissons, lames au clair, en position de combat.
Dozan-kun se plaça devant l'un d'eux, prêt a se battre, imité par Kyoshi-san devant son camarade. Pour ma part, j'entamai les hostilités en invoquant la colère d'Osana-Wo sur l'un d'eux, le faisant chanceler sous un coup de tonerre. Ayeka-san dépassa ses camarades et attaqua un bushi, parant les contre-attaques du Phénix. Le second attaqua notre Champion de Topaze, qui le gratifia d'une estafilade avant de se faire lacérer d'une magistrale botte au katana. Voilà qui s'annonçait mal, surtout si ces deux bushis là étaient bel et bien souillés.

C'est alors que l'effroi nous saisit : entre les épaules des deux bushis, deux mains se tendirent, surplombées par le visage fou de Masahiro Isawa. Le shugenja invoqua une trombe d'air tournoyant sous forme de couteaux acérés, déchiquetant nos bras et nos torses en une sensation hélas déjà connue. Je pris mes distances pour sortir de la zone d'effet du sort et répliquai en ciblant le karo d'une fureur d'Osana-Wo. Mais la foudre qui lui tomba dessus l'évita pour venir mourir dans le sol à ses pieds : ses kamis le protégeaient à chaque instant.
Ayeka-san endura deux coups de sabre avant de gonfler ses poumons pour noyer nos ennemis dans son feu purificateur... mais elle ne parvint hélas qu'à ne souffler de petites flammèches, peu dangereuses pour nos opposants. Dozan-kun toucha encore, avant de subir une violente attaque en deux temps qui l'ouvrit du ventre jusqu'à l'épaule, avant qu'il ne chute, inerte. Nous revivions la scène de ce matin, notre plus fin bretteur gisant dans son sang bien trop tôt dans le combat. A nouveau, Kyoshi-san le vengeur enragea et fit subir le même sort au bushi Shiba, avant d’enchaîner sur le second guerrier.
Isawa Masahiro bascula sur l'élément feu pour nous brûler grièvement d'un Feu Intérieur, désirant probablement nous faire l'étalage de ses sorts pour nous détruire. J'optai pour la même logique : ayant vu que sa demeure était protégée par des kamis de l'air, du vent et du feu, peut-être la terre viendrait-elle à bout de lui. Mais devant mes yeux incrédules, ma frappe de Jade passa au travers de son corps, comme s'il n'était pas du tout souillé. Ainsi, la créature dans un hôte ne laissait transparaître absolument aucun aspect de sa nature. Les bras m'en tombaient et j'envisageai de me concentrer sur les soins à apporter à Dozan-kun. Ayeka-san plaça un coup ravageur qui eut raison du second bushi, avant de poursuivre sur le shugenja possédé. Ijatsu-san tenta sa chance, mais ce fut à nouveau Kyoshi-san qui coupa en deux notre adversaire, laissant les jambes et le torse tomber séparément.

La peau du visage commença alors à se désagréger et le vrai visage du pennagolan apparut : des yeux rougeoyants et des dents pointues au milieu d'une face boursouflée, affichant une haine farouche synonyme de mort. Elle quitta le corps sans vie pour flotter dans les airs, un chapelet d'organes rattachés à la suite du cou s'agitant comme des tentacules. Ijatsu-san n'y tint plus et vint se réfugier derrière moi, en proie à une terreur qui lui faisait perdre ses moyens. Galvanisé par le fait qu'un de mes camarades yorikis me considère comme un bouclier fiable, je lançai une nouvelle Frappe de Jade, qui fit mouche cette fois. Terminée, la protection des morts.
Le monstre s'élança vers Kyoshi-san et enroula ses entrailles autour du coup de ce dernier, tentant de lui dévisser la tête pour en prendre la place, tout en essayant de forcer les orifices du visage du Crabe. Le tsukai-sagasu tint bon, frappant l'ennemi de son nodachi sans peur pour son propre visage. Il fallut une nouvelle salve de jade, une frappe de la Dragonne qui coupa le chignon de Kyoshi-san en même temps que le pennagolan et un magistral coup de boule contre son propre nodachi pour que le démon relache enfin son étreinte et tombe, arrachant la peau du cou du moine Crabe au passage.

Je lançai une Voie vers la Paix intérieure pour commencer de soigner mes compagnons quand la voix de Kajatsu-sama retentit, appelant à la garde, plus loin vers le Jardin des Ancêtres. Prenant Ayeka-san et Ijatsu-san de vitesse, j'arrivai devant une scène plus horrible encore que celle que je laissai derrière moi : au milieu du bosquet souillé, Asako Himé-sama était allongée, inconsciente, soutenue par Kajatsu-sama qui la tirait pour la soustraire à une masse de sang, qui jaillissant du sol, s'était coagulé autour des jambes de la mère en train d'accoucher. La masse rouge sombre remontait le long de son ventre, émettant un bruit de succion abominable.
Je dégainai mon katana pour trancher le tentacule de sang et réussis, mais ce dernier se reforma instantanément. Ne sachant plus quoi faire d'autre, je sortis mon amulette de Fukurokujin en crystal et l'appliquai directement sur l'entité sanglante. La douleur explosa dans ma tête sous forme de cris d'enfants abominables et me laissa inconscient, aux portes de la mort. Nous dûmes la victoire au katana de jade d'Ayeka-san, qui parvint à trancher le tentacule de sang de manière définitive mais essuya tout de même une attaque similaire à la mienne.

Les pleurs de l'enfant résonnèrent dans le froid de l'hiver, réveillant sa mère, tandis que la Dragonne me tirait hors du sol gorgé de sang, qui avait heureusement perdu sa consistance malsaine. L'accouchement avait finalement eu lieu au mauvais endroit, malgré tous nos efforts.

Je repris conscience deux jours plus tard aux côtés de Dozan-kun, lui aussi alité. Nos corps avaient été lavés et purifiés, mais nous eûmes recours à de nouvelles ablutions et à une méditation profonde avant d'aller rejoindre le seigneur et nos camarades.
Kajatsu-sama avait repris conscience dans ses appartements, ne ses souvenant plus de la soirée, avant d'aller courir au Jardin des Ancêtres sur un mauvais pressentiment. Himé-sama n'avait également aucun souvenir de la lutte sanglante ni de l'accouchement et tenait farouchement Asako Maburi, Parangon de la Paix, contre son sein.
Nous fîmes un rapport complet de notre enquête sur les morts décapités, incluant l'aide précieuse et posthume d'Isawa Kitsukawa-san, pour mener à l'identification du pennagolan. Nous retraçâmes le voyage du démon, venu en terres Phénix il y a un an dans la peau d'Hida Tetkin, avant de prendre possession d'Isawa Masahiro. Nos batailles d'hier furent contées, ainsi que notre lutte dans le Jardin des Ancêtres. La conclusion de notre spécialiste de l'Outreterre fut que le pennagolan était lié à un oni et que le parasite avait mis en place un rituel de maho afin d'invoquer son maître à travers le nouveau-né.

Le seigneur Asako demanda à Kyoshi-san de sonder son fils et se trouva rassuré : ce dernier ne semblait pas souillé du tout. Notre tsukai-sagasu poursuivit en demandant à Himé-sama de se soumettre à la même inspection, avec un résultat différent : la pauvre avait été souillée, bien que légèrement, sans conséquences immédiates. Je demandai aussi au Crabe se sonder mon âme et fut soulagé d'apprendre que j'étais encore une âme pure. Des exorcistes Asako seraient convoqués pour purifier le Jardin et surveiller l'état d'Himé-sama. Nous fûmes remerciés pour notre aide providentielle et reçûmes une invitation permanente à venir séjourner au Château du Chêne Pâle.

Je demandai au seigneur l'autorisation de fouiller les appartements du karo, espérant y trouver le daisho perdu d'Hida Tetkin-san et fut récompensé de mes efforts : Hida Fuya-san pourrait rapporter les armes de son frère dans sa famille pour que son âme trouve enfin le repos.
Je pu également m'entretenir avec les kamis de l'air liés à Kitsukawa-san et présents chez lui et dans ses appartements du kyuden, pour leur apprendre que la mort de leur ami avait été vengée et que ses assassins n'étaient plus. Ces kamis étaient enfin libres et je les accompagnai de mes prières.

Plus tard dans la journée, Kajatsu-sama nous apprit qu'Ikoma Bentijo-san avait demandé au seigneur l'autorisation d'un duel contre notre Kitsuki. Visiblement, certains étaient complètement obtus et aveugles à ce qui se passait autour d'eux, préférant ressasser leur amertume mal placée plutôt que d'aider les citoyens de Rokugan à lutter contre les forces du mal. Après une réflexion sur le meilleur moyen de blesser le stupide Lionceau sans que le sang ne soit versé, il préféra refuser. Si le Lion gagnait, Ijatsu-san devrait avouer s'être trompé alors que si Bentijo-san était vaincu, il se ferait probablement seppuku, en bon Ikoma qu'il était. Cela n'aurait pas été une grande perte selon moi mais mon compagnon yoriki préféra préserver sa vie.

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